Guinée : le groupe national de Contact appelle à l’arrêt du débat sur la Constitution

Dans une déclaration rendue publique ce vendredi, 13 décembre 2019, le Groupe National de Contact et de Dialogue pour la Paix en Guinée (GNC) s’est prononcé sur la crise politique actuelle née de la volonté du pouvoir de changer la constitution. La structure, composée de personnalités choisies pour leur probité morale et leur sens élevé de responsabilité, regrette et condamne les pertes en vies humaines et les blessés enregistrés depuis le début de cette crise mais aussi les clivages exacerbés dans le pays. Elle appelle à mettre fin ou à défaut à surseoir à tout débat sur la constitution et aux manifestations qui en résultent.

Guineematin.com vous livre ci-dessous l’intégralité de la déclaration.

Groupe National de Contact et de Dialogue pour la Paix en Guinée (GNC)

Conakry, le 11 novembre 2019

COMMUNIQUE N° 2

Chers compatriotes

Au cours de ces trois derniers mois, notre pays a été de nouveau marqué par la succession d’évènements malheureux.

En effet, les manifestations ont enregistré de nombreuses arrestations, des blessés graves et des dizaines de pertes en vies humaines, en majorité des jeunes tués à la fleur de l’âge. Cette situation a profondément ému et indigné le Groupe National de Contact à l’image de toutes les personnes éprises de droit, d’humanisme et de paix.

Pendant que les familles, parents et des centaines de guinéens attendaient les obsèques de ces fils du pays dans l’honneur, la dignité et la compassion, de nouvelles violences et tueries ont été perpétrées sur les participants rassemblés pour la circonstance et sur les habitants du voisinage. Les processions funèbres à la Mosquée et au cimetière ont été perturbées et les sépultures profanées.

Le Groupe National de Contact et de Dialogue pour la Paix en Guinée est fortement choqué et attristé. Il tient à exprimer sa profonde déception dans la mesure où ces agissements caractérisés par une haine incompréhensible et injustifiée mettent à rude épreuve l’unité nationale et la cohésion sociale.

Le Groupe National de Contact considère que cette escalade de la violence traduit le comportement indélicat de groupes de personnes hostiles au respect des principes de démocratie et des droits de l’homme. Elle témoigne aussi d’une dérive dangereuse et préoccupante dans la conduite de notre destinée commune. Elle constitue enfin un déni des valeurs séculaires d’humanisme, de fraternité et de solidarité qui fondent notre culture et nos religions depuis des siècles.

Nous tenons à rappeler que ces actes de diabolisation, de stigmatisation et de crimes gratuits contre une partie des guinéens ne résoudront pas les problèmes politiques, économiques et sociaux qui se posent à la Guinée.

Les acteurs politiques de tous bords et les Forces de Défense et de Sécurité doivent bien comprendre que ces violences récurrentes contribuent à cristalliser les clivages et à compromettre durablement la cohésion, la stabilité et la paix dans le pays.

Les dérives verbales incendiaires, l’utilisation outrancière et désinvolte de l’ethnie et du régionalisme à des fins politiques violent les lois de la république et menacent durablement l’unité nationale.

Le Groupe National de Contact est également très préoccupé par le processus électoral qui s’amorce et génère des difficultés majeures dans ses différentes phases d’exécution.

L’ingérence notoire des fils ressortissants des préfectures du pays, en complicité avec leurs coordinations, leur notabilité, influencent négativement le fonctionnement normal de l’administration territoriale.

Les préfets, les responsables des Forces de Défense et de Sécurité, la justice sont devenue de simples exécutants. Cette situation est à la base du non-respect des décisions de justice, des soulèvements des populations contre l’autorité de l’état.

Chers compatriotes,

Le Groupe National de Contact estime que les conditions du débat actuel sur la constitution est une violation de la loi fondamentale actuelle qui régit le fonctionnement de l’Etat jusqu’à nouvel ordre. Elle doit être respectée de tous.

Ce débat paralyse l’administration, oppose les citoyens, perturbe l’économie nationale, exacerbe l’ethnocentrisme, corrompt nos transactions économiques et financiers avec l’étranger et occasionnent des pertes en vies humaines.

A défaut d’un arrêt pur et simple de ce débat qui n’est fondé ni sur un texte, ni sur un cadre de concertation, le Groupe National de Contact recommande de surseoir purement et simplement à ce débat et arrêter toutes manifestations de part et d’autre.

Il en appelle encore une fois à la conscience des acteurs politiques, des Forces de Défense et de Sécurité et du gouvernement pour gérer les contradictions inhérentes à la vie sociale et politique dans le respect des valeurs fondatrices de notre devise nationale «Travail, Justice, Solidarité» et dans la préservation des droits à la vie, à l’expression, à la justice et à la paix.

L’avenir de la Guinée et des guinéens en dépendent car il n’y aura pas de paix et de développement sans la sécurité et la justice pour tous les fils du pays.

Le Groupe National de Contact pour le Dialogue et la Paix en Guinée

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