Les transporteurs désavouent leurs syndicats : « nous sommes obligés d’augmenter les frais de transport »

C’est une situation délicate pour les responsables nationaux des syndicats des transporteurs. Alors sont tombés d’accord avec le gouvernement pour ne pas augmenter les frais de transport suite à la hausse du prix du carburant, les acteurs sur le terrain s’opposent à ce compromis. Ces derniers ont décidé de revoir à la hausse les frais de transport en fixant eux-mêmes de nouveaux tarifs, a constaté Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Officiellement, l’augmentation du prix du carburant annoncée hier soir, n’a pas d’impact sur le coût du transport. A Conakry, le tarif du transport par tronçon est maintenu à 1500 francs pour les taxis. Mais sur le terrain, la réalité est toute autre. Ce mercredi, 4 août 2021, les chauffeurs de taxis font payer 2000 francs le tronçon. Selon eux, il est impossible d’appliquer la décision prise par le gouvernement en concertation avec les responsables des syndicats des transporteurs, relative au maintien des tarifs pratiqués avant l’augmentation du prix du carburant.

Amadou Tidiane Diallo, conducteur de taxi

« Le gouvernement a fixé le prix du litre de carburant à 11.000 francs guinéens, nous aussi, on a fixé le prix du tronçon à 2000 francs, au lieu de 1500 francs guinéens. Sinon on ne pourra pas s’en sortir. Si on met 20 litres à 220. 000 francs pour une recette journalière de 130. 000 francs, on ne pourra pas s’en sortir si on n’augmente pas les frais de transport. Donc, il faut forcément qu’on augmente le prix du tronçon de 1500 à 2000 francs. Et tout client qui vient, on le prévient que le transport est à 2000 francs avant qu’il ne monte », confie Amadou Tidiane Diallo, conducteur de taxi à Conakry.

Mamadou Lamarana Bah, conducteur de moto tricycle

Même son de cloche chez Mamadou Lamarana Bah, conducteur d’un tricycle à Conakry. Il annonce aussi avoir revu à la hausse le tarif par tronçon. « Ce que le gouvernement a fait n’est pas du tout normal, il veut semer la polémique entre les transporteurs et les passagers. Sinon, à partir du moment où ils ont augmenté le prix du carburant, ils devaient aussi augmenter les frais de transport. Mais comme ils ne l’ont pas fait, nous avons nous-mêmes fixé nos prix.

Au lieu de 2000 francs, le tronçon est à 3000 francs maintenant. Nous sommes des pères de familles, c’est ici qu’on gagne notre vie. Il y a certains même parmi nous qui conduisent des motos appartenant à d’autres personnes, donc ils doivent déposer une recette journalière. Donc, si le prix du carburant augmente, nous aussi, il faut qu’on augmente le prix du transport », a-t-il déclaré.

Oumar Camara, chauffeur Conakry-Dalaba

Cette situation ne concerne pas seulement le transport urbain. Oumar Camara, chauffeur de taxi qui roule sur la route Conakry-Dalaba, annonce aussi qu’il va augmenter les frais de transport. « La décision du gouvernement n’est pas bien réfléchie. Si le gouvernement ne peut pas nous aider, il ne devait pas au moins augmenter la souffrance de la population. Nous les chauffeurs, nous souffrons beaucoup. A cause du mauvais état des routes, nos véhicules tombent souvent en panne.

Aujourd’hui, tu peux enlever 50 millions de francs guinéens pour acheter un véhicule, il tombe en panne en moins de 6 voyages, parce que les routes sont très mauvaises. Au lieu de régler ce problème, le gouvernement augmente le prix du carburant. Donc, nous aussi, nous sommes obligés d’augmenter les frais de transport. Nous allons forcément augmenter, sinon on ne pourra pas travailler », a laissé entendre ce transporteur.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 620589527/664413227 

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