Fassou Goumou révèle : « on m’a accusé d’avoir fait un sacrifice humain pour Cellou Dalein »

Au lendemain de son retour à N’Zérékoré, Fassou Goumou a accordé un entretien au correspondant de Guineematin.com dans la préfecture. Ce dissident du RPG Arc-en-ciel, opposé au projet de nouvelle Constitution du président Alpha Condé, est revenu sur son interpellation suite à un cas de suicide qui s’est produit à son domicile, et toute la procédure qui a suivi jusqu’à sa libération à Conakry. L’opérateur économique a révélé notamment qu’il a été accusé d’avoir fait un sacrifice pour Cellou Dalein Diallo, le chef de file de l’opposition guinéenne.

Interpellation à N’Zérékoré, audition et remise en liberté à Conakry

« Après le suicide de mon ex-employé, les services de sécurité m’ont dit de me mettre à la disposition du commissariat central de N’Zérékoré pour des fins d’enquête. Je suis parti au commissariat, j’ai expliqué ce qui s’est passé, puis je suis rentré à la maison. Mais dans la même nuit, à 3 heures du matin, des agents de la police ont débarqué chez moi. Ils ont braqué leurs armes sur moi et m’ont intimé de les suivre, en disant que c’est le commissaire qui les envoyés. Quand on est sortis de la maison, ils m’ont embarqué dans leur véhicule et ont bougé.

Lorsqu’on sortait de la ville, le gouverneur de N’Zérékoré a appelé un des agents au téléphone, il a dit : où êtes-vous ? L’agent a répondu qu’on sort de la ville. Je lui ai demandé de me laisser parler avec le gouverneur, il a refusé. J’ai sollicité aussi qu’on me permette d’échanger avec un membre de ma famille, ils (les policiers) ont refusé. C’est le matin que j’ai compris que j’étais avec le commissaire central de N’Zérékoré. Quand on est arrivés à Conakry, ils m’ont envoyé d’abord dans un commissariat où je suis resté pendant un moment, avant d’être transféré à la DPJ (Direction centrale de la Police Judiciaire).

Aux environs de 18 heures, ils m’ont pris pour m’envoyer dans une villa, où il y avait de nombreuses personnes encagoulées. Ils m’ont fait porter aussi une cagoule pour ne pas que j’observe ce qui se passait sur les lieux. Peu de temps après, ils m’ont fait sortir de là pour m’embarquer dans un véhicule non immatriculé. On m’a emmené dans un autre endroit où j’ai passé la nuit. Le lendemain, j’ai été conduit à nouveau à la DPJ pour une audition. Un officier de la police judiciaire m’a dit qu’ils ont appris que j’ai fait un sacrifice humain pour être député de N’Zérékoré. J’ai demandé si c’est pour la députation de 2020 ou bien celle de 2025, ils ont dit qu’ils ne le savent pas mais que l’information vient de N’Zérékoré.

Je leur ai dit de vérifier alors pour voir si mon nom figure sur une liste de candidature pour les élections législatives de 2020. Ils ont fait mon procès-verbal et m’ont dit que je vais passer la nuit là-bas. Il semble qu’ils ont déposé le PV dans la même nuit chez le président de la République, et que ce dernier leur a dit de me libérer immédiatement et de faire attention parce que les journalistes et les avocats suivent mon dossier de près. Le lendemain, ils ont dit qu’aucune charge n’a été retenue contre moi et m’ont remis en liberté », a-t-il raconté.

Tête-à-tête avec le président Alpha Condé

« Après ma libération, le chef de l’Etat, par le canal de certaines personnes, m’a convié à une rencontre avec lui. Au début, je n’ai pas voulu répondre à l’invitation. Mais comme je ne savais pas pourquoi il m’a appelé, je suis allé finalement le rencontrer. Le président m’a dit qu’il a appris que j’ai fait un sacrifice humain à mon domicile et que je suis allé faire la même chose à Kpaghalaye, en compagnie de Cécé Loua, au nom de Cellou Dalein Diallo. Je lui ai dit : monsieur le président, comment est-ce que je peux aller faire un sacrifice pour Cellou Dalein avec Cécé Loua, qui est le coordinateur régional de l’UFR à N’Zérékoré ?

Ceux qui vous ont dit ça devraient dire au moins qu’on l’a fait pour Sidya Touré, parce que Cécé Loua est le représentant de l’UFR à N’Zérékoré. Si je devais faire un sacrifice pour Cellou Dalein, c’est avec le représentant de l’UFDG que je l’aurais fait. Le président a dit que ce sont mes parents de N’Zérékoré qui l’ont dit. C’est là qu’il (Alpha Condé, ndlr) m’a informé que c’est lui qui a ordonné ma libération parce qu’il a compris que je n’ai rien fait », a révélé Fassou Goumou.

Cet ancien conseiller communal à la mairie de N’Zérékoré souligne que cette arrestation ne va nullement l’intimider. Il annonce qu’il va poursuivre, aux côtés du FNDC, la lutte contre le projet de nouvelle Constitution qui donnerait au président Alpha Condé la possibilité de briguer un troisième mandat.

De N’Zérékoré, Foromo Gbouo Lamah pour Guineematin.com

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