Interdiction de la coupe du bois en Guinée ou l’arbre qui cache la forêt

Par un décret présidentiel publié récemment, le gouvernement guinéen vient à nouveau d’interdire la coupe et le transport du bois. Comme on le sait, ce n’est pas la première fois qu’une telle décision est prise. Mais, elle a toujours fait long feu par le passé. La raison est simple, lorsqu’une décision est utopique, elle devient irréaliste et inapplicable sur le terrain.

En effet, interdire la coupe abusive du bois est une bonne chose. Interdire l’exploitation anarchique et l’exportation clandestine de nos matières premières est salutaire. Mais, en même temps, interdire la coupe pour les besoins locaux est utopique et irréaliste. Et, c’est exactement ce qui rendu ce genre de décision désuète par le passé.

Sans verser dans la xénophobie, il est évident que laisser les Asiatiques en général et Chinois et Indien particulier se livrer à une exportation abusive de nos ressources serait suicidaire. Là-dessus tout le monde est unanime, Ces pays, surpeuplés, ont des besoins insatiables. C’est aux pays africains de préserver jalousement leurs ressources. Si non des calamites naturelles seront inévitables.

Ainsi, autant l’exploitation abusive et anarchique doit être interdite autant une coupe modérée et réglementée doit être autorisée. Les ressources naturelles –ou certaines d’entre elles- constituent un droit pour les citoyens. Or ce qui se passe c’est qu’une telle mesure devient une aubaine pour les agents de sécurité. Elle leur permet tout simplement d’arrondir les fins des mois plutôt difficile.

Il est connu et reconnu dans ce pays que lorsqu’une interdiction est faite les agents ne font plus la différence entre ce qui est permis et ce qui est interdit. Il y a quelques années, un village, dépourvu d’école, a voulu construire une grâce à la contribution communautaire. Les ressortissants devaient apporter de l’argent et les résidents de la matière locale : gravier, bloc de pierre, bois..

Cette incitative coïncida à une interdiction de coupe de bois comme celle qui vient d’être prise. Quand les villageois ont voulu abattre l’arbre qui se trouvait justement à côté du chantier, les gardes forestiers leur ont dit que ce n’était pas permis. Ils furent scandalisés d’apprendre qu’ils ne peuvent pas utiliser le don que leur environnement immédiat leur a offert pour un besoin aussi important pour toute la collectivité.

En outre, avec une telle mesure, obtenir du bois pour la charpente d’un bâtiment relèvera désormais d’un véritable chemin de croix. Policiers et gendarmes vont traiter les transporteurs de cette matière comme ceux qui transportent les produits prohibés comme la drogue ou même les armes. C’est pourquoi, les autorités doivent faire la différence entre les besoins locaux et l’exportation. Les premiers doivent être autorisés. Tandis que les secondes doivent faire l’objet d’une réglementation rigoureuse afin d’éviter à notre pays des catastrophes naturelles.

Comme dit le slogan, nous n’avons pas hérité la terre de nos parents. Nous l’avons empruntée à nos enfants.

Habib Yembering Diallo pour Guineematin.com

Facebook Comments Box