Justice transitionnelle en Guinée : une quinzaine de jeunes à l’école de l’ONG COJEDEV

Avec pour thème : « le rôle des jeunes dans le processus de justice transitionnelle en Guinée », un atelier de formation s’est tenu hier, mardi 06 août 2019, dans un établissement scolaire à Kobaya, dans la commune de Ratoma. Cette rencontre de « renforcement de capacités » a été organisée par le consortium des associations de jeunes pour la défense des victimes de violence en Guinée (COJEDEV-Guinée).

L’objectif est d’outiller et inciter les jeunes (qui constituent plus de 60% de la population guinéenne) à jouer leur partition dans le processus de justice transitionnelle en Guinée, a appris un journaliste de Guineematin.com qui était sur place.

Ils sont quinze jeunes, venus de différents établissements scolaires publics et privés de Conakry, à avoir pris part à cette formation initiée en Guinée par le chargé de projet de l’ONG COJEDEV-Guinée, Jean Zézé Guilavogui, fraîchement revenu d’une formation au Rwanda où il était admis à l’académie de justice transitionnelle pour la jeunesse africaine.

Lors de cet atelier d’une journée, les notions de violence, de paix, de justice, de droit, de vérité, de pardon, de réparation et de réconciliation ont été longuement abordées par les facilitateurs et les participants. Également, un documentaire qui retrace l’histoire sociopolitique de la Guinée (de l’indépendance à nos jours) a été projeté au cours de cette rencontre de renforcement de capacités des jeunes. Ceci, pour mieux cerner la notion et la nécessité de justice transitionnelle qui, dans le cadre actuel de la Guinée, doit impérativement déboucher sur la réconciliation nationale.

« Au regard de l’histoire à la fois glorieuse et sombre de notre pays (la Guinée), nous avons l’obligation de jeter un coup d’œil sur le passé, afin de recoller les morceaux qui ont subi des déchirures sociales. Ce qui va nous amener à avoir un Etat de droit, où il n’y a pas de haine et de guerres fratricides. Donc, la justice transitionnelle est extrêmement importante pour la Guinée. Et, à cette phase actuelle, c’est une nécessité impérieuse pour notre pays », a indiqué Jean Zézé Guilavogui.

Pour ce chargé de projet de l’ONG COJEDEV-Guinée, « les jeunes qui sont à la fois les victimes et les coupables des manifestations sociopolitiques d’aujourd’hui, doivent connaitre et aborder sans passion l’histoire de leur pays ». Car, soutient Jean Zézé Guilavogui, « les jeunes, en tant qu’outils de promotion de la paix et de la quiétude, doivent jouer leur rôle dans toutes les étapes du processus de justice transitionnelle dont ils sont partie prenante ».

« Les jeunes ont un rôle d’élaboration, d’implémentation et de suivi-évaluation du processus de justice transitionnelle. Donc, c’est de notre obligation de veiller, de participer et de s’impliquer de façon active dans toutes les étapes du processus », a-t-il ajouté.

Au terme de cette rencontre, il a été demandé au jeunes participants de servir de « relais de retransmission sur la justice transitionnelle » au sein de leurs familles et dans leurs quartiers respectifs. Des jeunes qui se sont d’ailleurs engagés à s’organiser en associations pour promouvoir la justice transitionnelle et développer d’autres activités dans le cadre de la lutte contre les violations des droits en Guinée.

« J’espère que cette initiative va aboutir à quelque chose. Parce que c’est très intéressant de parler de la violence, de la réconciliation, de la justice… J’aimerais vraiment aller plus loin et mettre en place une ONG (organisation non gouvernementale) pour lutter contre certaines choses qui se passent dans notre pays », a dit Marceline Lamah, participante.

De son côté, Abou Ibrahim Doré a déclaré que « dans le quartier, je ne savais pas en quoi consistait la justice transitionnelle… Mais, après cette formation, je vais m’entretenir avec mes amis pour que nous mettions en place une association ; afin de trouver des solutions à certaines crises qui se passent dans le pays »

Pour sa part, Paulin Sagno a confié : « j’ai vraiment hâte de faire valoir tout ce que j’ai appris lors de cette formation. Et, la première des choses que je dois faire, c’est d’aller sensibiliser ma famille. Ensuite, j’irai à la rencontre de mes amis dans le quartier, pour leur parler du rôle et les objectifs de la justice transitionnelle dans un pays ».

Quant à Mamoudou Barry, il soutient que « la jeunesse est la partie la plus dynamique, la plus forte dans ce processus de justice transitionnelle… Nous avons un rôle de sensibilisation dans les familles. Nous avons aussi la formation des jeunes et la promotion de la paix. Parce qu’en Guinée, les esprits sont actuellement très pollués. L’ethnocentrisme gangrène le pays ».

A noter que la justice transitionnelle est souvent définie comme « un processus qui consiste à confronter les héritages de violations passées et des atrocités afin de construire un avenir stable, pacifique et démocratique ».

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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