Kidnapping d’un ressortissant libanais : deux accusés à la barre du tribunal de Dixinn

Le procès dans le kidnapping de Mohammed Mattar, de nationalité libanaise, s’est ouvert ce lundi, 28 janvier 2019, au tribunal criminel de Dixinn. Deux libanais et un guinéen, accusés d’avoir kidnappé l’operateur économique, sont poursuivis dans ce dossier, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Mohammed Mattar avait été kidnappé dans la nuit du 19 mai 2018 au quartier Dixinn Bora. Après le rapt de l’opérateur économique, les deux ressortissants libanais, avec leur complice guinéen, ont exigé le paiement d’une rançon de 70 mille dollars. Mais, après une enquête menée par la direction centrale de la police judiciaire, le réseau a été démantelé. C’est ainsi que Mohamed Basharah et Ali Mohammad Hmaïdan, deux ressortissants libanais, sont mis aux arrêts. Leur présumé complice, en l’occurrence Hamidou Barry, citoyen guinéen, est toujours en cavale.

Les trois individus sont poursuivis pour association de malfaiteurs, enlèvement, séquestration avec arme et prise d’otage avec paiement de rançon

Dès l’ouverture de l’audience, les deux libanais ont plaidé coupable. Mohammed Basharah, âgé de 25 ans, a été le premier à prendre la parole pour revenir sur les circonstances de l’enlèvement de Libanais. « Je vis en Guinée depuis 2015 et j’habite à la Minière, j’exerce le métier de vitrier. C’est en mai 2018 que Hamidou Barry m’a expliqué qu’il connaît un libanais très riche qui fait le transfert d’argent de Conakry au Liban. Il m’a dit qu’on pourrait le kidnapper et demander une rançon. Ainsi, on allait gagner beaucoup d’argent. J’ai accepté. Déjà, Hamidou Barry connaît beaucoup de libanais, il a connu Mohammed Mattar à la Camayenne, là où il travaille. Donc, j’ai appelé Aly Mohammad Hmaïdan qui vivait au Liban pour qu’il vienne nous aider à bien mener l’opération. Il est arrivé à Conakry et 9 jours après on est passé à l’acte. On avait déjà réussi à avoir le contact de Mohammed Mattar. Hamidou Barry avait loué une maison à Dixinn Bora. J’ai appelé Mattar pour lui dire qu’on voulait transférer de l’argent vers le Liban, mais le premier jour il n’est pas venu. C’est le deuxième jour qu’il est venu dans sa voiture à Dixinn Bora. Hamidou est allé le réceptionner. Aly et moi, nous étions déjà dans la maison, tout de noir vêtus, avec des lunettes noires. Dès qu’il est monté, Hamidou l’a poussé. Puis, à trois, nous l’avons attaché. On lui a demandé de payer 70 mille dollars, sinon nous allions le tuer. Il nous a donné le numéro de la personne qui devait envoyer l’argent. Celui-ci devait le faire le plus tôt. Mais, quelques minutes après, Hamidou a sorti un pistolet pour menacer Mohammed Mattar. Aly et moi, nous étions étonnés de le voir avec, parce que c’est n’était pas prévu. On a eu trop peur qu’il tue Mattar. Heureusement, Hamidou nous a dit qu’il partait cacher la voiture de Mr Mattar quelque part. Dès qu’il est parti, on a diminué les cordes sur les bras de Mattar pour que, quand on sera parti, qu’il puisse se libérer. Hamidou nous a dit que le monsieur qui devait déposer l’argent va nous trouver à Coyah. On a déplacé des mototaxis, on est allé à Coyah. C’est là-bas que Hamidou a reçu un appel de son concessionnaire, lui disant qu’il avait attaché quelqu’un dans sa maison, que celui-ci s’est détaché, qu’ils sont au courant des choses qu’il a faites. Dès que le concessionnaire a raccroché, Hamidou est parti. Et, depuis ce jour, on ne s’est pas revu. Nous, c’est le lendemain matin qu’on nous a arrêtés chez moi. Hamidou m’a rappelé avec un numéro sénégalais, me disant qu’il était là-bas. Les agents m’ont dit de le faire parler afin de savoir où il a caché la voiture. C’est ainsi qu’on a découvert où se trouvait la voiture et le propriétaire l’a déjà récupérée», a détaillé le jeune homme.

Répondant aux questions du procureur Daouda Diomandé, le second accusé, Ali Mohammad Hmaïdan, âgé de 26 ans, a avoué être venu du Liban juste pour le kidnapping de Mohammed Mattar. « C’est mon ami, Mohammed Basharah, qui m’a appelé et m’a dit de venir en Guinée pour kidnapper un certain riche homme. C’est ainsi que je suis venu. Mais, on n’avait pas l’intention de le tuer, c’était juste pour avoir son argent. Mais, on n’a rien pris. Je sais qu’il y a des autorités et des lois ici, en Guinée. Mais, je suis venu pour avoir de l’argent, pas pour autre chose », a-t-il dit.

Le juge Ibrahima Kalil Diakite remarquera un tatouage sur le côté gauche du cou d’Ali Mohammad Hmaïdan. A la question de savoir s’il ne serait pas membre d’un gang de son pays, l’accusé répondra que « ce n’est pas le seul tatouage que j’ai. J’en ai un autre à l’épaule droite, ça ne veut rien dire et je n’appartiens à aucun groupe dans mon pays. Je suis peintre ».

Le juge va rétorquer ne pas être convaincu par les arguments de l’accusé et qu’il trouve d’ailleurs louche qu’il quitte le Liban pour venir jusqu’en Guinée, kidnapper quelqu’un et dire qu’il n’est pas habitué des faits.

De son côté, l’avocat de la défense, maître Philippe Loua, va demander au tribunal de prendre acte de la bonne foi de ses clients qui ont reconnu les faits.

L’affaire a été renvoyée pour les réquisitions et plaidoiries.

A suivre !

Salimatou Diallo pour Guineematin.com

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