Fiscalité et coûts des facteurs : les contraintes du secteur privé en débat au parlement

Depuis le 19 novembre 2019, le projet de loi de finances initiale 2020 est en cours d’examen dans les commissions de l’Assemblée nationale. Le mardi, 26 novembre, les parlementaires ont reçu en inter-commissions les responsables des impôts, de la douane et des représentants du secteur privé (les banquiers et les industriels) pour discuter des nouvelles dispositions contenues dans le projet de budget de l’Etat pour l’exercice 2020 par rapport au tarif extérieur commun et la zone économique continentale.

Au micro de Guineematin.com, le président de la commission économie, finance, plan et coopération du parlement, l’honorable Michel Kamano, est revenu sur les grandes lignes qui ont caractérisé le débat. « Nous venons d’une réunion avec le secteur privé d’un côté et de l’autre les représentants du gouvernement, notamment le ministère du budget. Vous savez que le pays a négocié un programme avec le FMI et la Banque mondiale », a noté le député.

Ce programme, dit-il, porte sur des équilibres macroéconomiques et pour lequel le gouvernement s’est engagé à mobiliser un certain volume de recettes publiques pour financer des dépenses publiques prioritaires, de façon à maintenir les objectifs de croissance économique qu’il s’est donné à travers le Plan National de Développement Economique et Social (PNDES).

Michel Kamano

Par rapport à ce programme, poursuit l’honorable Michel Kamano, « le secteur privé a exprimé des préoccupations lors du débat d’orientation budgétaire en disant que nous accompagnons les engagements du gouvernement en termes de réalisation des objectifs de développement, mais nous avons des contraintes. Des contraintes liées en termes de fiscalité, de coûts des facteurs, les problèmes d’approvisionnement en eau, en électricité, de routes, …

Pour solutionner ces problèmes, le parlement a proposé des échanges entre les différentes parties, indique le président de la commission économique et financière de l’Assemblée nationale.

« C’est pour cette raison que nous avons reçu ce mardi le gouvernement et le secteur industriel et bancaire. Puisque l’industrie, c’est elle qui emploie et paie les taxes. En termes de santé économique, c’est la création de nouvelles industries qui permet de mesurer les progrès économiques dans un pays… Ce qui n’est pas le cas chez nous actuellement. Les Banques elles, irriguent l’économie. Les banques sont ce qu’est le sang pour l’organisme… Déjà il y a l’application du tarif extérieur commun au sein de la CEDEAO et puis la zone économique continentale au niveau africain. Toutes ces données nous engagent à nous préparer pour rendre efficace et compétitive notre économie ».

Parmi les mesures à prendre, cet économiste et parlementaire propose la détaxation des matières premières, sinon tout au moins la réduction des taxes de moitié. « Aujourd’hui, il y a une certaine harmonisation de certaines taxes et de certains impôts. Si ailleurs l’importation des matières n’est pas imposée, la taxe sur ces matières premières est de 0%, 3% ou 4%, la Guinée doit s’inscrire dans une logique d’attractivité pour ne pas imposer les matières premières à 6%. Elle peut redescendre à 3% ou voire même à 0 % de façon à avoir une économie compétitive et dynamique. Ce sont des mesures propres à chaque pays ».

En tout cas, avertit Michel Kamano, faute de prendre de mesures fortes et maintenant, la Guinée risque d’être envahie par les produits des autres pays de la sous-région, voire d’ailleurs. « Nous en avons débattu depuis l’année dernière. Il y a des recommandations faites par le parlement. Et du côté du gouvernement, nous n’avons pas senti un début d’application. Mais l’économie vivant comme un être humain, si demain matin nous ouvrons notre pays, ce sont les produits d’autres pays qui vont nous envahir… »

Et pour éviter de prendre des mesures sans effet, notre interlocuteur annonce que l’Assemblée nationale prévoit cette fois de mettre en place un comité de suivi pour l’application des dispositions sur le terrain.

Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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