Grève des enseignants à Conakry : 12 profs au Collège-Lycée 1er Mars de Matam

Lancée la semaine dernière par le SLECG (syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée), la grève générale et illimitée des enseignants se poursuit en Guinée. Ce mouvement de débrayage paralyse les écoles du pays, depuis jeudi dernier. Et, dans la capitale, Conakry, cette « situation d’exception » oblige certains responsables d’établissements scolaires cumulés deux classes pour un professeur présent.

C’est le cas au Collège-Lycée 1er Mars de Matam (communément appelée lycée Matam) où le proviseur dit avoir tous les jours, depuis le début de la grève du SLECG, plus de la moitié des enseignants programmés pour les cours, a constaté un reporter de Guineematin.com qui a fait un tour ce mardi, 14 janvier 2020, dans cette école du secondaire.

Dans ce vaste établissement situé au bord de la route et qui fait ménage avec les ronronnements des engins à moteur (véhicules, motos) qui passent et repassent sans répit derrière la cour, l’œil du visiteur est d’abord frappé par la présence de quelques élèves qui se baladent à l’enceinte de l’établissement. Au premier regard, on croirait à un début de récréation. Mais, en réalité, il s’agit des élèves qui n’ont pas de professeurs et qui ont du mal à accepter l’idée d’être cumulés avec leurs amis d’une autre classe. Donc, ils se dégourdissent les jambes en faisant semblant d’aller aux toilettes, en attendant de trouver une occasion de sortir de la cour. En d’autres termes, ce sont des élèves qui veulent chômer.

En cette période de grève des enseignants, nombreux sont les élèves qui nourrissent l’envie de rester à la maison. C’est une situation très pénible pour les responsables de cet établissement scolaire du secondaire qui jouent sur la carte de la fraternité pour avoir quelques enseignants fidèles pour dispenser les cours.

Sékou Camara, proviseur du Collège-Lycée 1er Mars de Matam

« Le jeudi (premier jour de la grève), il y a eu un peu de trouble dans mon école. Mais, à partir de ce jour là, on a pu prendre des dispositions. Donc, le vendredi on a travaillé correctement. Les cours se sont bien déroulés dans mon école, le samedi. La même chose s’est passé lundi et aujourd’hui, Mardi », a confié M. Sékou Camara, le proviseur du Collège-Lycée 1er Mars de Matam.

Pour réussir à faire fonctionner son école, ce jeune proviseur a misé sur la confiance qu’il a cultivée entre lui, ses collègues et les élèves. « Comme on le dit, ce n’est pas le jour de la guerre qu’il faut préparer la guerre. C’est la même chose pour la paix. Ce n’est pas le jour où tu as besoin de la paix que tu vas faire appel aux autres… Quand je prends le vendredi, on a eu 18 professeurs sur 26 programmés. Le samedi, il y a eu 14 professeurs sur 20 programmés. Hier lundi, il y a eu 22 professeurs. Et, aujourd’hui, Mardi, il y a 12 professeurs sur 20 programmés. Donc, quelque part on peut dire que ça va un peu. Les élèves n’ont pas répondu comme cela se doit ; mais, les professeurs sont là. Et, tous les jours, on fait les cours jusqu’à midi au moins… Pour qui connait le lycée Matam, quand il y a de mouvement, il y a toujours de dégâts. Mais, cette fois, il n’y a pas eu de dégâts ; parce que j’ai préparé cette paix et j’ai créé une fraternité entre mes collègues professeurs et moi d’une part et entre les élèves et moi d’autre part. Je ne leur mens pas, je leur dis toujours la vérité… », a indiqué M. Sékou Camara.

Pour ne pas avoir à libérer les élèves qui n’ont pas de professeurs, le proviseur du Collège-Lycée 1er Mars de Matam a trouvé une stratégie. Celle qui consiste à cumuler les classes et prolonger les heures de cours.

« De fois tu peux trouver un professeur qui a deux heures par ici et à partir de 10 heures, il doit aller dans une autre classe. Mais, dans cette dernière il n’y a pas de professeur ; donc, on préfère cumuler les classes. Et, comme ça, au lieu que le professeur ne fasse deux heures, il va faire au moins trois heures de cours… C’est le terrain qui commande dans de telle situation. Et, l’essentiel c’est d’occuper les enfants, leur donner quelques choses pour ne pas qu’ils sortent dans la rue », a expliqué M. Sékou Camara.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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