Justice, entente et paix en Guinée : le message des sages de Mamou à Kassory Fofana

« Il ne peut y avoir de paix sans l’entente, sans la cohésion entre les fils de la nation. Et l’entente, la cohésion, ne peuvent pas être effectives sans la justice. S’il n’y a pas de justice, il n’y aura pas d’entente. C’est la justice, l’entente et la paix qui sont la base du développement. Donc, on vous confie l’ensemble des fils et filles de Guinée et on demande au père de la nation de faire en sorte qu’ils arrêtent de s’entre-tuer », a notamment dit Elhadj Mamadou Chérif Barry, secrétaire préfectoral des affaires religieuses de Dalaba, qui a parlé au Premier ministre au nom des sages de la région de Mamou.

Comme annoncé dans nos précédentes dépêches, le Premier ministre guinéen a été reçu hier, vendredi 22 novembre 2019, par les sages de la région de Mamou. La rencontre a eu lieu au domicile de l’ancien inspecteur régional des Affaires religieuses, feu Elhadj Boubacar Barry, fils de l’Almamy du Timbo, dans la commune urbaine. La situation sociopolitique du pays avec les tueries qui ont émaillé les dernières manifestations à Conakry a été l’un des sujets évoqués, rapporte le correspondant de Guineematin.com dans la ville.

Elhadj Mamadou Chérif Barry, secrétaire général des Affaires religieuses de Dalaba

S’exprimant au nom des sages de la région, Elhadj Mamadou Chérif Barry, secrétaire préfectoral des affaires religieuses de Dalaba, a d’abord regretté les manifestations qui ont émaillé la visite du Premier ministre à Labé et l’attaque dont son cortège a été victime dans cette ville. « On a écouté le porte-parole du Premier ministre qui a dit que le Premier ministre a pardonné à ceux qui ont attaqué son cortège à Labé. On lui remercie pour cela parce que c’est comme ça que ça doit se passer entre un père de famille et ses enfants.

Ce qui s’est passé à Labé ne concerne pas que Labé, ça concerne tout le Fouta. C’est comme si cela s’est passé à Dalaba, à Mamou et à Pita. Mais, on est certains que cela n’est pas le comportement des gens de Labé. Les habitants de Labé et du Fouta en général n’ont pas ce genre de comportement. Le Fouta est connu pour être une terre d’hospitalité, une terre où l’étranger est respecté et bien traité. On se joint donc à Elhadj Badrou Bah (le grand imam de Labé, ndlr) et à tous les sages de Labé pour regretter et déplorer cet acte, mais aussi présenter nos excuses au Premier ministre ».

Le leader religieux a ensuite évoqué la crise politique actuelle qui entraîne des manifestations ayant fait déjà une vingtaine de morts. Il a exprimé la préoccupation des sages du Fouta par rapport à cette situation avant d’interpeller le président de la République sur la question. « On dit souvent que la Guinée est une famille et que le président de la République est le père de la nation. Donc, même si le père de la nation n’est pas là puisque son représentant est là, nous avons quelques préoccupations à lui exprimer. Nous qui sommes ses enfants, sommes préoccupés par la situation qui prévaut actuellement dans notre pays.

Lors des régimes précédents, beaucoup de prières qui étaient faites en Guinée c’était pour éviter que des mercenaires, des rebelles venant de l’extérieur n’attaquent notre pays. Toutes les composantes de la nation guinéenne se retrouvaient pour faire ces prières dans l’unité et dans la sincérité. Mais, aujourd’hui, les prières qui sont faites, c’est pour l’entente et la cohésion entre nous-mêmes les fils du pays pour éviter qu’on s’entre-déchire. Cela nous préoccupe à plus d’un titre, et seul le père de la nation peut essuyer nos larmes qui résultent de cette situation. Nous qui sommes là, on ne sait pas exactement ce qui se passe à Conakry. A travers la radio, on entend beaucoup de versions sur les tueries qui sont enregistrées là-bas. Les protagonistes dans la crise actuelle se rejettent la responsabilité de ces tueries, chaque camp accuse l’autre de tuer les gens.

Mais, quand deux enfants d’une même famille se battent, c’est le père de famille qui doit se lever pour les séparer et faire en sorte que leur conflit prenne fin. Nous qui sommes là, nous faisons des prières chaque jour pour la paix en Guinée. Mais, il ne peut y avoir de paix sans l’entente, sans la cohésion entre les fils de la nation. Et l’entente, la cohésion, ne peuvent pas être effectives sans la justice. S’il n’y a pas de justice, il n’y aura pas d’entente. C’est la justice, l’entente et la paix qui sont la base du développement. Donc, on vous confie l’ensemble des fils et filles de Guinée et on demande au père de la nation de faire en sorte qu’ils arrêtent de s’entre-tuer », a plaidé Elhadj Mamadou Chérif Barry.

De Mamou, Boubacar Ramadan Barry pour Guineematin.com

Tél. : 625698919/657343939

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