Handicap visuel : tout savoir sur l’écriture braille avec Georges Niang

George Sagna Niang, président de l’Union guinéenne des aveugles et mal voyants

La journée du 04 janvier de chaque est consacrée à la célébration de l’écriture braille. Un système d’alphabet en relief qui permet aux aveugles et aux malvoyants de lire et d’écrire. En Guinée, l’union guinéenne des aveugles et malvoyants a décidé de commémorer cette journée en différé cette année.

Mais, le président de la structure s’est confié hier, vendredi 04 janvier 2019, à la rédaction de Guineematin.com pour parler de cette journée mondiale et spécifiquement de l’écriture braille. Il s’agit de Georges Sagna Niang, malvoyant de naissance, diplômé en sociologie et cadre à la Direction Communale de l’Education (DCE) de Dixinn.

Décryptage !

Guineematin.com : ce vendredi, 04 janvier 2019, c’est la journée internationale de l’écriture braille. Parlez-nous de cette écriture.

Georges Sagna Niang : oui vous l’avez dit, le 04 janvier de chaque année, est célébrée la journée mondiale braille. Ce n’est pas l’anniversaire du braille en tant que tel, mais c’est l’anniversaire de la naissance de l’inventeur de l’écrire braille qui est né le 04 janvier 1809 en France. Il se nomme Louis Braille et c’est à l’âge de 16 ans qu’il inventa l’écriture braille en 1825. Une écriture en forme de tactile que les aveugles et malvoyants peuvent utiliser pour lire et écrire. Cet inventeur est mort le 06 janvier 1852.

Guineematin.com : combien de points comportent une cellule braille ?

Georges Sagna Niang : l’écriture est fondée sur une base de six points qui représentent toutes les lettres de l’alphabet français. A partir de ces six points, on peut tirer toutes les lettres que nous voulons mais ça dépend des positions de ces lettres en question.

Guineematin.com : combien de points représentent une lettre ?

Georges Sagna Niang : par exemple, la lettre A c’est un seul point. Quand on cherche la lettre A c’est le point A, c’est-à-dire un point en haut à gauche ; le B ce sont les points 1 et 2 ; le C c’est 1, 2 et 3 ainsi de suite.

Guineematin.com : avec quoi peut-on écrire en braille ?

Georges Sagna Niang : nous avons des instruments spéciaux pour utiliser cette écriture. Nous avons ce qu’on appelle la tablette, qui permet à l’élève d’introduire une feuille et d’écrire à l’aide d’un instrument qu’on appelle le poinçon qui a un bout pointu qui représente le stylo et qui ne finit pas parce qu’il est en fer. Nous avons aussi une machine qui a été inventée il y a très longtemps, appelée machine Perkins qui a au moins neuf boutons et qui permet d’écrire l’alphabet braille. Et avec la mondialisation, aujourd’hui la personne déficiente visuelle : aveugle ou malvoyante utilise les outils informatiques.

Guineematin.com : vous les déficients visuels de Guinée, comment faites-vous pour vous procurer de ces outils de travail qui ne sont pas quand même facilement accessibles ?

Georges Sagna Niang : nos outils, on les obtient à travers nos partenaires de l’extérieur, des personnes de bonne volonté qui essayent de nous acheter ces matériels à l’extérieur et nous les envoient. Ils sont très chers, et même le papier spécialisé qu’on utilise ne se trouve pas en Guinée, nous utilisons à sa place le bristol ou une autre qualité de papier.

Guineematin.com : combien d’écoles y a-t-il en Guinée où on peut apprendre à lire et à écrire à travers l’écriture braille ?

Georges Sagna Niang : d’abord, il faut rappeler que tous les pays du monde ont des écoles spécialisées dans le domaine de l’écriture braille. En Guinée nous n’avons qu’une seule école : c’est à la cité de solidarité et il y a au moins 58 élèves qui apprennent l’alphabet braille là-bas. Je sais que c’est peu par rapport au nombre de personnes déficientes visuelles en République de Guinée parce que la mendicité domine sur la scolarisation. Quand même nous continuons à sensibiliser les gens pour qu’il y ait plus d’enfants aveugles scolarisés que d’enfants aveugles mendiants.

Mais à part cette école qui se limite au niveau de la sixième année, il n’y a pas une autre école spécialisée dans le domaine du braille. Et même dans cette école, une fois que les enfants finissent leur examen d’entrée en 7ème année, ils sont appelés à aller au collège, mais il n’y a pas de collège spécial pour les déficients visuels. Donc nous avons un système d’intégration qui permet d’intégrer les enfants malvoyants dans le milieu qui n’est pas le leur, c’est-à-dire le milieu des personnes voyantes. A travers cette intégration, ils arrivent au niveau universitaire et obtiennent des diplômes.

Guineematin.com : en parlant d’examens nationaux, comment ça se passe la correction des traités des élèves déficients visuels ?

Georges Sagna Niang : chaque année, lorsque nous avons des candidats à l’examen d’entrée en 7ème année au niveau du centre Sogué, la direction communale de l’éducation de Ratoma est informée ainsi que le service examen. Le jour de l’examen, des surveillants spécialisés en matière de braille sont postés dans chaque salle d’examen. Il y a deux surveillants : un surveillant spécialisé en braille et un surveillant affecté par la DCE. Et une fois l’épreuve finie, on emballe les copies dans une enveloppe, on écrit braille là-dessus pour essayer de faire la différence au niveau de la correction.

Et une fois à la correction, il y a des enseignants qui connaissent le braille qui font partie de la commission de correction. L’enseignant spécialisé en braille passe devant la commission et lit ce que l’élève malvoyant a écrit sur sa feuille, et l’appréciation est là, on note l’enfant. Ils peuvent échouer comme tous les autres enfants et peuvent aussi réussir comme tous les autres enfants.

Guineematin.com : aujourd’hui, est-ce que vous avez un appel à lancer à l’endroit des autorités du pays à propos des déficients visuels ?

Georges Sagna Niang : je lance un appel aux autorités compétentes pour qu’elles essayent de doubler d’efforts dans la formation des enfants malvoyants et qu’elles essayent de scolariser tous les déficients visuels pour lutter contre la mendicité. Ouvrir les portes aux organisations des personnes handicapées parce que ce sont aussi des personnes porteuses de projets pour le développement de la nation. Cette journée nous permet de dire halte à la discrimination sociale, à la marginalisation et vive la considération et que le gouvernement essaie d’embaucher les personnes porteuses d’un handicap visuel diplômées.

Interview réalisée par Salimatou Diallo pour Guineematin.com

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