LFR 2021 : baisse de la croissance, hausse de l’inflation et de la pression fiscale

L’Assemblée nationale a clôturé ce jeudi 2 septembre 2021, la session extraordinaire consacrée à l’adoption de la loi de finances rectificative de l’année.  Après examen et étude du texte présenté par le rapporteur général du parlement, il ressort que les hypothèses macroéconomiques révisées 2021 sont fortement modifiées, a constaté Guineematin.com, à travers son équipe de reporters déployée au Palais du peuple.

Les nouvelles prévisions portent sur un taux de croissance à 5,2% du PIB, un taux d’inflation moyen à 10,9% et une pression fiscale à 14,11% contre respectivement 5,5%, 8% et 13% en loi de finances initiale. Selon le document présenté par le rapporteur général de l’Assemblée nationale, Aboubacar Adama Sylla, les prévisions en recettes pour la LFR 2021, portent sur 25 783,96 milliards de francs contre une prévision initiale de 23 511,64 milliards, soit une augmentation de 2 272,31 milliards (9,66%). Les dépenses elles, vont passer de 27 739,07 milliards à 29 318,96 milliards de francs dans le projet de la loi de finances rectificative 2021, soit une augmentation de 1 579,89 milliards (5,70%).

Ces augmentations se justifient selon l’Honorable Aboubacar Adama Sylla par :

ü Le recrutement de 1500 fonctionnaires de police et de la protection civile non budgétisé en LFI ;

ü La forte croissance du salaire des magistrats accordé par les différents décrets de Monsieur le Président de la République ;

ü La prise en charge des primes d’incitation des enseignants en situation de classe suivant le protocole d’accord du 10 janvier 2020 ;

ü Les engagements et la prise en charge des contractuels de l’Etat nommés par Décrets et arrêtés conjoints

ü La dépréciation du Franc guinéen par rapport aux devises étrangères qui impacte le niveau des dépenses de personnel des représentations diplomatiques et des experts étrangers ;

ü L’augmentation des subventions en faveur de la Société Electricité de Guinée (EDG) ;

ü Les ajustements sur la dette viagère (pensions civile et militaire), le relèvement du niveau des transferts accordés à l’Agence Nationale d’Inclusion Economique et Sociale (ANIES) et la prise en compte de la première tranche au titre de l’année académique des bourses d’entretien des étudiants dans les établissements d’enseignement supérieur et le fonctionnement des universités publiques et des Instituts de recherches et 

ü La prise en compte des dépenses prioritaires dans le cadre de la réalisation des travaux d’urgence au titre d’entretien routier.

Pour honorer les engagements, le gouvernement se propose de demander plus de recettes aux principales régies financières, qui sont:

ü Direction Générale des Impôts : 10 174,14 milliards, soit un accroissement de 4,7%

ü Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité publique : 1 804,41 milliards, soit accroissement de 10,8%

ü Direction Générale des Douanes : 12 392,14 milliards, soit un accroissement de 14,27%.

Dans ce document de la LFR 2021, les députés ont formulé des recommandations et des observations, comme :

v L’appréhension des Députés pour la non prise en compte de certaines recommandations de la dernière session budgétaire notamment :

§  L’identification de nouvelles poches de recettes;

§  Le niveau de dégradation avancée du réseau routier;

§  Le loyer élevé des bâtiments occupés par certains départements et autres institutions;

v L’interrogation des députés relative à :

§  L’utilité de cette loi rectificative ;

§  la performance dans la réalisation globale des recettes dans cet environnement difficile ;

§  L’impact de la fermeture des frontières ainsi que la limitation de l’âge des véhicules à 13 ans sur les recettes douanières;

§  L’état de la subvention du carburant ;

§  La situation des redevances et amendes de pêche ;

§  La différence entre Direction Nationale  et  Direction Générale en termes d’attribution, de rôle et de responsabilité ;

§  la baisse de l’impôt sur les salaires ;

§  la réduction du  budget du secteur social et de l’environnement ;

§  l’augmentation du budget des investissements alors que les taux d’exécution en fin juin sont très faibles ;

§  La situation des prélèvements communautaires au niveau de la CEDEAO ;

Selon le Rapporteur général, l’Assemblée Nationale recommande au gouvernement l’implication des départements et autres Institutions concernés dans la révision des lignes budgétaires  mais également l’accélération de la mise œuvre  du Budget programme. 

Après cette présentation, les députés se sont relayés au micro pour poser des questions, allant de la lutte contre la corruption à la poursuite des chantiers ouverts comme les routes, en passant par la promotion de la bonne gouvernance et la maîtrise des dépenses publiques.

Le ministre du Budget, Ismaël Dioubaté, dans ses réponses s’est appliqué à convaincre la Représentation nationale à soutenir les modifications apportées à la loi de finances initiale de l’année. Même si certaines de ses réponses, notamment celles concernant la poursuite et l’achèvement des travaux routiers, ont fait sourire plus d’un élu. « D’ici 2024, l’affaire de route sera derrière nous », a-t-il clamé devant les Députés.

Au terme des débats, les députés, à l’écrasante majorité, ont répondu favorablement à l’appel des trois groupes parlementaires qui ont tous demandé d’accorder un vote favorable à la Loi de finances rectificative 2021.

Depuis l’Assemblée nationale, Mohamed Doré, Abdallah Baldé et Mariama Diallo pour Guineematin.com

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