Immigration clandestine : « l’Europe à tout prix » un moyen pour dissuader les candidats à « l’eldorado » ?

C’est un long métrage de 90 minutes, co-réalisé par notre compatriote Oumou BALDE DIALLO, vivant en France, et Alama BANGOURA. Les comédiens ont voulu, par ce film, sensibiliser les candidats à la dangereuse et périlleuse aventure, qui, faut-il le rappeler, coûte la vie à des milliers de personnes chaque année.

Plusieurs personnalités et diplomates, mais aussi de jeunes fortement mobilisés, étaient présents à la projection au centre culturel franco guinéen, espace « Sory Kandia KOUYATE », à Conakry.

Selon Oumou BALDÉ DIALLO, « le film parle d’une jeune fille qui a terminé ses études, et qui prend le large avec ses amis, comme la plupart des jeunes en quête d’un avenir meilleur. Mais au cours de la traversée, certains de ses amis décèdent en route dans le désert, et d’autres en mer. A cela il faut ajouter d’autres maux, comme, des viols, des harcèlements subis par les femmes dans les prisons. Donc, une fois arrivée, par chance, la jeune fille, traumatisée par cette situation, décide de revenir chez elle dans son pays, en Guinée. Comme dirait l’autre, nul n’est mieux que chez soi…. Elle devient par la suite, un messager, pour sensibiliser les nombreux jeunes qui pensent encore, fort malheureusement que le bonheur se trouve de l’autre coté, en occident… ».

Interrogée, l’actrice qui vit en France depuis plusieurs années, en a profité pour sensibiliser les jeunes sur les effets des réseaux sociaux. « Certains font rêver, en postant des photos sur internet, alors que la vie, leurs vies la bas, est tout autre. Une fois postée sur internet, ceux qui sont restés en rêvent et une fois, pour ceux qui ont la chance d’arriver, font des effets sur ceux qui sont restés, alors que ce n’est pas toujours vrai ce qu’ils font croire, et je vous assure que je suis bien placée pour vous le dire, puisque je vis la bas… ». Beaucoup sont sans papiers, sans domiciles et sans avenir pour la plupart ajoute-elle.

Pour témoigner, justement du calvaire des candidats à cette aventure incertaine, des victimes de tortures et des choses inimaginables ont relaté, presque les larmes aux yeux, leur calvaire. Une manière de dissuader, ces candidats à « l’eldorado » chaque année.

Ainsi, Elhadj Mohamed DIALLO et son compagnon d’infortune, président de l’organisation guinéenne pour la lutte contre la migration irrégulière, une association mise en place par les immigrants retournés OGMLI, dira que « nous avons trop souffert, c’est tellement terrible, la prison, les blessures vous voyez les cicatrices sur moi, la nostalgie du pays, de la famille, des tueries, puisqu’il ne se passait pas un seul jour sans qu’on ne tue un immigré. J’ai fait la prison au Maroc, en Algérie, et j’ai été obligé de demander de l’aide à mes parents, pour payer, afin que je recouvre ma liberté A cela, il faut ajouter la forte chaleur, la température peut aller jusqu’à 50 degré, aucune forêt, alors qu’ici nous sommes gâtés par la nature. Et cette souffrance a durée 2 bonnes années, je dois aussi dire que chaque migrant à son histoire, et vous ne pouvez pas comprendre ce que nous avons vécus…. ». Telle a été la conclusion de Elhadj Mohamed, presqu’en larmes.

Sur le conseil à donner, il suggère de travailler et de rester en Guinée, car « nous avons des terres propices à l’agriculture. Il faut que l’Etat et ses partenaires fassent tout pour rétablir la confiance avec les jeunes, c’est important. Ensuite, il faut soutenir les projets des jeunes pour s’investir dans l’entreprenariat…. ».

Malgré tout, il y’a des jeunes encore entêtés à tenter cette dangereuse aventure. A eux, il s’adresse en ces termes « ils ne se rendent pas compte de la chance qu’ils ont de vivre chez eux, en libreté. Je pense qu’ils ont besoin d’être informés suffisamment, sur ce qui les attend. Je pense également que vous et nous, je veux parler des journalistes et de l’association qu’on doit s’unir pour lutter ensemble comme ce phénomène qui endeuille des millions de familles à travers le monde, et particulièrement en Guinée, un pays cité en tête de peloton des pays de départ en Afrique ».

Je rappelle que le film a été suivi par les nombreux jeunes, et certains au préalable décider à partir, ont maintenant changé d’avis, pour rester vivre et entreprendre en Guinée. D’ailleurs, des propositions allant dans le sens de faire visionner ce film dans les universités, ont été positivement accueillies par les réalisateurs du film.

Idiatou CAMARA pour Guineematin.com et radioenvironementguinee.org

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