Libération du journaliste Amadou Diouldé Diallo : Me Mohamed Traoré entre joie et colère

Me Mohamed Traoré, ex bâtonnier de l'ordre des avocats de Guinée
Mohamed Traoré

Comme annoncé précédemment, le journaliste et historien guinéen, Amadou Diouldé Diallo, a recouvré sa liberté ce mercredi, 19 mai 2021, après 82 jours de détention à la Maison centrale de Conakry. Ce doyen de la presse sportive de Guinée a été libéré juste après le verdict du Tribunal de Première Instance de Dixinn, qui l’a condamné au paiement d’une amende de 5 millions de francs pour « offense au chef de l’Etat ».

Après la libération de leur client, le collectif des avocats de la défense, par la voix de Me Mohamed Traoré, a exprimé une joie à « demi-teinte ». Car, souligne-t-il, le journaliste n’aurait pas dû aller en prison, au regard de la loi L002 portant liberté de la presse en République de Guinée. Me Traoré estime aussi que c’est à tort que le doyen Amadou Diouldé Diallo a été condamné à une peine pécuniaire, rapporte un journaliste de Guineematin.com qui était sur place.

« Nous avocats, nous sommes contents aujourd’hui que M. Amadou Diouldé Diallo retrouve sa famille, ses amis, et ses collègues. Mais c’est une joie à demi-teinte. Parce que comme nous l’avons toujours soutenu, M. Amadou Diouldé Diallo n’aurait jamais dû passer même une demi-journée en prison. Je pense qu’on ne peut pas nous taire sur cette violation grave de la loi. Ce n’est pas parce M. Amadou Diouldé Diallo rentre aujourd’hui à la maison que nous allons estimer que tout s’est passé dans les normes.

La loi sur la liberté de la presse a certes été appliquée, mais elle a été très mal appliquée. Et, ce qui est encore plus choquant, cette décision devait intervenir depuis le 28 avril 2021. En raison, semble-t-il, du boycott des audiences des cours et tribunaux par les avocats, cette audience n’a pas pu se tenir. Mais, c’est un argument qui ne tient pas la route. Parce que ce jour-là, cette audience aurait pu se tenir, malgré l’absence des avocats. Il suffisait simplement de faire comparaître M. Amadou Diouldé Diallo à la barre et lire la décision qui a été rendue.

Cette décision aurait même pu être déposée au greffe du tribunal. Et vous imaginez, du 28 avril au 19 mai, ça fait plus d’une vingtaine de jours. On est choqué de constater cette banalisation de la liberté des citoyens. C’est pourquoi, lorsque je vois des magistrats qui, avec toutes ces défaillances-là, veulent qu’on se mette à rire comme si de rien n’était, je suis personnellement choqué. Encore une fois, en ce qui concerne les avocats du collectif pour la défense d’Amadou Diouldé Diallo et d’autres d’ailleurs, nous continuerons à nous battre pour encore une fois que force reste à la loi.

Pour l’instant, la question de relever appel de cette décision ne peut être prise ou discutée ici. Nous allons en parler avec notre client parce qu’en matière pénale, nous ne faisons qu’assister notre client, nous ne le représentons pas. Si la volonté de M. Amadou Diouldé Diallo était que nous fassions appel, nous ferons appel conformément à la loi. Parce que, encore une fois, nous nous estimons que c’est à tort qu’il a été condamné », a déclaré Me Mohamed Traoré.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com
Tel : 620589527 / 6644132

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