Koureissy Condé contre l’opposition : la remise en cause des acquis démocratiques

En Guinée, chaque jour nous apporte désormais son lot d’événements politiques, économiques et sociaux. Des évènements qui sont largement commentés sur les réseaux sociaux, devenus un véritable baromètre de la société. En ce début de semaine, ce sont des propos tenus par Sékou Koureissy Condé qui défraient la chronique. Le parlementaire ayant déclaré « Je n’ai jamais été opposant ; je suis contre les oppositions en Afrique, car ce n’est pas adapté à nos réalités ». 

Pour beaucoup d’observateurs, ces propos constituent une désapprobation de la démocratie multipartite. Or, c’est grâce à cette forme politique que M. Condé est député à l’Assemblée nationale. Comme disait Winston Churchill « La démocratie est un mauvais système, mais elle est le moins mauvais de tous les systèmes ». Pour le moment, la Guinée a choisi cette forme politique : un pouvoir et une opposition. Si l’ancien ministre pense que cette forme n’est pas adaptée à notre pays, qu’il nous propose la forme qu’il pense être la mieux adaptée. Surtout que son statut actuel le lui permet plus que n’importe qui. 

En attendant, sa sortie continue à susciter la désapprobation. Peut-être qu’il a mal choisi le moment. Préconiser la disparition de l’opposition à un moment où la liberté d’opinion et d’expression est mise à rude épreuve est une caution pour le retour à la pensée unique. A un moment où pour la première fois, un si grand nombre d’opposants se trouve en prison, ces propos contre une opposition déjà malmenée par le pouvoir avec la complicité des acteurs sociaux ne pouvaient susciter que l’indignation, la réprobation… 

Nous sommes dans un contexte particulier. Le pouvoir fait les pieds et les mains pour museler (dans le but de décapiter) l’opposition. La fin justifiant les moyens, il désigne un chef de file de l’opposition taillé sur mesure. Justement, l’auteur des propos controversés vient de faire son entrée dans le fameux cabinet de ce chef de file de l’opposition de plus en plus contesté par ses pairs parlementaires et même par des acteurs dont la neutralité est avérée comme le Dr. Mamadi Kaba, ancien président de l’institution nationale indépendante des droits humains et aujourd’hui président de la Ligue pour les Droits et la Démocratie en Afrique (LIDDA).

Bref, Koureissy Condé pourrait difficile convaincre que ses propos sont anodins. Le moment choisi est tout sauf un hasard de calendrier. D’où le concert de désapprobation et de protestation. 

Habib Yembering Diallo pour Guineematin.com

Téléphone : 664 27 27 47

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