La menace de grève des enseignants a porté fruit : les primes d’incitation seront payées à partir du 5 juillet

image d’archive

La sortie de plusieurs structures syndicales de l’éducation, qui ont menacé récemment de boycotter les examens nationaux de cette année, n’a pas tardé à produire le résultat escompté. Le gouvernement guinéen a aussitôt réagi, en promettant de satisfaire leur revendication.

Les autorités ont indiqué que le paiement des trois mois d’arriérés des primes d’incitation des enseignants va débuter le lundi, 5 juillet 2021. C’est Salifou Camara, le secrétaire général de la Fédération syndicale professionnelle de l’éducation (FSPE), qui a annoncé cette nouvelle dans un entretien qu’il a accordé à Guineematin.com ce samedi, 3 juillet 2021.

Décryptage !

Guineematin.com : vous nous appreniez en off qu’une solution a été trouvée par rapport au paiement des primes d’incitation des enseignants pour lesquelles vous aviez menacé de boycotter les examens nationaux prochains. Expliquez-nous ce qu’il s’est passé réellement.

Salifou Camara, secrétaire général de la FSPE

Salifou Camara : hier, vendredi, nous avons été appelés par le gouvernement, qui était représenté par le ministre des Finances, le ministre du Budget, le directeur national du Trésor public, etc. Nous avons discuté autour du paiement des trois mois d’arriérés des primes d’incitation. Ils nous ont fait savoir que le paiement commencera lundi prochain. Le premier mois sera payé ce jour-là, le deuxième mois sera payé le jeudi qui va suivre, et le troisième sera payé deux semaines après.

Guineematin.com : ça veut dire que votre menace de grève est suspendue ?

Salifou Camara : bon, nous attendons de voir ce qui va se passer. Si ce qui a été dit est appliqué, la menace de grève reste suspendue. Mais si toutefois cela n’est pas respecté, elle restera toujours maintenue.

Guineematin.com : en parlant des examens nationaux, beaucoup ont critiqué le calendrier établi par le ministère de l’éducation nationale et de l’alphabétisation, quel est votre avis sur la question ?

Salifou Camara : nous partageons les avis de certains, notamment sur le fait qu’on a mis cette fois l’examen d’entrée en 7ème année en dernière position. On se pose la question de savoir qu’est-ce qui ne va pas. Parce que nous savons que les candidats à l’examen d’entrée en 7ème année sont des enfants et nous savons aussi qu’en fin juillet-début août, il pleut abondamment à Conakry.

Alors, nous risquons de voir cette année, des salles d’examen sans candidats. Les gens peuvent avoir peur de laisser leurs enfants sortir parce que quand il pleut abondamment, l’eau risque d’emporter les enfants. On a souvent entendu que l’eau a emporté un enfant à Conakry. Donc on ne comprend pas pourquoi on programme les tout-petits en dernière position, pendant la vraie période des grandes pluies.

Guineematin.com : au-delà de l’alignement des examens, est-ce que vous pensez que techniquement ce calendrier est raisonnable ?

Salifou Camara : bon, par rapport à l’exécution des programmes, cela ne fait pas défaut. Mais par rapport aux préparatifs, il y a des préalables. Parce qu’aujourd’hui, les centres d’examen sont en manque de tables bancs. Malgré le budget alloué à l’organisation de ces examens, il y a des écoles qui n’ont reçu que 10 tables bancs, 32 tables bancs, ce qui est peu par rapport au besoin. Chaque année, à l’approche des examens, les chefs de centres vont dans les écoles privées pour emprunter des tables bancs afin de combler les vides dans les salles de classe.

Mais cela n’est pas évident cette année. Pourtant, la question des tables bancs est inclue dans le budget des examens nationaux. Donc, c’est quelque chose que nous déplorons. Ensuite, il y a un autre problème relatif au manque de matériels dans les centres d’examen. Le service examens ne met pas tout ce qu’il faut à la disposition des chefs de centres. Cela aussi impacte la crédibilité des examens.

Parce qu’un chef de centre qui est en manque de moyens, s’il doit payer certains matériels qui entrent dans le cadre de l’organisation des examens et s’il doit déplacer un camion pour aller transporter les tables bancs qu’il a empruntés dans une autre école, où il va enlever l’agent-là ?  Donc cela peut créer un problème de corruption quelque part.

Guineematin.com : avez-vous un message à l’endroit des enseignants membres de la FSPE par rapport à la tenue de ces examens nationaux ?

Salifou Camara : bien sûr. Nous disons qu’en évaluant les élèves, nous nous évaluons nous-mêmes, parce que nous avons travaillé avec eux durant toute une année scolaire. C’est pourquoi, quand les primes seront payées, nous disons aux enseignants de s’y mettre, de prendre ces examens au sérieux et de ne pas accepter qu’il y ait la corruption de quelque manière que ce soit. Que chacun veille au grain pour qu’à la publication des résultats, ceux qui sont déclarés admis soient des élèves compétents.

Entretien réalisé par Alpha Fafaya Diallo pour Guineematin.com

Tel. 628 12 43 62

Facebook Comments Box