Koumbia (Gaoual) : Dr Moussa Kéïta parle de l’impact du Covid-19, du Sida et de l’insuffisance du personnel soignant au centre de santé

Dr Naby Moussa Keita du Centre de Santé de Koumbia
Dr Naby Moussa Keita du Centre de Santé de Koumbia

A l’instar des autres localités du pays, la commune rurale de Koumbia, bien que n’ayant enregistré aucun cas de Covid-19, n’est pas à l’abri des impacts de la pandémie sur les activités du centre de santé, actuellement en rénovation, construction et extension.

Dr Naby Moussa Kéïta, le chef adjoint du centre de santé de Koumbia, a reçu récemment un reporter de Guineematin.com pour parler non seulement du fonctionnement, de la disponibilité et de la qualité des agents soignants, des maladies récurrentes, de la disponibilité des médicaments mais aussi des difficultés auxquelles ils sont confrontés dans l’exercice de leur métier dans cette localité.

« Depuis plus de six ans, je sers à Koumbia ; et Dieu merci, notre centre de santé est en reconstruction. Actuellement, nous sommes abrités par la maison des jeunes et l’ancienne mairie. Actuellement, nous sommes cinq agents titulaires et quatre autres sont dans les périphéries. Ce qui fait un total de neuf agents. Pourtant plusieurs autres y sont affectés mais ils refusent de rester et de travailler », dénonce ce médecin.

Selon Dr Kéïta, la fréquentation des malades au centre de santé reste sensiblement élevée. C’est au mois d’août qu’elle est la plus élevée. Elle va jusqu’à 1400 pour les premiers contacts par mois.

« Par semaine, on peut avoir entre 200 et 300 contacts. A la consultation primaire curative, CPC, ces contacts peuvent aller jusqu’à 30 contacts par jour et selon la période et l’activité. A la consultation prénatale, CPN, là, ils ont au moins 20 contacts sans compter les suivis. Et pour le programme élargi de vaccination, PEV, on peut avoir entre 10 à 15 contacts. Pour les autres mois, les chiffres baissent jusqu’à 400 à 500 contacts par mois », a expliqué Dr Naby Moussa Kéïta.

Pour ce médecin, la maladie la plus récurrente à Koumbia, comme partout ailleurs en Guinée, reste le paludisme qui occupe les 50 % des consultations. Il y a ensuite les infections pulmonaires, les maladies diarrhéiques, les infections hygiéniques et les abcès. Les maladies rares sont le diabète, la méningite, le tétanos néonatal », a révélé le suppléant du chef du centre de santé de Koumbia.

A ces maladies vient se faire inviter le VIH sida. De nos jours, selon ce médecin, Koumbia compte 12 cas de séropositifs connus depuis 2019. Ces personnes, essentiellement des femmes en état de famille, sont automatiquement prises en charge à travers la CPN. « Le Sida, depuis que nous avons commencé à suivre les personnes séropositives, connaît une certaine baisse. Nous dépistons ici et les personnes infectées sont automatiquement prises en charge. C’est le cas des femmes en ceinte ».

Pour ce qui est du paludisme, Dr Naby Moussa Kéïta, souligne que le taux de guérison reste très élevé. « Grâce au programme Stop palu et le programme national de lutte contre le palu, les médicaments sont disponibles. Ce qui fait que le taux de guérison varie entre 90 à 95 %. Les molécules contre le palu nous arrivent ici en quantité. C’est seulement en deux jours que nous avons enregistré une rupture », souligne-t-il.

A l’apparition du Covid-19, la fréquentation a connu au début presqu’un arrêt, mais après, le service a repris normalement, a souligné ce médecin. « Le Covid-19 au début de son apparition en Guinée, avait freiné le taux de fréquentation. Puisque des personnes mal intentionnées, avaient fait courir le bruit selon lequel, le centre de santé était une source de contamination. Les statistiques avaient baissé d’au moins de 25%. Mais comme on n’a pas enregistré de cas de Covod-19, les gens ont repris la fréquentation et aujourd’hui, ça va », a laissé entendre ce professionnel de la santé.

Pourtant malgré la présence de la pandémie, même le personnel soignant se soucie peu du respect des gestes barrières. Si quelques-uns portent la bavette, le plus grand nombre parmi eux ne les porte pas. « Nous avons une dotation suffisante en bavettes et autres matériels sanitaires de lutte contre le Covid-19. Le non-respect des gestes barrières est dû à une négligence de la communauté et nous essayons de sensibiliser le personnel quant à la nécessité de porter les bavettes et de respecter la distanciation sociale. Même les relais communautaires ont reçu des bavettes à distribuer dans les différents districts », reconnait-il.

Les agents mutés à Koumbia qui refusent de rejoindre leur poste sont nombreux et n’ont fait l’objet d’aucune sanction, apparemment. Pourtant, leur situation est connue des autorités jusqu’au niveau du département de la santé.

« Il y a plusieurs agents qui ont été affectés ici mais qui n’ont jamais accepté de rester. Il s’agit de Dr Saidou Traoré, médecin qui vient une fois chaque trimestre pour passer deux semaines. Il y a Esther Kourouma et Dicko Sidibé, des infirmières, qui viennent rarement. Hassanatou Diallo et Agnès Haba ont fini elles, par se faire muter. Louise Condé et Fanta Traoré sont affectées ici mais ne viennent presque pas depuis plus d’un an. Cette situation fait que les agents sont là surchargés. Nous sommes occupés du matin au soir et le plus souvent jusque tard la nuit. Vous pouvez voir un agent qui a deux ou trois fonctions à la fois. Nous sommes vraiment en pénurie d’agents. Les autorités sont informées. Le Sous-préfet a pris ses dispositions. Nos supérieurs hiérarchiques sont là chaque semestre pour le contrôle. Ils sont informés », a déploré Dr Naby Moussa Kéïta.

Pour ce médecin, les difficultés rencontrées au centre de santé de Koumbia se résument au manque de personnel et à l’inadaptation du local. « Nous demandons à l’autorité supérieure de nous aider à avoir au moins 5 agents. Au départ nous étions 12 dont un technicien de laboratoire, des infirmiers d’Etat, des Agents techniciens de santé, de sages-femmes, de médecins. Mais aujourd’hui, nous sommes quatre sur place. Nous voulons que des agents qui sont à la hauteur et qui ont la volonté, acceptent de venir servir ici comme nous ».

Parlant du niveau de construction du centre de santé amélioré, ce médecin, natif de Kaloum, se réjouit du niveau d’avancement des travaux. « Actuellement, les travaux ont beaucoup avancé. La climatisation et l’adduction d’eau sont finies. Ils sont au niveau de la peinture. Et nous espérons déménager très bientôt dans les nouveaux locaux pour le bien des populations de Koumbia », a conclu le chef adjoint du centre de santé.

De retour de Koumbia, Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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