Le Maire de Malapouya en colère contre la SMB : « le chinois nous dit qu’il travaille avec Alpha Condé »

Abdoulaye Yeressa, maire de la commune rurale de Malapouya
Monsieur Abdoulaye Yeressa, maire de la commune rurale de Malapouya

Depuis maintenant quelques jours, l’affaire de compensations entre les populations de certains villages de Malapouya et la société minière de Boké (SMB) fait couler beaucoup d’encre et de salive. Il s’agit notamment des villages de Kasseydou, Momo, Silipouya, Mamoudouya, Ariboya, Kambaki, Hafia et Garaya, qui verront le chemin de fer traverser leur village en quittant le port fluvial de Dapilon pour la préfecture de Télimélé.

Rencontré à son bureau par Guineematin.com dans l’après-midi de ce mercredi 29 mai 2019, monsieur Abdoulaye Yeressa, maire de la commune rurale de Malapouya, s’est montré très en colère contre les responsables de la SMB mais aussi ses concitoyens. Les uns parce qu’ils n’ont aucune considération pour les autorités locales et les autres parce qu’ils n’écoutent pas les conseils de la mairie.

Concernant l’état de sa collaboration avec les entreprises minières implantées dans sa commune rurale, monsieur Yeressa a laissé entendre sa colère ! « Il n’y a pas de bonnes relations entre nous et la société des chinois qui est venue ici. Puisque ces gens-là n’ont aucune considération pour les autorités locales que nous sommes. Ils viennent directement sur les sites rencontrer les communautés, ils ne voient ni le maire, ni un président de district, ni un chef de secteur. Tout ce que la SMB fait à Malapouya, elle n’associe aucune autorité communale. Peut-être le sous-préfet ; mais, en tout cas pas le maire. Ici, dans mon bureau, je suis assis, je vois leurs véhicules passer et repasser vers les villages. Aucun n’est passée me dire mot », se lâche-t-il.

D’ailleurs, Abdoulaye Yeressa a réitéré ce que le chef d’un secteur avait déjà confié à l’envoyé spécial de Guineematin : les responsables de la SMB prétendent travailler directement avec le chef de l’Etat. « Un jour, j’ai envoyé mon deuxième vice-maire rencontrer les responsables de la SMB pour leur dire de passer par nous (mairie) pour aborder la population. Lorsqu’il a dit ça au chinois, ce dernier lui a répondu que lui il travaille avec Alpha Condé, il n’a pas besoin de demander l’avis d’un maire pour faire son travail. Il est alors venu me faire le compte rendu. Je me suis énervé et je me suis levé directement pour aller lui dire de répéter ces propos devant moi. Malheureusement, je ne l’ai pas trouvé. Sinon, je lui aurais demandé si je pouvais parler comme ça en Chine. Alors, ces gens-là doivent savoir que monsieur Alpha Condé est Président de la République et que moi je suis Maire de la petite commune rurale de Malapouya. Quiconque doit travailler ici je dois le savoir », a-t-il martelé.

Par contre, monsieur Abdoulaye Yeressa a également des reproches à faire à ses concitoyens. Le maire estime que les populations locales se font manipuler bêtement par les sociétés minières. « Mes parents aussi sont parfois trop naïfs. Dès qu’ils voient les peaux blanches avec leurs problèmes de signature là, ils oublient tout ce qu’on leur a donné comme conseils. C’est ainsi qu’ils ont fait signer bêtement les populations des villages sur le passage des rails. On vient te prendre pour t’amener dans une case restreinte à plus de 10 mètres des autres, on te dit signer un chèque en masquant la partie où le montant est mentionné. Et puis, quand tu finis de signer, on te communique le montant et on te conseille de ne le dire à personne, même pas à ta femme. Ça c’est quelle affaire ça ? », se demande-t-il.

Pour une solution définitive qui permettrait de baisser les tensions et permettre de continuer paisiblement les activités de la SMB, le Maire exige une assise avec les responsables de la société pour reprendre les calculs ensemble afin de rétablir chacun dans son droit. « C’est ainsi que nous pourrons aller vers nos parents pour les sensibiliser dans notre propre langue. Il faut qu’on soit témoins entre les communautés et nos hôtes ; sinon, on ne peut pas continuer à accepter cette anarchie », a insisté le maire Abdoulaye Yeressa.

A préciser que l’envoyé spécial de Guineematin.com essaie depuis plusieurs jours à entrer en contact avec les responsables locaux de la Société minière de Boké (SMB), sans succès pour le moment.

A suivre !

De Malapouya, Mamadou Diouldé Diallo pour Guineematin.com

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