Fodé Soumah tué lors de la chute du régime Alpha Condé : réaction de sa mère

Sira Bangoura, mère de la victime

Contrairement à ce que croient jusque-là les guinéens dans leur majorité, le coup d’Etat militaire contre Alpha Condé ne s’est pas déroulé sans effusion de sang. Les combats du dimanche, 05 septembre 2021, entre les putschistes (les forces spéciales) et la garde présidentielle ont fait des morts. On ignore encore le nombre exact des personnes qui ont été tuées et leurs identités ; mais, au moins un civil fait partie des victimes fauchées par balles. Fodé Soumah, un civil d’une vingtaine d’années, a reçu une balle au ventre ce jour à Boulbinet (un quartier de la commune de Kaloum). C’était aux environs de 7 heures ; et, sa mère, Sira Bangoura, jure qu’il a été tué à bout portant par un militaire.

Dans un entretien avec Guineematin.com hier, mercredi 08 septembre 2021, cette mère encore inconsolable est revenue sur cette journée qui lui a coûté la vie de son fils.

Sira Bangoura, mère de la victime

« Ce jour, moi j’étais à la maison en train de préparer quand mon fils m’a appelé (son grand frère) pour me dire de ne pas sortir, qu’il y a des tirs à Boulbinet. Du coup, je me suis inquiétée pour mon fils et mes petits fils qui sont à Boulbinet là-bas. J’ai appelé ma petite fille pour lui demander s’ils sont tous à la maison, celle-là m’a dit que Fodé vient de sortir, qu’il est chez son grand. Alors, je lui ai dit d’aller toute suite voir s’il (Fodé) est là-bas et de me revenir. Entretemps, j’étais pris de peur. Donc, qu’il (Fodé Soumah) était assis avec son grand en bas d’un étage. C’est là qu’il a quitté pour aller tout près, dans une boutique. C’est en allant là-bas (à la boutique) qu’un militaire lui a tiré dessus à bout portant. Il est tombé en criant. C’est ainsi que les gens sont sortis pour le prendre. Mais, les militaires ont refusé en faisant les rafales pour empêcher les gens de se regrouper. Ces gens-là ont insisté pour aller le prendre et l’envoyer à l’hôpital, parce qu’il saignait. Arrivée à Ignace Deen, les médecins aussi ont mis du temps avant de s’occuper de lui. Finalement, les médecins ont décidé de l’opérer pour extraire la balle. Mais, à en croire son frère qui était présent, il (Fodé) est mort avant le bloc opératoire. Moi ce n’est qu’à 12 heures que j’ai pu sortir de la maison pour aller le voir à l’hôpital. Arrivée, on m’a dit que je ne peux le voir d’abord. Quelque chose de 30 minutes comme ça, mon mari est venu m’annoncer sa mort. Quand mon mari est venu leur demander le corps pour l’enterrement, les médecins lui ont fait savoir que ce n’est pas possible, que les corps sont au compte des autorités. Donc, le chef de quartier de Boulbinet a appelé mon mari pour qu’il aille à la commune pour dresser le rapport. Jusqu’à présent nous sommes dans cette attente d’avoir le corps de l’enfant, impossible. Mais, il (Fodé Soumah) a été expressément tué, ce n’est pas le fait d’une balle perdue. Parce que ses intestins étaient même sortis nous apprend-on. Nous on s’en remet à Dieu. Tout ce que nous demandons, c’est de nous remettre le corps de mon enfant », a indiqué madame Sira Bangoura.

Encore affligé, Aboubacar Soumah, un grand ami du défunt, se souvient encore des cris de douleur de Fodé Soumah quand il a été atteint par le tir qui lui a finalement coûté la vie. Et, il affirme que celui qui a tiré sur Fodé Soumah était vers la présidence.

Aboubacar Soumah

« J’ai passé la nuit avec le petit. Le matin quand on s’est réveillé,  nous avons fait notre toilette et on a pris le déjeuner ensemble. On est resté assis sous un immeuble en chantier où je fais la garde. En ce moment, les tirs n’avaient pas commencé. Entretemps, il s’est déplacé de quelques 100 mètres seulement. C’est là que les tirs ont commencé à retentir et qu’il (Fodé Soumah) a reçu une balle au ventre. C’était vers les 7 heures. Du coup, il est littéralement tombé en criant « mon ventre, mon ventre ». C’est là qu’on a su qu’il est atteint par une balle. On a tenté à plusieurs reprises de venir à son secours, mais on n’a pas pu. Il y avait même un militaire dans le quartier qui a tenté de le sauver, mais hélas, les tirs étaient trop intenses. Personne n’osait sortir. Quand les tirs ont ralenti, ses amis sont venus le prendre et nous l’avions envoyé à la maison chez ses parents. De là, il a été transporté d’urgence à Ignace Deen sous les tirs. Quelques temps après son arrivée à l’hôpital, les pleures ont retenti chez eux. Je suis venu en courant pour voir qu’est-ce qu’il y a. C’est là qu’on m’a dit que Joe (Fodé Soumah) n’est plus. C’était incroyable. Mais, celui qui a tiré sur lui était vers la présidence. Parce que tous les tirs presque venaient de la présidence. Je regrette son départ aujourd’hui. C’est un petit qui était respectueux et simple de caractère », a expliqué Aboubacar Soumah.

A noter que, selon des sources concordantes, les corps personnes (militaires et civiles) ayant perdu la vie lors du coup d’Etat de dimanche se trouvent à la morgue de l’hôpital national Ignace Deen.

Fodé Soumah

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

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