La procureure Joséphine Loly Tenkiano aux femmes et filles de Guinée : « Ce que l’homme peut, la femme aussi le peut »

Madame Kamano Joséphine Loly Tenkiano, institut du procureur de la République près le TPI de Mafanco
Madame Kamano Joséphine Loly Tenkiano, institut du procureur de la République près le TPI de Mafanco

À l’occasion du mois de mars, consacré à la gent féminine, Guineematin.com ouvre ses colonnes aux femmes guinéennes pour la promotion de leurs droits. Avec plus de 50% de la population guinéenne, les femmes sont encore et très souvent victimes de discrimination et d’abus de tout genre. Leurs droits sont constamment bafoués et certaines ont du mal à s’émanciper, surtout dans le milieu professionnel. Cependant, malgré les coups bas et les préjugés dans la société, certaines femmes battantes parviennent à sortir la tête de l’eau pour se mesurer aux hommes. Et, très souvent, elles excellent dans leurs domaines, sans rien envier à un homme. C’est le cas de madame Joséphine Loly Tenkiano, aujourd’hui substitut du procureur de la République près le tribunal de première instance de Mafanco. 

Cette magistrate de parquet a réussi (dans une société guinéenne où « la femme a toujours tort devant l’homme » à qui on accorde l’impérium de juger) à se faire sa place dans un système judiciaire encore dominé par les hommes. Et, en tant que représentante du ministère public, elle livre chaque jour des combats acharnés avec les hommes (les avocats) pour demander l’application de la loi. Et, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle s’en sort plutôt bien ! C’est pourquoi, à l’occasion de ce mois de la femme, Guineematin.com est allé cette semaine à sa rencontre. Et, son message à l’endroit des autres guinéennes est clair : « il ne faut pas avoir le complexe d’infériorité en tête. Il faut égaliser les hommes sur le plan professionnel. Car, la femme, lorsqu’elle veut, elle peut. Et, ce que l’homme peut, la femme aussi le peut », enseigne Joséphine Loly Tenkiano.

Décryptage !

Guineematin.com : Les femmes se plaignent souvent de discrimination dont elles font l’objet à l’égard des hommes, surtout dans le domaine professionnel. Vous, vous êtes magistrate de profession. Parlez-nous un peu de cette profession de magistrat.

Madame Kamano Joséphine Loly Tenkiano : Aujourd’hui, je m’en vais vous dire, en ma qualité de femme, c’est l’occasion pour moi d’élucider la lanterne des uns et des autres sur le bien-être de la femme dans son milieu social et professionnel. Aujourd’hui en ma qualité de magistrate, je dirai que la magistrature est devenue une profession en phase d’être féminisée. Le mouvement paraît donc inéluctable, puisque les femmes représentent aujourd’hui les 49%  dans la magistrature Guinéenne. Et, aujourd’hui, dans la lutte contre les inégalités professionnelles femmes et hommes, notre pays, la Guinée, est signataire des différentes conventions pour l’élimination des discriminations à l’égard des femmes. Dans le système judiciaire, la femme dispose des mêmes droits que l’homme devant la loi. Et aujourd’hui, nous disposons au sein de notre département d’une direction de genre et de l’équité ; et cela, c’est un peu pour mettre en exergue les droits des femmes dans notre milieu au niveau du gouvernement en général. Ainsi, pour moi en tant que magistrate, je souhaiterais voir beaucoup d’autres femmes embrasser cette profession pour que nous ne soyons pas les seules dans la profession des magistrats. Donc, j’exhorte toutes les jeunes filles et dames en tout cas diplômées d’un master en Droit à postuler pour être acceptées à l’école des magistrats précisément au centre de formation judiciaire. Le concours est ouvert à tout le monde, femmes et hommes.

Les magistrats de parquet ou magistrats debout sont des magistrats qui représentent la société, défendent et veillent à l’application de la loi par les Cours et tribunaux. Vous, en tant que femme, comment faites-vous pour exercer cette profession et relevez les défis qui s’imposent à vous, alors que vous avez en même temps votre foyer à gérer ?

Madame Kamano Joséphine Loly Tenkiano, institut du procureur de la République près le TPI de Mafanco

Madame Kamano Joséphine Loly Tenkiano : J’en suis très heureuse. C’est une question vraiment très pertinente. En ma qualité de magistrate debout, vous allez constater que je représente le ministère public. Le ministère public requiert l’application de la loi. Il est le représentant de la société. Lorsqu’il y a commission d’infractions, il appartient au ministère public d’exercer l’action publique. Et, aujourd’hui substituts du procureur, nous couvrons les communes Matoto et Matam. Nous avons à notre sein, au moins 33 services de police judiciaire en plus de 4 services spécialisés. Nous travaillons en parfaite harmonie avec nos officiers de police judiciaire dans la poursuite des auteurs des infractions. Nous sommes des directeurs pour la poursuite tout comme pour la non-poursuite. La décision de ne pas poursuivre intervient lorsque les faits ne sont pas constitutifs d’infractions à la loi pénale ou que les faits ne sont pas poursuivables. Dans ce cas, il émet un avis de classement sans suite en notifiant à la partie civile, si elle existe. Il y a beaucoup à faire dans ça. Et, tenez-vous bien, je suis une femme mariée, mère de 4 enfants dont 3 petites filles mignonnes. C’est vrai que ce n’est pas facile, mais en ma qualité de femme, je parviens à concilier les deux rôles. Non seulement j’assume mon rôle de femme en essayant de faire un programme, un calendrier qui est bien établi, mais aussi pour le service administratif, je parviens à m’en sortir avec bien sûr une bonne organisation. Sinon concilier les préoccupations familiales et celles administratives n’est pas du tout facile. Mais, j’arrive tout de même à m’en sortir. Cela, pour vous dire que la femme, lorsqu’elle veut, elle peut. Je parviens à conduire toutes les procédures en tandem conformément aux textes de loi. Et, les textes de loi constituent notre bréviaire.

Guineematin.com : à l’occasion de ce mois de la femme, qu’avez-vous à dire aux filles et femmes guinéennes par rapport à leur positionnement social et professionnel ?

Madame Kamano Joséphine Loly Tenkiano : moi, en tant que femme, je ne me dis pas que je suis femme. Parce qu’il ne faut pas avoir en tête que parce que tu es femme, tu ne peux pas, tu es inférieure à l’homme. Non ! Sur le plan professionnel, il faut que nous parvenions à nous égaler aux hommes. Ce que l’homme peut, la femme aussi le peut. Je demande à toutes les femmes de prendre le courage, d’aller dans tous les domaines professionnels notamment dans le domaine de la profession de magistrat.

Mamadou Bhoye Laafa Sow pour Guineematin.com

Tél : 622919225

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