Gestion opaque du budget de l’Assemblée nationale, retard du règlement intérieur : l’opposition dénonce

Les députés de l’opposition, réunis sous la bannière du groupe parlementaire Libéral-démocrate ont animé, ce mercredi, 31 mai 2017, une conférence de presse axée sur les « dysfonctionnements de l’Assemblée nationale », rapporte un journaliste des Guineematin.com qui était au siège du parlement guinéen.

A travers une déclaration lue par Dr. Fodé Oussou Fofana, président du groupe parlementaire des libéraux-démocrates, les députés de l’opposition dénoncent entre autres le retard accusé dans l’adoption d’un nouveau règlement intérieur, la gestion opaque du budget de l’Assemblée nationale ou encore l’opacité qui entoure les avantages accordés au Chef de file de l’opposition.

La déclaration fait également mention la non programmation de certaines propositions de lois par l’Assemblée nationale comme celles relatives à la mise en accusation du Chef de l’Etat et l’instauration des commissions d’enquêtes.

Dans les débats, Mouctar Diallo des NFD, explique que la question sur le budget alloué au Chef de file de l’opposition ne figure pas à l’ordre du jour de la rencontre.

Par contre, le Président des NFD énumère qu’en plus des dysfonctionnements de l’Assemblée nationale, vient s’ajouter la violation de l’article 38 de la Constitution par le Président de l’Institution, qui « refuse de faire la déclaration de ses biens comme le veut la loi ».

Elhadj Diouma Diallo, 3ème Vice-président du Parlement et membre du groupe des libéraux-démocrates, l’opposition a déposé deux propositions de loi « à savoir l’un sur le code électoral et l’autre la CENI ».

Le député Ousmane Gaoual Diallo rappelle qu’en plus de ces deux textes, « d’autres demandes de résolutions comme la mise en place de commissions d’enquêtes, la mise en accusation du Chef de l’Etat pour haute trahison et confortée par le refus de la mise en place de la Haute cour de justice ». A ces textes, il convient d’ajouter celui concernant la règlementation des loyers en Guinée, formulé par Habib Baldé.

De son côté, Aboubacar Sylla, insiste à nouveau de l’objectif de cette conférence de presse visant à montrer leur démarcation quand aux dysfonctionnements du Parlement. Le Règlement intérieur en vigueur est « toujours violé. Les commissions ne sont pas renouvelées, …les propositions de lois sont rejetées ou rangées dans les tiroirs du Président de l’Assemblée nationale ou de son Secrétaire général, c’est le cas également du document sur la mise en accusation du Chef de l’Etat… ».

Le nouvel allié du groupe, Dembo Sylla, soutient que ces dysfonctionnements sont entretenus de façon volontaire par l’Assemblée nationale et l’exécutif. « Le Président de l’Assemblée nationale n’a pas pu permettre par l’intermédiaire du Président de la République, doter à l’institution un siège. Chaque année, l’Ambassadeur de Chine réitère la disponibilité de l’enveloppe et demande simplement de lui montrer un domaine pour bâtir l’édifice. Mais depuis quatre ans, cela est impossible ».

Il reconnaît la charge morale qui pèse sur la conscience des députés quand à l’impossibilité de renouveler le Règlement intérieur depuis 4 ans. En plus de demander aux journalistes d’accompagner cette déclaration par des commentaires pour expliquer aux populations, l’Honorable Sylla « promet que l’opposition n’entend pas croiser les bras et lancera des actions sur toute l’étendue du territoire national ».

Très révolté, Dr Fodé Maréga regrette que les journalistes ne dénoncent pas les six cent millions de francs qui seraient « versés par le Président de l’Assemblée nationale pour se rattraper et préparer sa retraite à la Banque centrale, alors qu’il est retraité depuis plusieurs années ». Pour lui, cet acte, « est un motif de destitution du Président de l’Assemblée nationale ».

Aucune institution ne fonctionne, s’insurge cet opposant qui cite en plus de l’Assemblée nationale, l’INDIH. « C’est vraiment désolant, si vous saviez comment cette institution fonctionne. Moi j’appelle cela, l’Alpha gouvernance ».
Sur le nombre de projets de loi adoptés ou non, le député Jeamsdine est formel : « aucune député ne dire les textes proposés adoptés et non adoptés, à cause des dysfonctionnements. Il en veut également à l’absence du journal des débats, non édité depuis le début de la législature.

Toutes les deux précédentes législatures faisaient publier chaque trimestre le journal des débats. Nous apprenons dans les couloirs que c’est par manque d’argent ». Pourtant les budgets antérieurs, rappelle-t-il, sont nettement inférieurs par rapport à l’enveloppe budgétaire de cette année.

En tout état de cause et en dépit de ces dénonciations, « nous n’entendons pas boycotter le parlement. Mais nous allons continuer à dénoncer », souligne le Président du groupe, Dr Fodé Oussou Fofana qui se félicite de disposer « la minorité de blocage pour empêcher l’adoption de certaines lois organiques ».

En concluant les débats, l’opposant Fodé Oussou accuse le Pr Alpha Condé de miser « sur un 3ème mandat. C’est pourquoi, la loi sur la CENI n’est pas prête jusqu’à présent ». Il avertit dès maintenant au pouvoir que l’opposition n’acceptera pas « le couplage des élections locales aux législatives de 2018 ».

Depuis l’Assemblée nationale, Abdallah Baldé pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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