Le FNDC au peuple de Guinée : « levons-nous pour recouvrer notre souveraineté »

Abdoulaye Oumou Sow, responsable de la communication du front
Abdoulaye Oumou Sow, responsable de la communication du front

Le mercredi 12 et le jeudi 13 février 2020, ce sont les nouvelles dates choisies par le FNDC pour l’acte 4 de sa résistance citoyenne active et permanente. Le Front National pour la Défense de la Constitution appelle les Guinéens à de nouvelles manifestations de rue ces deux jours pour s’opposer au projet de changement de l’actuelle Constitution, qui ouvrirait au président Alpha Condé la voie à un troisième mandat.

A la veille de ces mouvements de protestation, Abdoulaye Oumou Sow, le responsable de la communication du front, a accordé un entretien à la rédaction de Guineematin.com, ce lundi 10 février 2020. Il a invité le peuple de Guinée à se lever comme un seul homme pour « recouvrer sa souveraineté » qui est aujourd’hui confisquée par le pouvoir.

Décryptage !

Guineematin.com : après une trêve d’une semaine, le FNDC a appelé les Guinéens à de nouvelles manifestations les 12 et 13 février 2020, dans le cadre de sa résistance citoyenne active et permanente contre le changement constitutionnel envisagé par le président Alpha Condé. Comment préparez-vous ces nouvelles manifestations ?

Abdoulaye Oumou Sow : comme vous le savez, depuis le 13 janvier dernier, le FNDC a lancé l’opération de résistance citoyenne active et permanente pour défendre la Constitution guinéenne qui est la loi suprême de notre pays. Donc nous sommes dans la même dynamique. La seule nouveauté, c’est l’intensification des actions du FNDC. On sait aujourd’hui que le président de la République est passé à l’acte, c’est-à-dire que le coup d’Etat constitutionnel est déjà consommé. Nous comprenons aujourd’hui que nous avons en face de nous un régime illégal et illégitime qu’il faille mettre hors d’état de nuire. Donc c’est en cela que va consister la lutte du FNDC qui, aujourd’hui, porte l’aspiration du peuple de Guinée mais également de la communauté internationale.

Guineematin.com : plus de 30 personnes ont été tuées depuis le début des manifestations appelées par le FNDC. Quelle sera la particularité des manifestations de cette semaine ?

Abdoulaye Oumou Sow : justement, pour ces personnes qui ont été assassinées et tous ceux qui ont été blessés mais aussi pour les personnes qui ont perdu leurs biens, il faut que la lutte continue. C’est à cause de ces personnes que nous intensifions nos actions pour ne pas que ces sacrifices soient vains. Je disais tout à l’heure que nous avons compris que nous avons à faire à un pouvoir assassin. Nous sommes déjà à 37 morts depuis le début de nos manifestations et des centaines de citoyens sont détenus dans les prisons d’Alpha Condé. Il y a également un grand nombre de blessés dont certains sont handicapés à vie.

C’est pour ces personnes que la lutte va continuer. Et nous disons que nous sommes dans l’obligation de défendre la loi suprême de notre pays avec le soutien du monde entier. Nous sommes au crépuscule du pouvoir d’Alpha Condé, la seule chose qui manque, c’est la détermination du peuple de Guinée. Et elle aussi, nous allons l’obtenir parce que dans toutes les révolutions en Afrique, ça a toujours commencé comme ça. C’est à la dernière minute que le peuple a obtenu sa souveraineté. Nous tendons ici aussi vers l’obtention de la souveraineté du peuple de Guinée, qui va se faire avant la date du 1er mars choisie par Alpha Condé et ses sbires pour organiser leur coup d’Etat constitutionnel.

Guineematin.com : vous parlez d’intensification des vos actions, mais sur le terrain, certains estiment que votre combat est perdu d’avance parce que votre mouvement est en train de s’essouffler. Que répondez-vous à ceux qui pensent ainsi ?

