Gestion des fonds pour la lutte contre Ebola : l’opacité totale !

Kadiatou DialloLe malheur des uns fait le bonheur des autres, dit-on. Ce dicton pourrait parfaitement se coller aujourd’hui aux gestionnaires des fonds qui affluent de partout pour la riposte contre Ebola. On ne parle même plus de fonds alloués au gouvernement pour faire face aux victimes d’Ebola. Tout se gère dans la plus grande opacité.

Au CHU de Donka qui accueille un centre de traitement, quand vous posez la question à la direction de l’hôpital, l’on préfère sourire, hausser les épaules pour vous renvoyer au gouvernement ou au fameux comité de riposte. D’ailleurs, cela doit-il nous étonner ? C’est, après tout, une tradition ubuesque en Guinée : s’enrichir sur les victimes de catastrophes naturelles, de violences, d’assassinats, etc. Les attaques rebelles, les massacres du stade du 28 Septembre, les incendies mystérieux,… rien n’aura échappé aux petits malins qui ne pensent qu’à eux.

Aujourd’hui, c’est avec Ebola. Des fonds pleuvent de partout comme la saison. Cependant, personne ne vous montrera qui l’a perçu ! Pour s’organiser, le gouvernement parle de comité interministériel avec des comptes ouverts à la Banque centrale. Tous les jours que Dieu fait, on enregistre au moins un chèque. Pendant ce temps, des médecins se plaignent de n’avoir même pas de gants ou plutôt le semblant d’équipement pour faire face au virus.

Des boites de chlores, gants et autres objets estampillés UNICEF sont  retrouvés sur les marchés de Conakry. Ces produits qui devraient être mis à la disposition de la population guinéenne gratuitement, font aujourd’hui objet de source de revenu pour certains agents impliqués dans la gestion des dons, aides et soutien à la riposte contre Ebola, devenue une aubaine pour l’enrichissement illicite de certains !

Une idée des chiffres ? Il y a peu, on nous parlait, entre autres de 380 millions GNF offerts par la société brésilienne chargée des travaux publics, ‘’OAS’’ ; 105 millions de ‘’Mano River Union’’ ; 340 millions 680 mille de la Chine ; 400 millions de la part de la société ‘’United Mining’’. A côté, la société de téléphonie mobile ‘’Orange’’, déboursera un (1) milliard ; la société ‘’GUICOPRES’’, 200 millions, trois groupes électrogènes et 200 lits ; l’association nationale des constructeurs de Guinée avait donné 20 millions ; le consulat de l’Inde en Guinée avait offert 105 mille dollars, soit 735 millions de GNF ; la CEDEAO (communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), 500 millions GNF ; le parti politique, la NGR (Nouvelle Génération pour la République) de Ibrahima ABE Sylla avait aussi donné 200 millions de GNF ; les NFD (Nouvelles Forces Démocratiques) de Mouctar Diallo, etc. La liste est bien longue ! Tout ceci, c’est sans compter l’annonce faite par le gouvernement avec quelque 10 milliards GNF. Et, les autres dons venant des pays amis, des pays africains et autres institutions internationales privées.

En attendant la fin d’Ebola, des rides pourraient bien disparaître de plusieurs visages et des petits délinquants économiques pourraient bien fortifier leurs comptes en banque, se refugiant (dès qu’ils se sentent vulnérables) derrière des mouvements opportunistes et/ou le parti actuellement au pouvoir pendant que ces détournements exposeront chaque jour davantage les malades et allonge la liste des victimes déjà trop longue… Si rien n’est fait, ces pseudo ‘’soldats anti Ebola’’- et vrais profiteurs cyniques- pourraient bien continuer leur enrichissement illicite autant que continuera à sévir ce virus maudit. Et, si vous dites un mot sur leur gestion, ils invoqueront des liens politiques ou autres pour camoufler les pratiques abjectes…

Quel dommage pour le peuple martyr de Guinée !

Kadiatou Diallo

 

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