Faranah : un enseignant condamné pour avoir incité des jeunes à s’attaquer à un journaliste

Le procès opposant Facely Kalman Keïta, correspondant du site d’informations Guineenews à Faranah, à l’enseignant David Lancéi Condé, a pris fin hier, mercredi 17 juin 2020. L’enseignant a été reconnu coupable d’avoir mis en danger le journaliste en incitant un groupe de jeunes à s’attaquer à lui. Il a écopé d’une peine d’un an d’emprisonnement assortie de sursis, rapporte le correspondant de Guineematin.com à Faranah.

Cette affaire remonte au mardi, 26 mai 2020. Ce jour-là, Facely Kalman Keïta était parti couvrir une manifestation contre les délestages électriques qui était en cours au secteur Mômô, relevant du quartier Tonkolonko 2, dans la commune urbaine de Faranah. Alors qu’il se dirigeait vers un groupe de manifestants, David Lancéi Condé s’est adressé à lui en ces termes : « où vas-tu ? On n’a pas besoin des journalistes ici. Vous êtes des escrocs ». Le journaliste a immédiatement rebroussé chemin. Mais, l’enseignant a demandé aux manifestants de l’attraper. Plusieurs jeunes ont pourchassé notre confrère, mais ce dernier a réussi à se sauver.

Il s’est rendu directement au tribunal de première instance de Faranah pour porter plainte contre monsieur qu’il avait reconnu comme étant celui a incité les manifestants à s’attaquer à lui. Lors de sa première comparution, le prévenu avait nié les faits, assurant qu’il n’était même pas sur les lieux de la manifestation. Mais après la comparution des témoins, il a fini par reconnaître ce qui lui est reproché. Et le tribunal l’a condamné à un an d’emprisonnement assorti de sursis. Une décision qui réjouit le journaliste Facély Kalman Keïta.

Facely Kalman Keita

« Je suis très satisfait de la décision de la justice guinéenne à travers le TPI de Faranah, car ce procès a été un enseignement pour les populations de cette ville. Je profite de cette occasion pour remercier tous ceux qui de près ou de loin ont été solidaires de moi. Ensuite, Dieu soit loué que je sois sorti sain et sauf, c’est-à-dire indemne de ce traquenard. Le journaliste est certes à la quête quotidienne et acharnée de l’information, mais il doit aussi être accompagné du bon flaire, d’une bonne dose de bons sens comme je l’ai fait face à cette menace », a réagi le plaignant.

Issoufou Fofana, substitut du procureur au près du TPI de Faranah

Issoufou Fofana, substitut du procureur au près du TPI de Faranah, a également salué cette décision du tribunal. « On se réjouit du fait que le tribunal l’a reconnu coupable des faits qui lui sont reprochés, il a été donc condamné à un an de prison assorti de sursis. Monsieur Keïta n’avait pas donné de prétentions civiles au juge, donc il ne s’est pas prononcé sur ça… Il faut que les gens comprennent que les journalistes ne sont pas là contre quelqu’un, ils sont là pour couvrir les événements, les traiter, ensuite informer la population.

Je crois que ce jour-là, la presse voulait faire entendre le cri de cœur de la population, ce n’était pas pour exposer quelqu’un à des poursuites judiciaires. Si on manifeste ici et Conakry n’est pas informé, c’est qu’on a manifesté pour rien. Et c’est par le biais de la presse dans sa diversité que les gens pourront comprendre et la personne ciblée pourra bien comprendre le message que la population a voulu faire passer à travers sa manifestation pacifique », a souligné le représentant du ministère public à ce procès.

De Faranah, Bangoura Mamadouba pour Guineematin.com

Tel : 00224620241513/660272707

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