Kalil Diakité, directeur de la télévision nationale (RTG) : « la liberté de la presse est une réalité en Guinée »

Kalil Diakité, directeur de la télévision nationale (RTG)

La liberté de la presse est-elle effective en Guinée ? Le directeur général de la télévision nationale (RTG Koloma) a répondu à cette question dans un entretien qu’il a accordé à Guineematin.com, le lundi dernier, 3 mai 2021. C’était en marge de la célébration de la journée internationale de la liberté de la presse. Ibrahima Kalil Diakité fait un constat satisfaisant, qui démontre que les journalistes sont libres d’exercer leur métier dans notre pays.

« La liberté de la presse est une lutte permanente. Elle n’est jamais gagnée d’avance. Nos devanciers ont porté le combat jusqu’à ce stade-là et nous autres, il nous revient aussi de le poursuivre. En ce qui nous concerne, nous qui sommes des médias de service public, nous disons que la liberté repose sur deux faits : notre liberté de collecter, de traiter et de diffuser l’information tout en ayant à l’idée que les faits sont sacrés.

Deuxièmement, le journaliste a besoin d’un sens de responsabilité. Si narrer les faits tels qu’ils se sont passés peut engendrer des troubles à l’ordre public, peut porter atteinte à la vie d’une communauté ou à la vie d’une nation, on a demandé qu’au nom de la responsabilité du journaliste, il s’abstienne de relayer ce type d’information (…)  Nous, notre rôle, c’est de mettre d’abord l’accent sur l’unité nationale et tout ce qui porte sur l’intérêt de la population.

Donc, à mon avis, et de façon globale, la liberté de la presse est bel et bien une réalité en Guinée. Pour preuve, on a une multitude de radios (près d’une centaine), des télévisions publiques et privées, il y a une floraison de sites d’information, etc. Et, je crois que le ton qu’emploient ces médias est assez libre. Quand tu suis les émissions interactives des radios, tu ne vois pas là où il y a la barrière pour ces gens-là », constate le journaliste.

Par contre, le DG de la télévision nationale N°1 déplore les difficultés financières auxquelles sont confrontées la plupart des médias guinéens. Il invite l’Etat à prendre des dispositions nécessaires pour faire face à cette situation, afin de permettre aux entreprises de presse de fonctionner correctement. « Aujourd’hui, il y une subvention que l’État accorde aux médias d’une manière générale. Mais moi, je me demande si le format qu’a pris cette subvention est le bon. Parce que moi, j’ai l’expérience de quelques pays comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire par exemple, où il y a un fonds d’appui et de développement de la presse qui n’a rien à voir avec la subvention.

C’est-à-dire, quand vous avez besoin de monter une entreprise de presse, vous faites toutes les études et puis vous demandez un prêt pour créer votre entreprise. Et progressivement, vous remboursez le prêt. Demain, ça permettra aussi d’aider un organe qui connaît des difficultés financières de se relever et éviter la disparition. Donc il faut que l’État mette des fonds à la disposition d’un organe qui va financer les activités de la presse. C’est différent d’une subvention qui est périodique et qui ne répond pas au besoin de tous les organes de presse », a-t-il fait remarquer.

Par ailleurs, notre confrère souhaite un assainissement de la corporation, en y laissant que ceux qui ont les qualités requises pour exercer correctement le métier de journaliste. « Aujourd’hui, quelqu’un peut se retrouver journaliste sans vouloir l’être. C’est-à-dire, la première porte qu’il réussit à ouvrir, c’est là qu’il s’engouffre. Maintenant la question, c’est comment assainir le milieu. Parce qu’une chose est de vouloir entrer dans une profession, et l’autre c’est vouloir en respecter les règles.

C’est à la Haute Autorité de la Communication de mettre en place un certain nombre de critères pour que ne puissent bénéficier de la carte de presse que ceux en qui elle reconnaît cette qualité. Deuxièmement, les structures de l’État qui sont chargées de remettre les agréments, il faut qu’elles se rassurent si toutes les conditions sont réunies avant de donner une fréquence. Au niveau des associations de  presse aussi, il faut qu’on ait moins de complaisance. Quand quelqu’un n’a pas les qualités d’un journaliste, qu’on ne l’intègre pas dans l’association », conseille Ibrahima Kalil Diakite.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tél. : 626-66-29-27

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