Impact du COVID-19 : le transfert d’argent quasiment à l’arrêt

La crise sanitaire mondiale liée au Coronavirus entraîne de graves conséquences économiques. Celles-ci sont fortement ressenties à Conakry, notamment dans les agences de transfert d’argent. Dans ces entreprises, très sollicitées par la diaspora guinéenne en temps normal, l’activité est aujourd’hui quasiment à l’arrêt, a constaté Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Sur le plan économique, la diaspora guinéenne est d’un apport très important pour le pays. Chaque année, les Guinéens vivant à l’étranger ramènent d’importantes sommes d’argent, qui permettent notamment de faire vivre de nombreuses familles à travers le pays. Mais, avec le confinement en vigueur dans de nombreux pays en raison de la pandémie du Coronavirus, beaucoup de nos compatriotes n’arrivent plus à transférer de l’argent au pays. Cette situation est bien ressentie dans les agences locales de transfert d’argent, par lesquelles transite une bonne partie de l’argent provenant de l’étranger.

C’est le cas de l’agence Royal Transfert Guinée, basée à la gare routière de Bambéto. Mamadou Chérif Daff, l’un des travailleurs de cette agence, observe la situation actuelle avec beaucoup d’amertume. Il explique que les clients se font très rares depuis que le COVID-19 a touché beaucoup de pays occidentaux.

Mamadou Chérif Daff, agent de Royal Transfert Guinée

« La crise est aiguë. Nous travaillons dans l’enceinte de la gare routière de Bambéto, qui est même fermée au trafic. Nos correspondants se trouvent particulièrement en Europe et aux Etats-Unis. Mais, pour l’Europe, les activités sont arrêtées depuis un peu longtemps. Et pour les Etats-Unis aussi, le transfert s’est fortement réduit. Avec les Etats-Unis, si on travaillait à 50% par jour en temps normal, aujourd’hui c’est moins de 10%. Cela veut dire par exemple que si on recevait 20 clients par jour, aujourd’hui cela varie entre deux et trois clients. A partir de là, on peut directement se faire une idée sur l’impact de cela dans les foyers bénéficiaires de ces sommes d’argent qui transitent par nos mains », souligne-t-il.

Mamadou Dian Bah, agent de Royal Transfert Guinée

« Avant la venue de cette maladie, nos guichets étaient remplis de clients, mais depuis, tout tourne au ralenti. Cela résulte du confinement de nos clients à l’étranger. En temps normal, nos activités tournaient autour de 70%, voire plus. Mais aujourd’hui, c’est moins de 30%. Donc, il y a une diminution considérable. Comme vous l’avez constaté, on peut passer plusieurs heures sans avoir de clients parce que l’argent ne vient pas », renchérit son collègue Mamadou Dian Bah.

Face à cette crise, l’agence Royal Transfert Guinée a réduit son personnel au strict minimum. Le constat est le même au niveau de l’agence Guinée Transfert de Bambéto, gérée par Mamadou Saliou Diallo. Là aussi, le travail est nettement ralenti. « Le confinement a un impact énorme, dans la mesure où ceux qui sont confinés dans ces pays étrangers n’arrivent pas à travailler actuellement. Et donc, il est très difficile pour eux de prendre le peu qu’ils ont pour l’envoyer à leurs parents. Bien sûr que certains d’entre eux sont rémunérés par rapport à leur travail, mais à partir du moment où ils sont confinés, ils ne peuvent pas risquer de prendre le peu qu’ils ont pour envoyer. C’est ce qui entraîne un ralentissement au niveau de nos activités », explique-t-il.

Mamadou Saliou Diallo, gestionnaire de l’agence Guinée Transfert

Notre interlocuteur ajoute que même le transfert national (entre les villes du pays, ndlr) est devenu très rares ces derniers temps. « Même ici en Guinée, les gens ont peur des déplacements. Beaucoup préfèrent utiliser Orange Money par rapport aux agences de transfert d’argent parce que là-bas, le déplacement est limité. Par contre, chez nous, il faut obligatoirement que le bénéficiaire se présente avec sa pièce d’identité. Cela fait que nous recevons peu de clients aujourd’hui parce que l’argent ne vient pas. Et, imaginez que beaucoup de nos compatriotes vivant ici dépendent en grande partie de leurs parents qui sont soit en Europe ou bien aux Etats-Unis. On se demande comment ces différentes familles vivent actuellement», s’interroge Mamadou Saliou Diallo.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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