Grève du SLECG à Boké : la paralysie des cours se poursuit dans les écoles

Les intimidations et autres menaces de remplacement proférées par Mory Sangaré, ministre de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation, le 04 février 2020, n’ont pas eu raison de la détermination des enseignants grévistes de la commune urbaine de Boké. Les cours restent toujours paralysés à Boké suite à la grève générale et illimitée déclenchée par le Syndicat Libre des Enseignants et Chercheurs de Guinée (SLECG). C’est le constat fait sur le terrain ce vendredi, 7 février 2020, par Guineematin.com à travers son correspondant préfectoral.

Le 04 février dernier, Mory Sangaré était à Boké pour s’entretenir avec les enseignants sur le protocole d’accord signé entre le gouvernement et le syndicat de l’éducation, sans le SLECG qui a déclenché la grève. Monsieur Sangaré avait affirmé pour l’occasion que les cours continuent à Boké et que les écoles ne sont pas impactées par la grève. Mais sur le terrain, le constat est tout autre. Dans la quasi-totalité des écoles secondaires publiques, les cours sont fortement paralysés suite à l’absence des enseignants.

C’est le cas au lycée Yomboya, dans la commune urbaine. Aux environs de 9 h, un seul professeur était en situation de classe avec un petit groupe d’élèves. D’autres élèves étaient dans la cour de l’école, suite à l’absence de leurs professeurs.

Mamadou Aliou Kakoni Camara, proviseur du lycée Yomboya

Mamadou Aliou Kakoni Camara, proviseur dudit lycée, a fait savoir que l’Inspection Régionale de l’Education (IRE) et la Direction Préfectorale de l’Education (DPE) leur vient en aide pour tenter de colmater les brèches laissées ouvertes par les enseignants. « Si je prends la journée d’hier, jeudi 06 février 2020, il y a eu 6 enseignants présents sur les 15 programmés. Pour gérer ces enfants, l’IRE et la DPE nous envoient leurs cadres pour un appui en cette période de grève. Et ceux ci nous assistent franchement dans l’encadrement des élèves qui répondent à l’appel », a-t-il expliqué.

Pris au dépourvu, les élèves ne savent plus sur quel pied danser. C’est le cas d’Aissatou Gnaissa, rencontrée dans la cour de l’école, en train de discuter avec ses copines. Elle a expliqué ce qu’elle vit en ce moment avec es camarades. « À l’heure là, les professeurs ne viennent pas et même les élèves ne sont pas nombreux à se présenter à l’école. Depuis le 09 janvier 2020, aucun professeur ne s’est présenté dans notre classe. Si on vient, on s’assoit jusqu’à 10 h, heure de la recréation, et on s’en va », a fait savoir la jeune collégienne.

Malgré la poursuite de la grève, les écoles du secondaire sont en évaluation, à la demande de la DPE de Boké. Mais là aussi, les élèves signalent des problèmes. Cécé André Traoré, en classe de 9ème, se plaint de la nature des sujets qui leurs sont proposés. « Récemment, les gens de la DPE nous ont demandé de composer. On fait ces compositions sans emploi de temps. Les sujets qu’on nous donne, si on a fait ou pas la leçon en classe, ce n’est pas leur problème ».

Devant cette situation incertaine, Cécé André Traoré, élève en classe de 9ème année, lance un appel à tous les acteurs concernés pour sauver l’école guinéenne. « Je demande aux enseignants d’avoir pitié de nous et de venir à l’école. Au gouvernement, je lui demande de faire ce que les enseignants demandent, car après eux c’est nous. Et si aujourd’hui nous n’étudions pas, demain il y aura de mauvais cadres dans ce pays. »

Dans la quasi-totalité des écoles secondaires publiques de Boké, la situation est la même. A l’école Franco-arabe de Dibia, les cours sont perturbés à 100%. La directrice est la seule à passer la journée à son bureau sans l’ombre ni d’une enseignant ni d’un élève.

Il faut noter que les cours se déroulent normalement dans les écoles privées et les Centres de Formation Professionnelle de la commune urbaine.

Depuis Boké, Abdourahmane N’Diaré Diallo pour Guineematin.com

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