Il promit la démocratie et apporta la médiocratie

Le premier président de la Guinée n’avait pas fait de grandes études. On disait même qu’il était un autodidacte. Le deuxième était encore moins cultivé que le premier. C’est pourquoi, beaucoup de guinéens estimaient que le jour où le pays aura un intellectuel à sa tête il va décoller. Au regard de tout cela, et devant le complexe d’infériorité vis-à-vis de ceux qui vivent dans les pays du nord, Alpha Condé était perçu comme l’homme providentiel.

Cet universitaire était censé montrer la voie aux Guinéens pour enfin remettre le pays sur les rails. Et pourtant bien avant son accession au pouvoir l’homme commence à montrer ses limites. La première déception qu’il inflige aux Guinéens fut son refus de débattre à la radio et à la télévision avec son principal challenger à la présidentielle de 2010. Alors que dans toutes les démocraties du monde le débat entre candidats est un excellent moyen offert aux citoyens pour départager les candidats, le professeur parisien refuse de débattre avec un homme formé en Guinée. Ce refus cachait quelque chose.

Connaissant mal le pays, néophyte en matière de gestion administrative et curieusement s’exprimant comme quelqu’un qui n’a jamais mis les pieds en France, l’opposant historique ne voulait pas faire tomber le masque. D’où son refus de débattre alors que cela était une obligation faite aux candidats.

Plus tard, lorsqu’il était question de remplacer le défunt président de la CENI, le candidat Condé déclare qu’il veut un autre candidat que celle qui était désignée par l’autre camp « même si c’est un singe ». Lorsqu’un homme, qui veut diriger son pays, tient des propos aussi vulgaires que comparer le président de l’institution chargée d’organiser le choix de la première personnalité du pays, il va de soi que ces propos ne correspondent pas à l’idéal et à l’image qu’il devait incarner pour ses concitoyens.

Proclamé vainqueur de la présidentielle, le nouvel élu enchaine les déclarations indignes de son statut. Parlant des hommes d’affaires, il déclare sur RFI qu’il n’y a pas de commerçants en Guinée mais des trafiquants. Assimilant tous les ressortissants de la région du nouvel opposant à ce dernier, il qualifie une bonne partie de Guinéens de poux ou encore de tortue.

Après l’attaque dont sa résidence privée aurait fait l’objet, Alpha Condé remercie ses partisans pour « leur retenue ». Estimant que ces derniers auraient pu faire des représailles contre ceux qui l’ont attaqué. Par ses propos, et bien avant la justice, il désignait ses agresseurs. Encore et toujours les mêmes. La suite on la connait. L’un des principaux accusés dans cette affaire, à qui le procureur avait promis l’enfer, lui déclarant « rira celui qui rira le dernier », ne recouvrira la liberté qu’après la chute d’Alpha Condé.

Durant tout son règne, l’ex-président guinéen a mis à nue ses limites. Aussi bien pour le développement du pays que pour l’image de ce même pays. Lorsque, à l’occasion du 60ème anniversaire de l’indépendance de la Guinée, le premier des Guinéens a reçu une équipe de journalistes français, son interview fut des plus catastrophiques. Sans maîtriser ses sujets encore moins se maîtriser lui-même, l’homme fait éclater sa colère devant les caméras de télévision. Alors que les journalistes étaient parfaitement dans leur rôle de poser les questions, même les plus géantes, le chef de l’Etat martèle à l’antenne qu’il est choqué.

Cette contreperformance de leur président choqua plutôt les Guinéens. Tous ces faits ont contribué à démystifier l’homme. Lequel enfoncera le clou à la présidentielle taillée sur meure de 2020. Une nouvelle fois il met le pied dans le plat en disant que « tout malinké qui vote pour un autre candidat que lui aura voté pour Cellou ». Rien de surprenant, car dix ans plus tôt il avait aussi dit à la Basse Guinée qu’il est leur neveu.

Bref, si c’est cela l’intellectuel, les Guinéens préféreront un analphabète à la tête de leur pays. En tous les cas Alpha Condé n’a pas été un bon ambassadeur des intellectuels. Encore moins de la diaspora guinéenne. Comme dit un adage populaire de chez nous, si celui qui est perché au sommet du toit la maison est incapable d’apercevoir plus loin que celui qui est assis à même le sol, alors qu’il descende.

Habib Yembering Diallo pour guineematin.com

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