Abdoulaye Oumou Sow : contrairement à ceux-ci, nous nous pensons que le combat est gagné d’avance parce que nous sommes au dernier virage du combat. Le combat est gagné d’autant plus qu’aujourd’hui, ce n’est pas que le FNDC seul qui porte la voix de la défense de la Constitution. Aujourd’hui, c’est le monde entier qui porte cette voix. Au-delà de ça, nous avons fait un grand sacrifice la dernière fois. Nous avons permis à nos religieux de s’impliquer pour essayer de trouver une solution pacifique à la crise. A cause de ces personnes, nous avons accepté de faire une trêve pour la paix et pour la stabilité de la Guinée et de la sous-région. Mais comme on a en face des personnes obsédées par une présidence à vie, ils ont refusé d’écouter ces personnalités de haut rang que nous avons.

Ça veut dire qu’ils n’ont de respect pour personne en Guinée. Ils ont bafoué la citoyenneté dans notre pays, assassiné des citoyens, et maintenant ils veulent bafouer la morale en République de Guinée. Cela veut dire que, et vous et nous et tout le peuple de Guinée, devons aujourd’hui être les garants de la stabilité dans notre pays. Cette garantie ne viendra que de notre union pour combattre ce pouvoir parce qu’il n’est ni légitime, ni légal. Ils ont fait un coup d’Etat. Qu’il soit civil ou militaire, ce qui vient de se passer est un coup d’Etat, et un coup d’Etat est à condamner et à combattre.

Guineematin.com : au-delà de ces manifestations qui, pour l’instant n’arrivent pas à faire fléchir le président Alpha Condé, est-ce que le FNDC envisage d’autres actions pour empêcher l’adoption du projet de nouvelle Constitution ?

Abdoulaye Oumou Sow, responsable de la communication du front

Abdoulaye Oumou Sow : depuis le 13 janvier, nous ne sommes plus dans l’ordre de l’article 10 de la Constitution qui nous donne le droit d’organiser des marches pacifiques. Nous sommes dans l’ordre de l’article 14, alinéa 4 de la Constitution, qui nous autorise à résister face à l’oppression. Parce que nous estimons que le peuple est dans l’oppression et qu’il est dans l’obligation d’agir et de réagir. En agissant et en réagissant contre l’imposture du pouvoir en place, nous utilisons tous les moyens légaux que nous confère la Constitution, de même que les traités et conventions auxquels notre pays a souscrits, pour combattre le pouvoir putschiste d’Alpha Condé. Et nous pensons que nous sommes proches de la victoire et que cette victoire, c’est pour bientôt.

Guineematin.com : nous arrivons au terme de notre entretien, est-ce que vous avez un dernier message à lancer à l’endroit du peuple de Guinée ?

Abdoulaye Oumou Sow : nous disons à la population guinéenne que c’est sa dignité et sa responsabilité qui sont en jeu. C’est l’existence de cette population même qui est en jeu aujourd’hui, parce qu’on ne peut vivre que dans une République en paix. Des personnes ont décidé de mettre en mal la paix et la stabilité dans notre pays, battons-nous pour recouvrer notre souveraineté, qui a été confisquée par un groupuscule d’une centaine de personnes qui sont à l’agonie et qui sont au crépuscule de leur pouvoir. Si nous manquons de détermination, nous n’allons pas gagner sur eux d’autant plus qu’ils ont tout ce qu’il faut pour paupériser les populations. C’est maintenant ou jamais qu’il faut mener le combat, et ce combat ne sera gagné que grâce à chacun d’entre nous et grâce à notre nombre.

C’est cela qui va montrer notre force. Quand le FNDC parle de résistance citoyenne active, ce n’est plus dans les maisons, ce n’est plus dans les quartiers, mais c’est dans la rue qu’il faut résister. Nous demandons aux populations guinéennes, à partir du 12 février, de se lever pour recouvrer notre souveraineté. Aujourd’hui, nous ne sommes plus dans une République, nous sommes dans un régime d’exception parce que le coup d’Etat est consommé, il faut donc recouvrer cette souveraineté. Et cette souveraineté ne sera recouvrée que par le peuple de Guinée. Nous demandons donc à ce que le combat soit intensifié à partir du mercredi prochain.

Alpha Assia Baldé et Salimatou Diallo pour Guineematin.com

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