L’État veut encore imposer 20 francs de taxe sur les appels en Guinée : la FESATEL proteste

Abdoulaye Barry, secrétaire général de la Fédération Syndicale Autonome des Télécommunications (FESATEL)
Abdoulaye Barry, secrétaire général de la Fédération Syndicale Autonome des Télécommunications (FESATEL)

C’est une sortie qui risque de fouetter l’égo du ministre des postes et télécommunications. En réaction à l’arrêté N°457 en date du 29 mars dernier du ministre Oumar Saïd Koulibaly, la FESATEL (fédération syndicale autonome des télécommunications) dénonce une « décision sans fondement légal et dépourvu de caractère juridique » qui risque de pénaliser les à la fois les consommateurs et les employés du secteur des télécommunications en Guinée.

Pour la FESATEL cette décision du ministre viole la loi L/018 (portant réglementation du secteur des télécommunications en Guinée) et laisse planer une « grève » dans le secteur des télécommunications si cet arrêté est mis en application. À préciser que cet arrêté porte sur le prélèvement d’une redevance de 20 francs guinéens sur la tarification des appels téléphoniques en Guinée.

Interrogé hier, mercredi 28 avril 2021 par un reporter de Guineematin.com, Abdoulaye Barry, le secrétaire général de la FESATEL, a confié que le syndicat qu’il dirige a déjà saisi le département des télécommunications pour exprimer son opposition à la mise application de cet arrêté. Et, une rencontre s’est tenue hier, mardi 27 avril 2021, entre la FESATEL et les responsables de l’ARPT (autorité de régulation des postes et télécommunications) pour aplanir les « incompréhensions » dans cette affaire. Mais, apparemment, cette rencontre n’a pas permis de fléchir la position de la FESATEL sur le sujet. Car, le syndicat des télécommunications demande encore avec fermeté de « sursoir » à l’application de cette décision du ministre des postes et télécommunications.

« L’objectif de cette rencontre entre nous syndicats des télécommunications et les responsables de l’ARPT était de nous expliquer ce qui a motivé cet arrêté du ministre des postes et télécommunications. Vu que le ministre seul ne peut pas prendre une telle décision sans que l’ARPT ne soit saisie. C’est pourquoi, nous étions venus échanger avec eux et nous avons fait comprendre à monsieur le DGA de l’ARPT qu’ils doivent revoir l’arrêté et qu’on doit sursoir à son application. Parce que l’arrêté va d’abord en opposition avec la loi L/018 de 2015 en son article 79. Nous ne voyons pas le fondement légal et le caractère juridique de cette décision. Sinon, ça va impacter l’intérêt de l’emploi dans le secteur des postes et télécommunications. Parce que tout simplement cet arrêté N°457 parle du prélèvement d’une redevance de 20 francs la minute moins la TVA, moins la Tartel, des Fonds de service universel FSU et tout ce qui s’en suit », a confié Abdoulaye Barry.

A en croire le secrétaire général de la FESATEL, cet arrêté du ministre Oumar Saïd Koulibaly pourrait avoir de multiples conséquences si elle est exécutée.

« Cela veut dire que des milliards seront prélevés encore par État dans les intérêts des opérateurs de téléphonie mobile. Or, c’est cet argent qui permet aux patrons de payer leurs employés et d’investir dans l’innovation. Pendant que ces mêmes patrons paient déjà près de trois mille milliards en termes de taxe et de redevance dans le secteur des télécommunications. Mais, si toutefois ils appliquent cet arrêté, vu qu’ils nous ont dit que ces 20 francs seront prélevés chez les consommateurs, cela va s’en dire que quand cette taxe sera prélevée, c’est fort probable que les patrons de la téléphonie aussi pensent à augmenter les tarifications au niveau des appels téléphoniques. Parce que la répartition actuelle est claire. Sur les 540 francs prélevés par minute sur les appels, les 18% des TVA sont pris, la Tartel et FSU et le reste revient à l’opérateur. Si l’État prélève ces 20 francs, alors il reviendra aux opérateurs téléphoniques de se retrouver pour décider de ce qui a lieu de faire. D’où cet appel aux autorités. Nous invitons les ministres du travail et des postes et télécommunications à revoir cela pour l’intérêt des travailleurs et protéger l’emploi dans le secteur des postes et télécommunications… Mais, si le ministère des télécommunications maintien cet arrêté, nous (FESATEL) allons convoquer une assemblée générale au niveau de tous les travailleurs du secteur des postes et télécommunications pour leur expliquer le danger que représente cet arrêté sur leurs emplois. Donc, la décision, nous allons la prendre ensemble. La décision veut dire beaucoup de choses telles que la grève, le débrayage dans le secteur », a indiqué Abdoulaye Barry.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

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