Guinée : Faut-il libérer Alpha Condé ou laisser la justice s’en occuper ?

Alpha Condé

La République de Guinée, 63 ans après son indépendance, continue à se chercher, à nager dans la pauvreté et la misère malgré les innombrables ressources naturelles que lui a dotée la nature.

Ce retard, après mille questions posées, aucun expert, ni personne d’autre, même pas les savants, ne peuvent dissocier cet état lamentable du pays à son mode de gouvernance auquel la Guinée a été soumise par ses dirigeants qui se sont succédés à sa tête.

Ces dix dernières années, l’espoir de retrouver le bon chemin, celui pratiqué par les pays les moins dotés que la Guinée en ressources naturelles, mais plus stables et économiquement plus solide avec un PIB de loin plus important que celui gouverné par le Professeur Alpha Condé, était permis.

Justement, l’arrivée au pouvoir d’un professeur de droit, sorti tout droit de la Sorbonne et après avoir séjourné plus de cinq décennies en occident, suscitait un immense espoir quant à la possibilité de faire décoller la Guinée, de lui donner les bases d’un développement durable et surtout faire du pays un véritable Etat de droit, stable et un havre de paix où il fait bon vivre. Mais hélas !

C’est ce qui fait que la Guinée qui est habituée à des va-et-vient, à des aller-et-retour inutiles a impérativement besoin de tirer les leçons de son passé. De mettre un terme à une gouvernance qui n’a jamais réussi à développer le pays, faute de bons dirigeants, réellement patriotes et éclairés, départis de toute considération fallacieuse basée sur l’ethnie ou la région.

Pourtant, l’espoir n’est pas perdu. Le développement de la situation en ce début du mois de septembre 2021 et contre toute attente, a permis de mettre un terme au régime du Pr Alpha Condé, à la grande satisfaction de la majorité des Guinéens. Une situation qui peut être perçu comme une des rares occasions pour réconcilier les Guinéens, de bâtir un Etat de droit, de garantir une justice équitable à tous et de relancer l’économie du pays qui a trop souffert des comportements dubitatifs et affairistes dans un système entièrement bâti autour de la corruption et de l’impunité pour les délinquants économiques et politiques du pays.

C’est pourquoi, si une frange importante des populations guinéennes a applaudi la chute inespérée du Pr Alpha Condé. Beaucoup de Guinéens souhaitent sincèrement que la Guinée renoue avec l’Etat de droit fondé sur la justice et l’équité. Oui, une justice indépendante et responsable qui dit le droit et qui ne l’invente pas. Une justice animée par des hommes et de femmes responsables et non des  personnes corrompues et politisées.

Pour le bien de la Guinée, juger Alpha Condé, serait le plus beau cadeau pour la stabilité du pays. C’est une garantie pour  son développement et surtout le gage d’une nouvelle espérance de vie pour les millions de Guinéens qui ont trop souffert de l’arbitraire d’un régime corrompu.

Il serait une erreur fatale de laisser Alpha Condé en liberté. A plus forte raison de permettre l’ancien dictateur de s’éloigner du pays, dans une sous-région menacée d’instabilité. Que ce soit au Mali, au Burkina Faso et même en Côte d’Ivoire ou le Niger et le Nigeria, où des groupes terroristes et des bandits de tous genres font régner la terreur, on voit mal Alpha Condé retrouver sa liberté et rester les bras croisés. Une coalition Blaise Condé-Alpha Condé-Yaya Djammet-IBK et même Laurent Gbagbo après ses dix ans à la Haye, tous déchus du pouvoir, serait un os dans la gorge des dirigeants de la CEDEAO et une menace permanente à la paix, à la stabilité et à la sécurité des populations de la région toute entière.

Aujourd’hui, la CEDEAO, réputée être un syndicat des Chefs d’Etat, doit plutôt chercher à ce que les conditions de détention du Président déchu soient inscrites dans les normes et qu’un procès équitable soit rapidement organisé par les nouvelles autorités. S’il se trouve que l’ancien locataire de Sékoutouréya, n’est coupable de rien, la justice devra le libérer en toute responsabilité et le blanchir de tous soupçons. Faire le contraire, serait garantir la culture de l’impunité dans un pays profondément blessé, traumatisé et martyrisé. 

Déjà Alpha Condé, de son lieu de détention ne cesserait de dire à ses geôliers des Forces spéciales qu’on lui a trahis. Libérer celui-ci, revient à s’exposer devant une panthère blessée. Sans doute, cela va aggraver l’instabilité dans la sous-région et créer une insécurité aux Guinéens et surtout aux membres du CNRD (le Conseil national pour le redressement et le développement).

La junte guinéenne, applaudie dans les quatre coins de la Guinée, à cause de son héroïsme et son attitude responsable d’enterrer la mal gouvernance, à finir avec l’injustice et à restaurer l’Etat de droit, doit nécessairement et impérativement oser préparer un procès pour Monsieur Alpha Condé et sa clique. Ce, pour servir de leçon et pour que demain, aucun autre dirigeant guinéen, ni aucun régime ne s’hasardent à violer les lois de la République et à verser le sang du peuple. 

Autrement, ce serait un suicide collectif naïvement préparé, un nouveau rendez-vous manqué, un espoir gâchis, un retard de plus et un nouvel échec lamentable pour la Guinée et ses populations martyrisées. Que Dieu nous en garde. La justice, comme l’a dit le patron des forces spéciales, le nouvel homme fort de la Guinée, le Colonel Mamady Doumbouya, doit être la boussole pour chaque Guinéen. Un principe d’une grandeur rarissime pour un Etat qui a toujours rêvé d’un Jerry Rawlings pour redresser son destin !

Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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