Journée de l’Afrique 2019 : l’ancien maire de Labé s’interroge sur le bilan d’Alpha Condé à la tête de l’Union Africaine

Elhadj Ibrahima Sampiring Diallo, ancien maire UPR de la commune urbaine de Labé

En ce 25 mai 2019, date anniversaire de la création à Addis-Abéba de l’Organisation de l’Unité Africaine, l’ancien maire UPR de la commune urbaine de Labé, Elhadj Ibrahima Sampiring Diallo s’interroge sur le bilan du président Alpha Condé à la tête de l’Union Africaine, rapporte un correspondant de Guineematin.com en Moyenne Guinée.

Ce 25 Mai 2019, date anniversaire de la création à Addis-Abeba de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), devenue Union Africaine (UA), s’est déroulé timidement, sans rassemblement public en dehors d’une timide manifestation de panafricanistes à Conakry, sans déclaration officielle, contrairement à la tradition du passé incarné par les feux présidents Ahmed Sékou Touré et Général Lansana Conté.

Elhadj Ibrahima Sampiring Diallo

« Ce qui est anormal au regard des nombreux efforts et sacrifices consentis par la Guinée en faveur d’une Afrique véritablement unie et solidaire. Seuls les médias privés en particulier ont cherché à faire revivre l’évènement avec des invités de marque en provenance de la société civile. La radio nationale, elle, s’est contentée, d’une note du rédacteur en chef du journal parlé. Or, personne ne devrait ignorer que la réalisation de l’équilibre politique, économique, social et culturel de chaque pays du continent repose essentiellement sur un certain nombre de préalables qui, si variés soient-ils, se ramènent à l’indispensable unité d’action fondée sur une participation effective et solidaire de ses 55 Etats membres aujourd’hui » a déploré l’ancien maire UPR de Labé.

Il rappelle qu’au lendemain de son indépendance en 1958, la Guinée consciente des défis de développement et de sécurité à relever, avait inscrit dans sa première constitution, une disposition spécialement unitaire consacrée à ses relations internationales. A l’article 34 du Titre 8, il est écrit : « La République de Guinée peut conclure avec tout Etat africain des accords d’association ou de communauté comprenant abandon partiel ou total de sa souveraineté en vue de réaliser l’Unité africaine.»

Il semble que c’est pourquoi le président Ahmed Sékou Touré, à l’occasion des sommets de l’OUA, il a développé de 1966 à 1983, une politique africaine très active.

« Lors du 19ème sommet tenu à Addis-Abeba en 1983, le président guinéen a proposé que le 20ème sommet à tenir en 1984, ait lieu dans la capitale guinéenne, Conakry. Comme on le sait, le 12 juin, date de clôture du 19ème sommet, l’offre de la Guinée fut acceptée. Dès lors, notre pays s’est employé à préparer sérieusement cet évènement de portée historique pour la Guinée : le Palais des Nations et 57 villas luxueuses d’un style marocain ont été édifiés » ajoute Elhadj Ibrahima Sampiring Diallo.

Malheureusement, le 20ème sommet de l’OUA ne se tiendra pas à Conakry comme promis par les chefs d’Etat et de gouvernement, à cause du décès du président Sékou Touré en mars 1984.

« Le peuple de Guinée en fut profondément touché. Il a fallu donc attendre que le destin joue en faveur de la Guinée, pour voir, le 30 janvier 2017, le Professeur Alpha Condé, chef de l’Etat, porté à la tête de l’Union africaine pour un an. Par cette élection, la Guinée venait de récupérer ce qu’elle avait perdu en 1984. Ce plébiscite était à ressentir comme une fierté nationale, même si certains avaient affirmé haut et fort qu’une élection à la tête de l’UA n’était pas liée à un mérite, et par conséquent elle ne représentait en aucun cas un enjeu de taille. Bien sûr, c’était là une aberration qui nous avait fait perdre le sens de l’intérêt national, de notre honneur et de notre dignité en tant que Nation. Et c’était là aussi une mauvaise appréciation de la situation qui avait abouti à ce plébiscite. En effet, la présidence tournante de l’UA revenant cette année-là à la CEDEAO, les 16 pays membres de cette organisation acceptèrent la candidature du président guinéen pour remplacer à la tête de l’UA son homologue tchadien, le président Idris Deby » précise l’ancien maire de Labé.

