Lenteur des procédures judiciaires : 4 citoyens acquittés après 5 ans de détention

Après avoir passé 5 ans et 7 jours de détention à la maison centrale de Conakry, Aboubacar Sidiki Camara, M’barick Camara, Alhassane Camara et Alsény Camara ont été jugés hier lundi, 29 avril 2019, au tribunal criminel de Dixinn. Poursuivis pour des faits de vol à main armée et association de malfaiteurs, les accusés ont été acquittés par le tribunal, délocalisé à la mairie de Ratoma, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Selon nos informations, ces quatre compagnons d’infortune ont été arrêtés à Coyah et placés sous mandat de dépôt depuis le 22 avril 2014. Ils étaient soupçonnés d’être auteurs d’une attaque à main armée au cours de laquelle plusieurs objets de valeur ont été emportés.

En effet, c’est pendant le mois d’avril 2014 que des passagers ont été nuitamment attaqués par un groupe armé à Friguiadi, dans la sous préfecture de Manéah, à Coyah. Une attaque au cours de laquelle les assaillants ont réussi à dépouiller les passagers de tous leurs biens avant de se volatiliser dans la nature.

Au cours des enquêtes, la maison où logeaient Aboubacar Sidiki Camara et ses compagnons, tous maçons de profession, a été indexée. Sur dénonciation d’un certain Souleymane Camara, dit SABALA, la maison a été investie par la Brigade Anti Criminalité(BAC) de Friguiadi. Dans l’espoir de retrouver les objets soutirés aux victimes de l’attaque à main armée, les agents ont procédé à une fouille systématique des locaux. Mais, ils n’y trouveront ni arme, ni argent, encore moins les objets volés. Cette recherche vaine n’a pas empêché les agents de conduire les 4 maçons à la maison centrale de Conakry.

Appelés à la barre, ils ont tous nié les faits pour lesquels ils sont poursuivis. Selon Aboubacar Sidiki Camara, « nous sommes tous des maçons. Ils nous ont interpellés la nuit pendant qu’on dormait. Nous n’avons jamais formé un groupe de malfaiteurs ou participé à une quelconque opération armée et nocturne».

Après avoir écouté la version des accusés, le procureur Bakary Camara, va demander au tribunal de décerner un mandat d’amener contre Souleymane Camara, qui se dit être témoin des faits. « C’est suite à la dénonciation de Souleymane Camara que ces accusés ont été interpellés. Et ce Souleymane Camara, qui était chef de la jeunesse au moment des faits, nous avait promis de venir témoigner sur cette affaire. Et aujourd’hui, il dit qu’il ne peut pas venir, soi-disant qu’il a peur de se présenter devant le groupe. Pourtant, les faits de cette affaire sont graves, surtout que l’un des accusés a rendu l’âme en prison. Je vous demande d’appliquer l’article 509 du code de procédure pénale guinéen et décerner un mandat d’amener contre ce témoin récalcitrant pour qu’il puisse venir donner les explications sur cet état de fait. On ne peut pas se permettre de dénoncer les gens et les garder en prison et dire qu’il a peur de venir s’expliquer devant les malfrats. Donc, il faut décerner un mandat d’amener pour qu’il vienne, par la force, expliquer les faits » a sollicité le procureur.

Une demande rejetée par le tribunal qui va ordonner de passer aux réquisitions et plaidoiries.

Dans ses réquisitions, le procureur a rappelé que, dans cette procédure, des témoins ont été cités mais aucun d’entre eux n’est venu apporter son témoignage. Selon lui, « le premier témoin qui devrait venir éclairer la religion du tribunal dit qu’il est aux côtés de son père, malade et alité à Dalaba. Le second, sur lequel le tribunal comptait beaucoup, dit qu’il ne peut pas venir sous prétexte qu’il a peur de s’exposer devant les malfrats. Je vous demande de faire application des dispositions 544 du Code de procédure pénale en renvoyant les accusés des fins de poursuite pour crime non constitué », a requis Bakary Camara.

Dans la même lancée, maître Emmanuel Bamba, avocat de la défense, va demander au tribunal de suivre les réquisitions du procureur en acquittant ses clients « pour crime non constitué ».

Dans sa décision, le tribunal va acquitter les quatre maçons « pour crime non constitué ». Ils recouvrent ainsi la liberté après avoir passé 5 ans et 7 jours de détention.

Saidou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 620 589 527/654 416 922

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