Ismaël Condé en garde à vue : « je ne sais pas où on le détient actuellement », s’alarme son avocat

Ismaël Condé, premier Vice-Maire de Matam et membre du Bureau Exécutif de l’UFDG
Ismaël Condé, premier Vice-Maire de Matam et membre du Bureau Exécutif de l’UFDG

Comme annoncé précédemment, Ismaël Condé, le premier vice-maire de Matam et désormais proche collaborateur de Cellou Dalein Diallo (le leader de la principale formation politique de l’opposition), a été placé hier, vendredi 10 juillet 2020, en garde à vue après son audition au commissariat central de Matoto. Ce jeune homme politique qui vient d’adhérer à l’UFDG (Union des forces démocratiques de Guinée) après avoir été exclu du RPG arc-en-ciel (le parti au pouvoir) est (officiellement) poursuivi pour « abus de confiance » par une PME de ramassage d’ordures.

Mais, son avocat trouve cette « infraction non fondée » et se dit frustré par la décision prise à l’encontre d’Ismaël Condé. Me Alseny Aïssata Diallo s’alarme sur le fait qu’on maintien dans un black out total sur le lieu où son client est en train de subir la garde vue prononcé contre lui. A l’allure où vont les choses, l’avocat estime que les raisons de la détention de son client se trouvent à ailleurs, mais pas dans le domaine du droit.

Rencontré cet après-midi samedi, 11 juillet 2020, Me Alseny Aïssata Diallo est revenu les évènements qui ont marqué ce dossier depuis hier, lors qu’un véhicule de police suspect a stationné devant le domicile de son client.

Me Alseny Aïssata Diallo, avocat

« Quand on m’a informé très tôt le matin (vendredi) qu’il y a des pick-up de la police qui sont autour de son domicile, je suis directement allé prendre contact avec le procureur du tribunal de Mafenco qui en est compétent en la matière. On a échangé, il m’a dit qu’il y aurait des convocations qui auraient été déposées chez monsieur Condé, mais que ce dernier n’a pas daigné se présenter. Moi j’ai dit que compte tenu de la personnalité de monsieur Condé, en sa qualité de vice maire de Matam, ce n’est pas la peine qu’une armada de police se rende à son domicile pour l’interpeller. Moi, je pouvais le prendre, l’accompagner et le présenter à la police. Et, c’est ce qui a été fait finalement. Donc, on (Ismaël Condé et son avocat) est allé au commissariat de Matoto où de 11 heures à 19 heures on était ensemble. Il (Ismaël Condé) a été entendu par l’officier enquêteur sur la base d’une plainte faite par une PME de ramassage d’ordures. Mais, après son interrogatoire, il s’est avéré qu’il n’est ni signataire de ce contrat qui lie cette PME à la commune de Matam, ni exécutant de ce contrat, ni associé de près ou de loin à ce contrat. Donc, finalement et contre toute attente, une décision de garde a été prise à son encontre. Mais, ce qui nous a frustrés davantage, ce qu’on ne devrait pas prendre une telle mesure à son encontre à cette phase là. Parce que d’autres personnes doivent être interpellées dans le même cadre. Donc, les enquêtes sont loin d’être terminées. Il était précoce, prématuré de prendre une telle mesure », a expliqué Me Alseny Aïssata Diallo.

Mais, pour cet avocat au barreau de Guinée, ce qui le tourmente le plus dans cette affaire, c’est le faite qu’on tienne secret le lieu de détention de son client. Cette attitude le rend d’ailleurs suspicieux et le laisse croire que les raisons de la détention de Ismaël Condé ne sont pas du domaine du droit.

« Ce qui m’a surtout frustré, c’est qu’en ma qualité de son conseil, je ne sais pas où Ismaël Condé est en train de subir cette mesure de garde à vue. Je ne sais pas où on le détient actuellement. Ça, c’est extrêmement grave. Parce que la moindre des choses c’est de me dire où il est détenu. Au moment où je vous parle, je ne sais pas s’il est détenu dans un CMIS, un commissariat urbain ou si c’est dans un camp militaire… On lui reproche d’abus de confiance. Mais, abus de confiance portant sur quoi ? Je ne sais point. Donc, ça veut dire c’est un prétexte, un faux prétexte d’ailleurs. Ce qu’on lui reproche n’est pas du tout fondé. Je crois que les raisons de sa détention sont ailleurs », a dit Me Alseny Aïssata Diallo.

A suivre !

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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