Fodé Bangoura à Guineematin : Solano et Cheick Amadou «se sont exclus du PUP» (interview)

Elhadj Fodé Bangoura, président du PUP.jpg1« … quel intérêt le président Alpha Condé a à confier son fils à un parti que les autres disent même qu’il est mort, alors qu’il a un parti qui l’a porté au pouvoir et qui est encore là au pouvoir ? Au lieu de mettre les 13 milliards, les 10 pick-up et les 30 motos au PUP, pourquoi ne pas les mettre dans son parti qui en a besoin aussi ? Pourquoi aussi faire présenter son fils en 2020 par un autre parti ? Nous sommes en Afrique et il y a des exemples : au Togo, au Gabon, en RD Congo, tous ceux-ci président le parti de leur père… Alors, pourquoi, en Guinée, le RPG ne présenterait pas le fils ? Si le père n’en veut pas, pourquoi aller ailleurs ? »…

Elhadj Fodé Bangoura, le président du Parti de l’Unité et du Progrès (PUP), contesté par le camp de Cheick Amadou Camara, a accordé une interview à Guineemati.com, ce lundi 09 mai 2016, pour éclairer la lanterne des uns et des autres sur les bisbilles qui opposent les héritiers politiques du général Lansana Conté.

Comme on le sait, le dernier développement de cette « guerre d’éléphants » de l’ancien parti au pouvoir a été enregistré le samedi dernier, 07 mai 2016, quand la célébration des 24 ans de l’agrément du parti, a tourné à l’affrontement entre partisans de Fodé Bangoura et ceux de Moussa Solano (et de Cheick Amadou Camara) au siège national du PUP, à la Camayenne.

Comment en est-on arrivé là ? Le PUP serait-il vendu au RPG-Arc-en-ciel comme ça se dit actuellement en Guinée ? Que faire pour sortir de l’impasse ?

En attendant la version vidéo de cette interview, Guineematin.com vous propose, ci-dessous, le décryptage intégral :

Guineematin.com : Bonjour monsieur Fodé BangouraMerci de nous accorder cette interview. Aujourd’hui, il y a des problèmes qui minent le PUP. On constate qu’il y a une certaine division  entre les responsables du parti. Qu’est-ce qui se passe réellement ?

Elhadj Fodé Bangoura, président du PUP.jpg1Elhadj Fodé Bangoura : Réellement, il n’y a pas de division entre les responsables du parti. Il y a des gens qui ont perdu et qui sont mal intentionnés, qui créent des troubles au sein du parti. Qu’est-ce qui s’est passé ? C’est que vous tous vous êtes témoins que pendant 5 ans ou plus le PUP était considéré comme un parti mort. Tout le monde disait que le PUP est mort, il n’existe pas, et pourtant il y avait un responsable à la tête. Ce responsable n’est autre que Moussa Solano. Mais pour le respect des textes, on a attendu que son mandat finisse. Son mandat est terminé, il a été incapable d’organiser des élections. Les militantes et militants du parti ont voulu que ça cesse. Les textes prévoient que, quand il y a une  situation de ce genre, qu’on mette en place un comité. Maintenant, ils ont mis un comité ad hoc qui avait pour mandat d’organiser les élections. Tous les responsables à la base ont accepté le comité ad hoc, en organisant les congrès fédéraux, régionaux, et ont convoqué le congrès national les 30 et 31 juillet à Taddy Club. Il y a eu des élections, comme on a l’habitude de le faire au parti, on a procédé aux élections par région. Et, quand on a fini, j’étais le vainqueur. Il n’y avait que deux candidats. Cheik  Amadou Camara et moi.  Et le comité a dit que la candidature est personnelle, et c’est sur une demande manuscrite qui ne sera pas déposée par quelqu’un d’autre, mais par toi-même. J’ai déposé ma candidature manuscrite, et lui aussi, il a fait autant. Donc, j’étais sorti gagnant des élections, il a été mauvais perdant. Il n’a pas voulu accepter les résultats, ils ont commencé à créer des troubles. Mais, avec ça, nous on ne s’est pas arrêté. Nous avons déroulé notre programme, et le parti a commencé à survivre. En six mois, nous avons parcouru tout le pays. A ce jour, j’ai terminé 32 préfectures sur 33 et les 5 communes de Conakry. On a voulu clôturer le samedi cette tournée par une grandiose manifestation qui consacre la renaissance du PUP. Les militants et militantes de Conakry ont dit qu’ils vont se mobiliser au siège pour chanter, danser et magnifier notre leader pour dire aux gens : le parti qu’on pensait mort est bien vivant et il est relancé.

Moussa Solano et Cheik Camara ont profité de cette occasion pour venir avant les militants rentrer ici, commencer à semer des troubles. Ils ont blessé des jeunes innocents qui étaient venus pour la fête. Des gens qui ont été drogués ont lancé des cailloux partout. Mais, cela ne nous a pas empêché de continuer notre fête qui s’est d’ailleurs passée dans des bonnes conditions parce que l’objectif était atteint.

Guineematin.com : Vous venez de dire que monsieur Camara était consentant du comité ad hoc qui a été mis en place. Maintenant, comment expliquez-vous que les gens vous en veulent par rapport à la gestion de ce parti ?

