Gaoual : réunion de crise autour du préfet sur des pratiques inacceptables à l’hôpital préfectoral

Suite à la marche pacifique organisée dans la matinée du mardi, 19 septembre 2017, par des jeunes de la Commune Urbaine de Gaoual en colère contre des pratiques jugées inacceptables à l’hôpital préfectoral, le préfet de la localité, Souleymane SOW a présidé hier, mercredi, 20 septembre 2017, une réunion de concertation avec les manifestants et les autorités sanitaires de la préfecture, rapporte un correspondant de Guineematin.com en Moyenne Guinée.

Plusieurs points ont été débattus au cours de cette rencontre qui a durée plus de 2 heures dans la salle des conférences du bloc administratif préfectoral de Gaoual.

Selon le porte-parole des jeunes manifestants, Amadou Fofana, joint mercredi soir, par Guineematin.com, cette crise a été provoquée par le décès à la maternité de l’hôpital préfectoral de Gaoual de suite de césarienne, de madame Fanta Camara qui avait une grossesse de 6 mois à 32 ans.

Avant le début de cette réunion, ce mouvement des jeunes pour la promotion de la démocratie et de la défense des droits de l’homme dans la préfecture de Gaoual avait remis à monsieur le préfet notre mémorandum qui porte sur quelques problèmes constatés à l’hôpital : nombre trop élevé de stagiaires, frais de location de l’ambulance très chers (allant parfois jusqu’à 3 millions 500 mille francs guinéens pour une évacuation sur Conakry), vol des produits médicaux au préjudice des patients hospitalisés, insuffisance d’outils de travail, manque d’entretien du matériel existant, non prise en charge rapide des cas d’urgence qui arrivent dans les différents services, surtout à des heures tardives la nuit.

« Généralement, le malade qui arrive à l’hôpital entre 20 heures et 21 heures n’est pris en charge par un médecin que le lendemain, entre 10 heures et 11 heures, après leurs réunions de direction. Le cas de cette femme en est exemple illustratif. Elle est arrivée à l’hôpital préfectoral à 2 heures du matin. Mais, le stagiaire qui était de garde ce jour ne s’est pas occupé d’elle. Il a demandé le carnet de la femme. Les deux vieilles qui accompagnaient la femme ont expliqué à l’agent qu’elles ont oublié le carnet de la patiente à la maison, parce qu’elles sont venues à l’hôpital précipitamment. Elles prié à l’agent d’appeler une de ses connaissances, Ibrahima Sory Keïta, qui connait le mari de la dame, pour que ce dernier vienne avec le carnet. Le stagiaire a refusé de le faire sous prétexte qu’il ne peut pas réveiller quelqu’un à 2 heures du matin. Les vieilles lui ont demandé alors de prendre sa moto pour accompagner une d’entre elle prendre le carnet dans le quartier contre le prix du carburant. Mais, en vain. La dame est restée donc sans soins jusqu’après la réunion du staff, à 10 heures. Pendant tout ce temps, elle saignait. Finalement, on a constaté qu’elle a perdu trop l’équivalent de 3 poches de sang» a expliqué, avec amertume, notre interlocuteur.

Les choses se sont compliquées alors avec son groupe sanguin qui est rare : « l’hôpital a testé 4 personnes. Une seule était de son groupe sanguin. Mais, cette dernière ne pouvait pas donner toute la quantité de sang recherchée. Finalement, la femme est décédée. Si on s’était occupé d’elle à temps, elle n’allait perdre toute cette quantité de sang.»

Un autre problème qui a retenu la rencontre de concertation avec le préfet de Gaoual, c’est la fréquence des réunions inutiles du personnel de l’hôpital.

« Nous avons constaté aussi qu’il y a trop de réunions. Même le préfet a dénoncé ça aujourd’hui. Tous les matins que vous partez à l’hôpital, personne ne s’occupe de vous si ce n’est pas après leur réunion, même en cas d’urgence. Et tous les jours, cette réunion ne finit qu’à 10 heures, quelque soit l’état du patient » regrette-t-il.

Avec l’insistance des jeunes, le préfet de Gaoual, Souleymane Sow a invité les autorités sanitaires de la préfecture de respecter les horaires de visites, de réduire considérablement le nombre de stagiaires et de réunion à l’hôpital préfectoral pour éviter que ce qui est arrivé à la regrettée madame Fanta Camara ne se reproduise.

L’autorité préfectorale a également mis l’occasion à profit pour présenter les excuses de l’Etat à la population locale et à la famille de la victime.

La rencontre s’est terminée sur des notes de satisfactions de tous les acteurs concernés par cette crise.

De Labé, Idrissa Sampiring Diallo pour Guineematin.com

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