L’on se rappelle aussi que cette candidature avait été validée en décembre 2016 à Abuja, au Nigeria par les chefs d’Etat réunis à l’occasion de leur 50ème sommet. Et c’est pour cette raison, quelques heures avant l’ouverture du 28ème sommet de l’UA, les chefs d’Etat, lors d’un huit clos, validèrent à leur tour le choix de la CEDEAO.

« Tout cela pour dire que cette élection était loin d’être un simple passage de témoin. Cependant, il faut noter que par rapport à cette élection, Sékhoureya a raté deux opportunités particulièrement importantes pour accroître son rayonnement, sa crédibilité auprès des masses guinéennes. D’abord dès lors que la CEDEAO fut favorable à l’élection de la Guinée, Sekhoutoureya aurait dû, en reconnaissance aux efforts et sacrifices consentis par le premier président guinéen pour que le 20ème sommet de l’OUA se tienne à Conakry, déclencher une offensive diplomatique pour obtenir que Conakry soit retenue pour abriter le 28ème sommet de l’Union Africaine de 2017. Sékhoutouréya aurait alors connu un soutien populaire massif, un climat politique et social des plus apaisés pour soutenir le Professeur Alpha Condé dans l’exercice de sa fonction de président de l’UA. Le président Ahmed Sékou Touré même aurait de sa tombe poussé un ‘’ouf’’ de soulagement et n’aurait pas tari, avec la permission de Dieu, en bénédiction à l’endroit de l’héritier de l’Etat qu’il a conçu, créé et développé. Ensuite, le président aurait dû, une fois à la tête de l’UA, informé largement le peuple des défis et enjeux de cette organisation panafricaine, et surtout de ce qu’il voulait comme soutien de la part de la société civile, des médias, des institutions, de l’Université et de la classe politique dans sa diversité » insiste-t-il.

En ne l’ayant pas fait ou fait suffisamment, l’ancien maire de la commune urbaine de Labé, Elhadj Ibrahima Sampirinng Diallo se demande aujourd’hui si le passage du président Alpha Condé à la tête de l’UA a été une réussite ou un échec ?

« On sait que l’UA travaille en fonction d’un agenda subdivisé en tranches. A titre d’exemple, l’agenda 2035 a bien inscrit des points parmi lesquels on peut citer : créer un réseau ferroviaire à grande vitesse en vue de relier les capitales et les pôles commerciaux du continent ; créer une université africaine virtuelle pour accélérer le développement du capital humain de la science, de la technique et de l’innovation ; adopter une stratégie de commercialisation des produits de base en vue de donner au continent les moyens de promouvoir un secteur de matières premières dynamiques ; mettre en place un forum africain annuel réunissant leaders politiques, secteur privé, monde universitaire et société civile pour discuter de l’agenda 2063 ; intensifier le commerce interafricain d’ici 2022, de parler d’une seule voix dans les négociations commerciales internationales en mettant en œuvre les institutions bancaires ; instituer un passeport africain, créer un marché unique de transport aérien ; créer un projet social pour renforcer le développement africain dans de nombreux domaines : agricultures, gestion des catastrophes naturelles, télédétection, prévision climatique, secteur bancaire et financier, défense et sécurité pour ne citer que ceux-là. A la tête de l’UA, il a dû trouver des dossiers chauds comme : lutter contre le chômage et l’immigration clandestine, résoudre les conflits et les crises politiques notamment en RDC, au Burundi et au Gabon, superviser la mise en œuvre de l’Action de la Force africaine en attente (FAA), poursuivre la mise en œuvre de l’agenda 2035, s’intéresser à la vie de certains étudiants, promouvoir la libre circulation des biens et des personnes, assurer un retour sécurisé de la diaspora africaine, poursuivre le processus d’instauration d’une zone de libre échange africaine. Dans cet éventail de tâches à accomplir, quelle a été la contribution de la présidence guinéenne ? » s’interroge Elhadj Ibrahima Sampiring Diallo avant de conclure : « si un tel compte rendu avait pu être exécuté dans les règles de l’art, comme savait bien le faire le stratège président Ahmed Sékou Touré, les crises socio-politiques de 2017 allaient être évitée, ou réduites. Ce qui allait ouvrir au président Alpha Condé un boulevard pour de nouvelles conquêtes, car il aurait été l’homme de la situation.

De Labé, Idrissa Sampiring Diallo pour Guineematin.com

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