Kindia : le procureur plaide pour une révision de la loi L002 pour que les journalistes aillent en prison

Amadou Diallo, procureur de Kindia
Amadou Diallo, procureur de Kindia

Les journalistes de la cité des agrumes sont dans le collimateur du procureur de la République près le tribunal de première instance de Kindia. A l’occasion d’une rencontre d’échange entre les cadres et les députés de la ville, dont l’honorable Mohamed Dorval Doumbouya, le procureur Amadou Diallo a exprimé sa colère contre les journalistes. Il les accuse de s’abriter derrière la Loi L002 portant sur la liberté de la presse, qui dépénalise les délits commis par voie de presse, pour « offrir l’occasion à de vulgaires individus de proférer des injures ou des diffamations qui ne disent pas leur nom à la radio », rapporte l’un des correspondants de Guineematin.com basé dans la préfecture.

Amadou Diallo en a gros le cœur contre certains journalistes de la ville de Kindia. Tout est parti de l’imbroglio né entre les fans du ministre Oyé Guilavogui et ceux de Dr Cheick Taliby Sylla, deux grosses pontes du RPG Arc-en-ciel, qui se disputent la vedette à Kindia. Au cours d’un échange entre les cadres de la ville et les députés pour une paix durable à Kindia, le procureur a dit tout ce qu’il ressent à l’endroit des hommes de médias qu’il voudrait voir en prison.

« Le premier plaidoyer porte sur l’article 243 du Code de procédure pénale qui dispose je cite  » la liberté est le principe, la détention c’est une mesure exceptionnelle qui ne s’applique que lorsqu’elle apparaît comme absolument indispensable’’. On prive trop facilement le guinéen de sa liberté ici : une histoire de piment, une histoire de concubinage, il faut régler les vieux comptes… Si nous faisons comme la police ou la gendarmerie, qui n’a pas la latitude de trier, est-ce que ça peut aller ? C’est pourquoi quand les affaires sont portées à notre connaissance, nous analysons. Ceux qui méritent d’être placés provisoirement sous mandat, nous les envoyons en prison. Ceux qui ne le méritent pas, nous prenons notre responsabilité, nous leur demandons de rentrer », a dit le procureur.

Amadou Diallo, procureur de Kindia

Poursuivant, Amadou Diallo que ce sont ces mises en liberté qui provoquent une levée de bouclier dans les médias. « Mais, il suffit de cela pour que des insanités de toutes sortes soient prononcées contre la justice. Et ce, au premier plan, c’est la presse. Or, c’est vous (les députés présents à la rencontre, ndlr) également qui avez élaboré la loi L 002, portant sur la dépénalisation des délits de presse. Monsieur le député, je vous prie de revoir la loi L002 car il y a beaucoup de calomnie chez les journalistes qui méritent un emprisonnement. Si vous ne le faites pas, il y a plusieurs manières de régler leurs comptes… Je rappelle qu’Amadou Diallo, procureur de Kindia, ferme l’œil sur beaucoup de dérapages dans l’intérêt de la paix. Le préfet peut témoigner. Il y a assez de dérapages du côté de la presse qui offre l’occasion à des vulgaires individus de proférer des injures ou des diffamations qui ne disent pas leur nom à la radio », a-t-il dénoncé.

D’ailleurs, le procureur dit connaitre le « point faible » des journalistes qui se prennent pour des saints alors que la réalité est tout autre, soutient-il. « Il y a plusieurs manières de régler des comptes si nous voulons. Parce que vous pouvez dire ce que vous voulez à la radio, mais vous n’êtes pas à l’abri de la commission des infractions de droit commun dans la cité. Il y a un journaliste, il n’y a pas un mois, qui a été pris en flagrant délit d’outrage public à la pudeur, parce que le matin on est Elhadj, la nuit beaucoup d’entre nous sont des MC », accuse Amadou Diallo.

De Kindia, Mohamed M’bemba Condé pour Guineematin.com

Tél. : 628518888

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