Ligue 1 de football : bienvenue au Loubha FC de Télimélé dans l’élite !

Il aura fallu plusieurs années de travail sans relâche pour parvenir à ce résultat. Entre les profondeurs abyssales de la division nationale et le ventre mou de la Ligue 2, si ce n’est carrément le forfait, le Loubha FC de Télimélé a patiemment emprunté l’échelle de l’effort pour enfin parvenir à intégrer l’élite du football guinéen.

Cette performance, Télimélé tout entier la doit à l’engagement et à la détermination d’un homme qui s’est voulu porteur de l’héritage de son grand frère, feu Amadou Barry « Katoumba », capitaine et libéro de charme de ce qu’était le Télé FC.

Mohamed Barry, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a volontairement pris les rênes du Loubha FC, la nouvelle appellation de l’équipe comme pour être en phase avec ce qui symbolise le mieux la préfecture de Télimélé, le renommé col de Loubha, dont la dangerosité n’a d’égal que celui de Sita entre Labé et Koundara.

Cependant, l’euphorie jubilatoire et les effluves populaires de cette montée en ligue 1 ne doivent pas nous faire oublier le fait que c’est maintenant que le plus dur commence. Car il ne s’agira pas d’entrer dans la loge par la grande porte et d’en sortir dans la matinalité du laitier par la petite porte.

Autrement dit, la régularité et la constance doivent faire partie des priorités du club dans l’affichage de ses ambitions, celles d’être sacré champion de

Guinée pour aller à la conquête de l’Afrique. Mais, avouons-le tout suite, cela suppose une forte mobilisation de tous les fils de Télimélé et de leurs ressources tant matérielles que financières pour installer durablement le Loubha FC au trône. Lui, qui constitue aujourd’hui la semence de la reconstruction pour servir de vitrine à l’image de notre préfecture, pour qui connait la popularité et le prestige du football, devenu de nos jours une véritable religion des temps modernes.

Imaginez tant soit peu ces dimanches parés de football au terrain de football de Télimélé, avec cette mosaïque de couleurs d’un public aux anges, venu de la ville et de ses environs pour apporter son soutien à son équipe et vivre aussi le beau football en respectant l’adversaire.

Justement à ce niveau, une importante sensibilisation s’impose. Car par deux fois, le public de Télimélé a envahi le terrain, molesté les arbitres et causé des dégâts matériels importants. Ce qui a poussé la ligue de football professionnel à prendre des sanctions sévères et justifiées contre le Loubha FC, parmi lesquelles la délocalisation de ses matchs à Kindia.

La ligue 1 est un autre palier et un autre grade de tolérance 0 pour tous ceux qui violent les textes régissant son fonctionnement. Autant donc pour le Loubha FC, ses dirigeants et tous les segments de la vie active de Télimélé de ne pas se laisser emporter par la passion et les émotions, au risque de compromettre les chances de maintien et de progression du club.

Aussi, serait-il important de créer et d’entretenir une pépinière essentiellement constituée de jeunes plants issus de la localité dont des impératifs de famille, de scolarité ou de travail fixent durablement à Télimelé. Ce qui aura l’avantage de constituer une bonne réserve pour le Loubha FC et de palier les mouvements parfois imprévus des joueurs venus d’ailleurs à la faveur des mercatos ou de cas de force majeure tout simplement. Sans ces préalables, à mon avis, il est à craindre que cette montée du Loubha FC en ligue1 ne soit saisonnière.

On dit souvent que c’est de la vieille corde qu’on tisse une nouvelle. Cela nous amène à rendre des hommages appuyés à tous ceux qui ont participé à la création, à l’animation et à l’affirmation du Télé FC hier et du Loubha FC aujourd’hui. Fils de Télimélé ou y ayant vécu dans le cadre de l’exercice de fonctions administratives.

Ceux dont le limon de Télimélé entre dans la composition de la chair (Mawdho l’attaquant solitaire des années 60, Zito, Katoumba, Perez, Younoussa Goulgoul sans oublier les arbitres Barry de Kollet et maitre Bamus) etc…

Et les seconds parmi lesquels, le bouillant secrétaire général du comité régional de la JRDA, général Mouk Baldé, les gouverneurs Bah Thierno Ibrahima, Docteur Alpha Oumar Barry, Elhadj Salimou Cissoko, Momo Bangoura, Seydou Keïta pour ne citer que ceux-là.

A ces illustres fils de la Guinée, viennent s’ajouter d’autres comme Moussa Solano, Aly Kania Bangoura, Naroumba Condé, Mohamed Traoré, Fodé Souaré, Mamadi Koulibaly, dont l’abnégation a fait de Télimélé une destination prisée.

Toute chose que le Loubha FC devrait s’atteler à faire revivre et pérenniser en servant de locomotive tirant plusieurs wagons remplis de passagers embarqués dans toutes les gares d’arrêt, en partance pour la ville à cheval entre la Basse et la Moyenne Guinée.

Comme le TP Mazembe et son cuivreux Lubumbashi, l’étoile du Sahel et sa Sousse émeraude de la Tunisie, le Wydad et sa mégapole casablancaise ou encore Al Ahly et son Caire des Pyramides, le Loubha FC peut en faire des références et des exemples pour obliger ses adversaires et le football à désormais écrire Télimélé en gras sur la carte de la Guinée.

Pour y arriver, le Loubha FC doit apprendre Ces deux leçons :

1- les terrains de foot ne sont pas des pistes de défilés de mode.

2- les seuls canons qui vaillent doivent être issus de l’artillerie et non de l’esthétique.

Bon vent au Loubha FC de Télimelé !

Amadou Diouldé Diallo, journaliste-historien

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