Liberté de la presse en Guinée : « le constat a été amer en 2020 » (SPPG)

Diaraye Guirassy, secrétaire générale du SPPG

Pour le syndicat des professionnels de la presse privée de Guinée (SPPG), la liberté de la presse a été durement mise à l’épreuve au cours de l’année 2020 en Guinée. Interrogée sur le sujet par un journaliste de Guineematin.com, la secrétaire générale de cette organisation, Diaraye Guirassy, a déploré un constat amer dans ce domaine. Selon elle, les autorités guinéennes n’ont pas été tendres envers les médias, qu’elles ont souvent empêchés de faire correctement leur travail.

« Il y a eu beaucoup de cas de violations de la liberté de la presse en Guinée durant l’année 2020. Par exemple, jusqu’à présent, il y a les animateurs de l’émission Africa 2015 sur la radio Nostalgie qui sont assignés en justice. Ils ont un problème concernant la carte professionnelle de presse. Dans l’exercice de leur métier, d’autres journalistes ont été arrachés de force et emmenés à la Direction de la Police Judiciaire (DPJ). D’autres ont été cueillis dans la circulation sans le respect de la moindre procédure légale : c’est le cas de Marouane Camara qui a eu un problème avec un cadre de l’administration guinéenne.

Bien que le syndicat de la presse a poussé les pions de ce côté pour éviter cela, mais ça n’a pas empêché les autorités judiciaires d’agir de la sorte (…) Vous avez suivi l’affaire dite Nabagate où on parle d’un détournement de plus de 200 milliards de francs guinéens dont est accusée la ministre Djénab Nabaya Dramé. Aujourd’hui, les journalistes qui ont révélé l’information sont assignés en justice par la ministre alors qu’il y avait déjà une enquête en cours sur les révélations des médias. Donc, c’est une façon de censurer la presse, de faire taire les hommes de médias », a indiqué la journaliste.

Un autre fait qui a retenu l’attention du SPPG en 2020, c’est la modification de la loi L003 relative à la Haute Autorité de la Communication. Ce qui a permis de changer le mode de désignation du président de cette institution chargée de réguler les médias. Au lieu d’être élu par ses collègues, le président de la HAC est nommé désormais par le président de la République. Ce qui ne favorise pas le bon exercice de la liberté de la presse, estime Diaraye Guirassy.

« Si le président de la HAC est nommé par le président de la République, en termes d’impartialité, il y aura des inquiétudes à se faire. Puisqu’il pourrait être tenté d’être à l’écoute de celui qui l’a nommé dans la prise de certaines décisions. Ce qui est quand même un manquement à la liberté de la presse et à la liberté d’expression », soutient la secrétaire générale du syndicat des professionnels de la presse privée de Guinée.

Selon elle, toutes ces situations ont contribué à faire régresser la Guinée dans le classement de Reporters Sans Frontières en matière du respect de la liberté de la presse. « Vous avez vu le classement de Reporters Sans Frontières (RSF) qui classe la Guinée 110ème dans son rapport de 2020. Notre pays a reculé de trois points par rapport à l’année 2019. Ce qui veut dire qu’en matière de liberté de presse, le pays a beaucoup à faire », soutient notre consœur.

En 2021, le SPPG « souhaite que les journalistes ne soient pas censurés dans leur travail, qu’ils aient la main libre dans l’exercice de leur métier. Et c’est pourquoi d’ailleurs, nous demandons aux journalistes en exercice d’être professionnels dans leur façon de faire. Nous souhaiterions également que la collaboration entre journalistes et services de défense et de sécurité s’améliore. Déjà, il y eu un projet qui a été couronné il y a quelques semaines et qui va dans ce sens », annonce Diaraye Guirassy.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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