Le moratoire de la dette extérieure ne fait ni chaud ni froid au Guinéen

Après l’intervention d’Emmanuel Macron, qui a défendu l’Afrique avec becs et ongles la semaine dernière, le G20 a décidé d’accord un moratoire de la dette à 77 pays pauvres. Parmi eux, 44 sont africains. Et cela suite à la Pandémie qui n’épargne aucun pays.

Mais, dans beaucoup de pays africains, un moratoire ou une annulation de la dette ne fait ni chaud ni froid. Et pour cause, ces mots –ou ces maux- sont du déjà entendu sur le continent. C’est un gros mirage pour les populations. Particulièrement pour les Guinéens. En effet, ce n’est pas la première fois que la Guinée obtient un tel accord avec les bailleurs de fonds. Après l’élection présidentielle de 2010, qui avait mis fin à 26 ans de règne militaire, la Guinée avait obtenu le fameux accord cadre dit PPTE. Cet accord était perçu comme la prime à la démocratie. Le nouvel élu n’avait pas manqué de brandir, par anticipation, cette prime comme faisant partie de son premier bilan. Mais Alpha Condé avait annoncé les couleurs en disant à un groupe de femmes que « le PPTE annule notre dette mais ne nous donne pas d’argent ».

Le chef de l’Etat avait précisé que la Guinée avait là une chance historique à saisir, avec ce retour dans les grâces des bailleurs de fonds. Le pays était en quête de ce fameux accord depuis 1997. Mais la gabegie financière avait éméché le pays d’obtenir l’accord.

Après le PPTE, qui n’aura eu aucun impact sur le quotidien de la population, le 5 septembre 2017, La Guinée et la Chine signent un nouvel accord portant sur 20 milliards de dollars. Une nouvelle fois l’affaire fait un grand bruit à Conakry. Les partisans du régime voient en cet accord une preuve que la Guinée a l’homme providentiel qu’elle attendait depuis longtemps. Cet homme, qui avait profité d’une visite dans l’empire du milieu où il était invité au sommet des BRICS en sa qualité de président en exercice de l’Union africaine, avait profité pour faire des affaires pour son propre pays.

En mission pour l’Afrique, le président guinéen n’était pas revenu à bredouille à Conakry. La Guinée et la Chine avaient paraphé un accord cadre de financement des projets d’infrastructures prioritaires pour une enveloppe de 20 milliards de dollars américain. Le montant devait être débloqué sur les vingt années qui viennent. Le financement qui se décline sous la forme d’un prêt chinois à la Guinée a été adossé « aux revenus futurs de projets miniers portés par les entreprises chinoises en Guinée ».

Selon les détails donnés par les autorités guinéennes à la suite de la signature de l’accord, le premier lot de financement qui portait sur un montant total d’environ 1,3 milliards de dollars devait être débloqué en 2017. Il devait concerner la réalisation de plusieurs infrastructures dont entres autres, des voiries à Conakry qui bénéficiait également d’une extension de son port, la reconstruction d’une portion de la route nationale, la réalisation d’une ligne de transmission électrique entre les localités de Linsan et Fomi ainsi que la réhabilitation et l’extension d’une université régionale. Trois ans plus tard, beaucoup de ces réalisations se font toujours attendre.

L’Epidémie Ebola, pourtant antérieure à tous ces accords, a souvent été une excuse pour le gouvernement pour justifier sa contreperformance dans la réalisation de projets et programmes. Ce qui fait craindre que la pandémie COVÏD-19 ne le soit davantage dans le retard voire l’annulation pure et simple de beaucoup de projets de développement.

Habib Yembering Diallo pour Guineematin.com

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