Immigration clandestine et recrutement dans l’Armée : « j’ai donné une avance de 4 950 euros et 2 600 000 GNF »

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Quatre mille neuf cent cinquante euros et deux millions six cent mille francs guinéens, c’est la somme totale que madame Oumou Dramé a donné comme avance à Mohamed Tounkara. La mère de famille avait la certitude que ce monsieur qui dit travailler à l’aéroport de Conakry pourra faire voyager ses deux enfants et faire intégrer trois autres dans l’armée guinéenne, à l’occasion du dernier recrutement… Finalement, il n’y a pas eu de voyage, ni de recrutement dans l’armée et l’argent n’a pas été restitué.

Madame Oumou Dramé a alors porté plainte contre Mohamed Tounkara et le procès a commencé hier, mercredi 19 juin 2019 au tribunal correctionnel de Mafanco. A la barre, le prévenu n’a pas tergiversé, il a naturellement reconnu les faits qui lui sont reprochés, a constaté un reporter de Guineematin.com qui était sur place.

C’est d’abord la plaignante, Oumou Dramé, qui a comparu devant le tribunal pour livrer sa version des faits. Elle dit avoir donné un montant de 3000 euros comme avance à Mohamed Tounkara, afin que ce dernier fasse voyager ses deux enfants en France. Elle lui a ensuite donné d’autres montants pour qu’il l’aide à faire intégrer d’autres enfants dans l’armée. Mais, tous ces projets n’ont pas abouti et elle n’a pas récupéré son argent.

« Mohamed Tounkara m’a dit qu’il travaille à l’aéroport, et qu’il a la capacité et le pouvoir de m’aider à faire voyager mes deux enfants en France. Il m’a demandé dans un premier temps 3 000 euros comme avance. Je lui ai remis ce montant. Un mois après, rien n’a évolué. Comme j’ai commencé à douter, j’ai réclamé l’argent. Mais, il m’a dit que la procédure est en cours. Ensuite, il m’a aussitôt fait savoir qu’il est en train de recruter des jeunes dans l’armée. Là aussi, il m’a demandé 1 800 euros et 1 600 000 francs guinéens pour enrôler 3 jeunes dans l’armée. En plus de cela, je lui ai remis 150 euros et un million de francs guinéens. Mais, dans tout ça, il n’y a pas eu gain de cause. Aujourd’hui, je n’arrive pas à récupérer mon argent. Aucun de mes enfants n’a pu voyager et personne n’a pu intégrer l’armée », a expliqué le plaignante.

A la question de savoir pourquoi elle n’a pas cherché à vérifier si exactement Mohamed Tounkara travaillait à l’aéroport de Conakry, elle répond. « Je portais confiance en lui. Il prétendait vouloir se marier avec une de mes filles. Donc, je portais beaucoup confiance en lui », a-t-elle dit au juge, Aboubacar Maféring Camara.

Après les explications de la partie civile, le tribunal a appelé le prévenu à la barre. Et, Mohamed Tounkara reconnu avoir reçu l’argent des mains de la dame sans pouvoir remplir sa part du contrat.

« C’est vrai, elle m’a remis tous ces montants pour que je puisse l’aider à enrôler dans l’armée 3 de ses enfants et faire faire voyager deux autres en Europe. Mais, je n’ai pas pu. J’avais un ami à l’aéroport de Conakry, c’est ce dernier qui faisait voyager les gens à l’étranger. Donc, j’ai pris ce montant dans le but de les faire voyager ; mais, le projet a échoué et je ne sais pas pourquoi », a-t-il laissé entendre.

Finalement, le tribunal a renvoyé le dossier au mercredi, 03 juillet prochain pour les plaidoiries et réquisitions.

A noter que Mohamed Tounkara est détenu à la maison centrale de Conakry depuis le 18 octobre 2018, soit un mois après avoir reçu l’argent de la plaignante.

Saidou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 620 589 527/654 416 922

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