Fodé Bangoura : Bon ! C’est eux qui savent pourquoi. Pour moi, Cheik  Amadou Camara est un mauvais perdant. Mais, pour Solano, je ne comprends pas. Son mandat est terminé. Il a quitté ici en  mars 2015, il est revenu au mois de mai 2016. Tu ne peux pas prétendre réclamer quelque chose que tu as abandonné. Un an, tu ne viens pas au siège et venir dire que c’est moi le président, alors que ton mandat est déjà fini. C’est un trouble fête. Deuxièmement, il m’en veut parce que ce que j’ai pu faire en six mois, en 5 ans il n’a pas pu le faire. Cinq ans, tout le monde disait que le PUP est mort. Celui qui a laissé le parti mourir. Cinq ans, il y a eu des élections législatives, il était tête de liste, il a été incapable de battre campagne, il n’est pas sorti du siège, il n’a rien fait. Les partis nés hier ont eu au moins un député, le PUP n’a pas eu un député à son mandat. Maintenant, aujourd’hui, si vous venez ici, c’est que le parti vit. Il  a été incapable, et là, l’intérieur du pays m’a prouvé réellement qu’il a été incapable.

Guineematin.com : justement par rapport à cette relance du parti que vous avez eu à faire pendant six mois, les gens vous accusent d’avoir reçu de l’argent de la part du pouvoir ? Que répondez- vous à ces accusations ?  

Fodé Bangoura : Je veux que les gens soient sérieux. Treize milliards ? Ce n’est pas la lire italienne, c’est le franc guinéen. Dix pick-up. Maintenant, j’ai vu récemment sur votre site qu’ils ont ramené à quatre. Ils avaient dit au départ 30 motos, ils sont montés à 60, le chiffre même n’est pas exact. Comment quelqu’un peut vous donner autant de milliards clandestinement. Et, vous venez devant les micros dire que vous n’avez rien reçu, vous n’avez pas vendu votre parti sans qu’il ne réagisse. Ensuite, quel intérêt le président Alpha Condé a à confier son fils à un parti que les autres disent même qu’il est mort, alors qu’il a un parti qui l’a porté au pouvoir et qui est encore là au pouvoir ? Au lieu de mettre les 13 milliards, les 10 pick-up et les 30 motos au PUP, pourquoi ne pas les mettre dans son parti qui en a besoin aussi ? Pourquoi aussi faire présenter son fils en 2020 par un autre parti ? Nous sommes en Afrique et il y a des exemples : au Togo, au Gabon, en RD Congo, tous ceux-ci président le parti de leur père.  Alors, pourquoi en Guinée, le RPG ne présenterait pas le fils ? Si le père n’en veut pas pourquoi aller ailleurs ? Mais, il faut connaître la Guinée. C’est un pays de rumeurs. Chacun dit ce qu’il pense.  Mais, ils oublient que pour qu’il y ait un acheteur, c’est qu’il y a un vendeur. Nous, on n’a demandé à personne de venir acheter notre parti. Personne aussi n’est venu se présenter à nous pour dire  « je veux votre parti ». Nous, notre parti n’est pas à vendre et il ne sera pas vendu.

Guineematin.com : Et si on vous  proposait ce deal ?

Fodé Bangoura : Personne ne va nous proposer cela. Parce que nous ne sommes même pas dans ce deal. Et que personne n’est venu vers nous. Personne n’est venu  vers nous, ça je vous le dit. Ça, il n’y en a pas. Le chef de l’Etat est couvert par des offenses. Il peut le faire interpeller par le procureur pour qu’ils donnent les preuves de ce qu’ils disent. Parce que moi à ce que je sache, je ne donnerai pas à quelqu’un même 10 millions sans un papier à plus forte raison 13 milliards sans rien, sans signer et que personne ne voit les traces.

Guineematin.com : nous avons reçu le jeune frondeur du RPG Arc-en-ciel, Sidiki Camara qui nous a expliqué un peu la situation du parti qui prévaut à Siguiri

Fodé Bangoura : Je ne le prends pas pour quelqu’un de saint. J’ai lu sur votre site. Pour moi, il n’est pas saint d’esprit. Il ment et il raconte des histoires de Siguiri. Il écrit dans un journal que je suis allé à Siguiri, accompagné de dix pick-up flambant neufs. Je suis allé dans deux véhicules Land Cruisers bleu et blanc. Il raconte des histoires.

Guineematin.com : Revenons un peu sur l’événement qui s’est produit à votre siège avant-hier, samedi. Il y a eu certains de vos proches qui sont blessés. Est-ce que vous avez pris une décision pour saisir au moins la justice par rapport à ça ?

Fodé Bangoura : Nous prendrons une décision. On ne laissera pas comme ça. On ne peut pas blesser des innocents qui sont venus pour une fête et que ça se passe comme ça. Nous sommes dans un Etat de droit ! S’ils se sentaient lésés quelque part,  ils sont des cadres qui savent ce qu’ils doivent faire, il y a des voies de recours. Pourquoi ne pas aller vers ces voies de recours que d’aller louer des gens pour venir blesser des innocents ?

Guineematin.com : Est-ce qu’on peut s’attendre un jour à voir assis, autour de  la même table, Moussa Solano, Cheik Amadou Camara et vous pour discuter ensemble des problèmes  de ce parti ?

Ce sont eux même qui se sont exclus. Solano était là, j’étais membre du bureau politique. Et, je ne suis pas un arrivé aujourd’hui de ce parti ; quand on le créait, j’étais déjà bénéficiaire d’un décret. J’étais chef de cabinet, j’ai assuré la logistique et j’ai envoyé beaucoup de moyens dans ce parti durant mon parcours. La seule chose que je regrette est que des cadres qui ont agit, qui ont parlé, au nom de la République agissent comme je ne sais les qualifier. Je le regrette.

Guineematin.com : votre mot de la fin ?

Fodé Bangoura : je fais appel à tous les militants qui, hier, étaient des militants chevronnés, et qui pour un  découragement ou pour un abandon, sont restés à la maison ou sont allés dans d’autres formations, je leur demande de revenir dans ce parti pour qu’on l’anime. Le PUP était connu comme une machine électorale, nous voulons qu’il le soit encore.

Interview réalisée par Saidou Hady Diallo et Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

 

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