L’ONG MDT dresse le bilan de 2020 : « c’est l’année qui a remis en cause les acquis démocratiques… »

Maitre Frédéric Foromou Loua, président de l'ONG Mêmes Droits pour Tous (MDT)
Maitre Frédéric Foromou Loua, président de l’ONG Mêmes Droits pour Tous (MDT)

Que retenir de l’année 2020 en matière des droits de l’homme en Guinée ? Le président de l’ONG Les Mêmes Droits pour Tous (MDT) a répondu à cette question dans un entretien avec un journaliste de Guineematin.com, ce samedi 2 janvier 2021. Maître Frédéric Foromo Loua indique que 2020 a été une année sombre, pendant laquelle les avancées obtenues en matière des droits de l’homme en 2010 ont été remises en cause.

 

« 2020, c’est l’année au cours de laquelle des élections dites législatives, référendaires et présidentielles ont été organisées sur fond de violences et de violations graves des droits de l’homme. C’est l’année, hélas, qui a consacré le recul démocratique. Elle a remis en cause des acquis démocratiques de la douloureuse transition politique de 2010. Nous avions élaboré une constitution en 2010 qui était censée jeter les bases d’une nouvelle démocratie en Guinée. Malheureusement, 2020 a été l’année au cours de laquelle, cette constitution a été remise en cause dans un contexte de violation des droits de l’homme et de restriction des libertés.

 

C’est également l’année au cours de laquelle le monde entier y compris la Guinée a affronté cette crise sanitaire (Covid-19) sans précédent. Une crise qui a amené à restreindre certaines libertés fondamentales, notamment la liberté d’aller et de venir, la liberté de mouvement. C’est l’année au cours de laquelle des amendes ont été infligées à nos concitoyens pour n’avoir pas respecté les mesures sanitaires qui servaient à lutter contre la maladie. Donc, 2020 a été une année difficile, une année au cours de laquelle les acquis démocratiques ont été remises en cause », a affirmé le président de l’ONG Les Mêmes Droits pour Tous.

 

L’activiste des droits de l’homme cite également les multiples arrestations d’opposants, dont plusieurs centaines sont détenus encore à la maison centrale de Conakry. Il interpelle la justice guinéenne à prendre ses responsabilités sur cette question. « La justice doit être impartiale. La justice doit être pour tout le monde. La justice doit pouvoir exercer sans aucune influence ou ingérence extérieure. Il y a actuellement assez de personnes en prison, toutes catégories de personnes.

 

Des détenus politiques et des détenus de droit commun foisonnent actuellement dans les geôles guinéennes. Donc, dans ce cadre, le défi pour la justice est grand. Parce que c’est l’image de la Guinée qui est en jeu. C’est le message que cette justice va envoyer au monde entier qui est important. Donc, nous devons pouvoir exercer la justice conformément aux lois de la République. Et, tous les détenus y compris politiques dont la détention n’est pas justifiée doivent être libérés », a dit Me Frédéric Foromo Loua.

 

L’avocat espère que le tir sera rectifié et que l’année 2021 qui commence sera différente de cette écoulée. « Nous nourrissons l’espoir que 2021 sera différente de 2020. Nous osons croire que les autorités ont tiré les leçons de toute cette situation regrettable et que 2021 va être différente pour que la Guinée renoue avec la démocratie et ses engagements internationaux. Il faut éviter de répéter les maux de 2020. Parce que nous savons que l’histoire répète toujours en Guinée sans que les esprits ne s’asseyent pour tirer les leçons et voir dans quelle mesure le pays peut sortir de ce cercle vicieux », a dit le président de l’ONG MDT.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

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