Front anti 3ème mandat : « préparez-vous au combat parce qu’il va arriver », lance Sidya Touré

Comme annoncé précédemment, le Front National pour la Défense de la Constitution qui était annoncé depuis quelques jours, a été lancé ce mercredi, 03 avril 2019, à Conakry. Composé des principaux acteurs de la société civile guinéenne, des opposants, de certains syndicats et de défenseurs des droits de l’Homme, le mouvement se donne pour objectif, d’empêcher toute forme de modification de la Constitution qui devrait permettre au président Alpha Condé de briguer un troisième mandat en 2020.

Juste après la cérémonie de lancement officiel de ce front, qui a eu lieu au siège de la PCUD, à Kipé Dadya, un reporter de Guineematin.com a recueilli les réactions des leaders de l’opposition guinéenne sur la question. Nous vous livrons ci-dessous ce qu’ils en disent.

Sidya Touré, président de l’UFR : à partir d’aujourd’hui, c’est le point de départ. Tous les Guinéens doivent se mobiliser pour savoir quels sont ceux qui sont opposés à cette possibilité et ceux qui veulent vivre de la sueur et du sang de nos populations, simplement pour des questions de convenance personnelle mais surtout pour des questions d’argent, il faut le dire clairement.

Je dois vous dire, pour ceux qui sont plus jeunes, je me retrouve dans cette salle et je suis vraiment quelque peu peiné. En 2006, nous nous sommes révoltés ici contre le général Conté et nous avons créé les forces vives qui sont un peu ce que nous faisons aujourd’hui. Il nous a laissés, pendant trois jours, discuter au palais du peuple.

Il y avait là Alpha Condé, moi-même, Jean Marie Doré, Bâ Mamadou et j’en passe. Vous voyez un peu ce qu’un militaire était capable de faire ? Est-ce qu’on peut aller faire une telle réunion au palais aujourd’hui ? Conté nous a laissés faire parce qu’il voulait écouter son peuple. Ceux à qui nous avons à faire aujourd’hui n’ont pas d’autres objectifs que personnels. Nous devons nous battre contre cela. Nous n’avons aucune raison de ne pas le faire. Donc, nous disons aux et uns autres : préparez-vous au combat parce qu’il va arriver. Nous empêcherons que notre pays sombre.

Me Abdoul Kabèlè Camara, président du RGD : tous ceux qui tentent d’anesthésier la conscience du peuple de Guinée, peuple de 1958, épris de liberté, de justice, de travail noble, désormais, c’est l’union sacrée de toutes les forces sociales et politiques, tous les fils de Guinée. Nous ne faillirons pas à ce devoir. Hier, un citoyen nous a interpellés, que si nous laissons passer ce coup d’Etat constitutionnel, ils descendront dans la rue contre nous. Alors, à bon entendeur salut ! Nous devons nous donner la main, désormais c’est l’union sacrée contre le 3ème mandat, contre ce coup d’Etat constitutionnel.

Cellou Dalein Diallo, président de l’UFDG : je vais saisir cette opportunité pour lancer un appel à nos compatriotes membres des forces de défense et de sécurité pour qu’ils s’inspirent du comportement de leurs collègues de l’Algérie parce qu’Alpha leur a inculqué le virus de la haine et de la violence. La Guinée n’a pas une autre armée, n’a pas une autre police, une autre gendarmerie que celles que nous avons. Ils risquent d’avoir en face leurs frères, leurs sœurs, leurs compatriotes. Il faut qu’ils aient un comportement républicain.

Le comportement républicain, c’est bien sûr la défense de l’intégrité territoriale, mais aussi la défense de la République. Qui dit défense de la République, c’est la défense de la constitution. Il ne faut pas qu’ils fassent preuve de naïveté en suivant aveuglement monsieur Alpha Condé qui a envie de réprimer tout ce qui se dresse sur son passage dans sa velléité de s’octroyer une présidence à vie.

Au nom de mes collègues et du peuple de Guinée tout entier, nous leur lançons un appel pour qu’ils prennent leurs responsabilités en adoptant une attitude républicaine, respectueuse des droits des citoyens qui ont le droit de manifester. C’est dans la constitution de la République, de s’opposer eux-mêmes avec nous, contre le coup d’Etat constitutionnel que monsieur Alpha Condé veut perpétrer en Guinée. Je sais que parmi eux, il y a des patriotes qui ne manqueront pas d’apporter dans les formes appropriées leur soutien au peuple de Guinée.

Dr Faya Millimono, président du Bloc Libéral : Dady a attendu la fin de son second mandat pour appeler les Guinéens à un débat. Nous sommes d’accord de débattre mais il y a une question sur laquelle, il n’y aura pas de débat. Le 3ème mandat, c’est une question qui a été clairement réglée par notre constitution. Il n’y aura donc pas de débat sur cette question. Alpha Condé a un choix à faire : le premier, il a encore un an et quelques mois. S’il veut terminer, qu’il respecte la loi. Mais, s’il choisit de mettre le pied sur l’accélérateur pour un autre mandat, nous allons écourter celui qu’il fait maintenant.

Dr Ousmane Kaba, président du PADES : la question qui est posée à la Guinée est claire : est-ce que nous sommes un pays qui voudrait respecter la constitution et les lois ou bien nous sommes un pays qui est d’accord pour s’enfoncer dans la tyrannie ? Nous sommes à un carrefour de notre histoire. A ce carrefour, les hommes de bonne volonté doivent se réunir. La Guinée a toujours été unie lorsque l’enjeu en vaut la peine.

Ce matin, le rassemblement que nous avons, c’est un rassemblement qui vient du tréfonds du peuple de Guinée qui sent que sa liberté est en jeu, ça dignité est en jeu. Nous devons être capables de relever ce défi.
Je souhaite que le débat ne soit pas personnalisé. Le président de la République, je suis sûr, qui a combattu pour la démocratie, va obéir à la loi. Nous avons aujourd’hui beaucoup d’hommes et de femmes qui ont des intérêts avec cette tyrannie.

Ils ne cherchent que leurs intérêts personnels. Tous ceux qui cherchent leurs intérêts personnels, trouveront la Guinée sur le chemin. Nous sommes la Guinée…

Nous devons quelque chose à cette jeunesse. Les premiers politiciens ont donné l’indépendance à ce pays. Jusqu’à présent nous, nous n’avons pas été capables de délivrer la prospérité économique qui est notre promesse. Au moins, laissons-les un pays démocratique, défendons les acquis de la démocratie.

Propos recueillis par Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com
Tél : 622 68 00 41

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