Hadja Fatoumata Bangoura-Doumbouya du RPG au tribunal : « c’est mon affection pour Alpha Condé qui m’a valu la prison »

Madame Bangoura Hadja Fatou Doumbouya

« Tout ça, c’est parce que j’ai aimé le président de la République et son parti pour lequel je me suis toujours battue. Oui, je reconnais avoir produit la vidéo dont on parle… J’ai dénoncé le fait que l’unique fils que j’ai et qu’on devait enrôler dans l’armée ne soit pas enrôlé. On l’a envoyé à Kissidougou pour être enrôlé ; mais, il n’a pas été enrôlé… De surcroît, on m’a demandé 5 millions pour qu’il  soit enrôlé. C’est ce qui m’a aussi de plus énervé. Que je me batte pour un parti qui arrive au pouvoir et les cadres de ce parti me demandent de l’argent pour l’enrôlement de mon fils, c’est vraiment difficile ».

En prison à la maison centrale de Conakry depuis janvier dernier, madame Bangoura Hadja Fatoumata Doumbouya, a comparu le jeudi dernier, 03 juin 2021, au tribunal correctionnel de Mafanco. Cette militante du RPG arc-en-ciel (l’actuel parti au pouvoir en Guinée) est poursuivie pour « offense sur la personne du président de la République, production, diffusion et mise à disposition d’autrui des données de nature à troubler l’ordre public, injures par les biais d’un système informatiques ». A l’ouverture de son procès, la prévenue a plaidé coupable des faits mis à sa charge et a demandé pardon. Elle a laissé entendre que c’est son « affection pour le président Alpha Condé » et son « amour pour le RPG » qui lui ont valu ses présents ennuis judiciaires, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Hadja Fatoumata Doumbouya a été arrêtée le 28 janvier dernier et conduite à la DPJ (direction centrale de la police judiciaire) pour être entendue sur des faits d’offense au chef de l’Etat. Quelques heures plus tard, elle avait été déférée au parquet de Mafanco où elle a finalement a été placée sous mandat de dépôt le 29 janvier (soit le lendemain de son arrestation) conduite à la maison centrale de Conakry.

Depuis cette date, la pauvre femme est en détention provisoire dans la plus grande prison de la Guinée pour « offense sur la personne du président de la République, production, diffusion et mise à disposition d’autrui des données de nature à troubler l’ordre public, injures par les biais d’un système informatiques ». Son procès s’est ouvert le jeudi dernier au tribunal correctionnel de Mafanco ; et, à la barre, elle a reconnu avoir commis les infractions articulées à son encontre.

« C’est mon affection pour le président de la République Alpha Condé et l’amour que j’ai pour le parti RPG qui m’ont valu la prison que je vie actuellement. Tout ça c’est parce que j’ai aimé le président de la République et son parti pour lequel je me suis toujours battue. Oui, je reconnais avoir produit la vidéo dont on parle. J’ai regretté ce que j’ai dit, je demande pardon. J’ai dit que la route qui relie le chef-lieu de ma préfecture (Siguiri) à  mon village (Norassoba) n’est pas goudronnée. J’ai dénoncé le fait que l’unique fils que j’ai et qu’on devait enrôler dans l’armée ne soit pas enrôlé. On l’a envoyé à Kissidougou pour être enrôlé, mais il n’a pas été enrôlé. Au contraire on l’a plutôt fait souffrir pour rien. De surcroît, on m’a demandé 5 millions pour qu’il  soit enrôlé. C’est ce qui m’a aussi de plus énervé. Que je me batte pour un parti qui arrive au pouvoir et les cadres de ce parti me demandent de l’argent pour l’enrôlement de mon fils, c’est vraiment difficile. Mais ce que j’ai dit, je le regrette aujourd’hui. Je demande pardon au tribunal et au gouvernement », a expliqué Hadja Fatoumata Doumbouya.

Après cette déposition de la prévenue et la séance de questions-réponses qui a suivi, le ministère public a sollicité un renvoi d’audience pour lui permettre de préparer ses réquisitions dans cette affaire. Mais, les avocats de la défense se sont très vite insurgés contre cette demande.

« Je vois que le ministère public n’est pas prêt à présenter ses réquisitions… Cependant, notre cliente est en prison. Elle est vraiment malade. Actuellement, elle est en train de se faire soigner à l’hôpital national Ignace Deen. Donc, si vous allez renvoyer le dossier,  nous demandons de bien vouloir mettre en liberté provisoire notre cliente. A la prochaine que vous allez fixer, elle viendra tranquille se présenter devant votre tribunal », a dit Me Mamady Doumbouya.

Finalement, le tribunal a rejeté la demande formulée par les avocats de la défense et a renvoyé l’audience à une date ultérieure pour les plaidoiries et réquisitions.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

Facebook Comments Box