L’or de Gaoual, exonérations, recettes… les annonces du ministre du Budget au Parlement

Ismaël Dioubaté, ministre du Budget
Ismaël Dioubaté, ministre du Budget

Après avoir présenté le document de cadrage budgétaire pluriannuel 2022-2024 la veille, dans le cadre du débat d’orientation budgétaire (DOB), le Ministre du Budget, Ismaël Dioubaté, est revenu, hier, samedi 3 juillet 2021, devant les députés pour répondre aux préoccupations soulevées pendant les débats, a constaté le journaliste de Guineematin.com qui suit les débats à l’Assemblée nationale.

Évolution du budget, le train de vie de l’Etat, la dégradation de l’environnement, la découverte d’or à Gaoual, la corruption, l’hôpital Donka, cas du secteur privé, du Code général des impôts, les infrastructures, les exonérations accordées à certaines sociétés, l’éducation, la santé, la maîtrise de la pandémie du covid-19, le doublement des recettes à l’horizon 2024… ce sont entre autres questions que les députés ont posées au ministre du Budget.

En ce qui concerne l’évolution du budget, notamment des recettes de l’Etat et le solde, Ismaël Dioubaté, en économiste aguerri, a expliqué aux députés le concept de solde de base, actuellement à 13 %.  L’ambition du gouvernement est de porter ce taux à l’horizon 2024  à 18% et de miser sur 20 % plus tard qui est le taux moyen dans l’espace de la CEDEAO.

L’autre question lancinante était liée au taux de croissance. Dans le document du cadrage macroéconomique, ces hypothèses vont de 5,4 % en 2022 et 5,3 % pour 2023 et 2024, alors que le taux de croissance réel en 2020 est de 7,1%. Le ministre  a expliqué que pour le cas guinéen, le taux de croissance est porté par les mines. Se voulant réaliste, il a dit aux députés, chiffres à l’appui, avec 80 millions de tonnes d’exportation de la bauxite par an, qu’il ne s’attend pas à de gros investissements dans le secteur avant 2026. Mais en 2026, avec l’arrivée du Simandou dans le secteur, ce taux de croissance pourra à nouveau augmenter significativement.

De la réduction du train de vie de l’Etat, le ministre soutient que depuis 2018, le titre 3 du budget, relatif au fonctionnement des départements est amputé de 20% pour accorder le strict minimum.

Contrairement à ce que pensent beaucoup de citoyens sur la déperdition des taxes et impôts, Ismaël Dioubaté soutient que tout ce qui est importé en Guinée est taxé. Ces sont les impôts indirects qui ne sont pas payés. Mais, promet le ministre du Budget, tous les restaurants, les pharmacies, les supérettes sont recensés. Les gens paient les droits de douane, ils ne paient pas les impôts à l’intérieur. C’est de cela qu’on va s’occuper désormais et réduire les déperditions de l’impôt.

Par rapport à l’épineuse question des exonérations, récemment soulevée par le FMI, le Chef du département des impôts, prend un engagement devant les élus du peuple. C’est celui de rester fidèle à la loi.

« Le 27 avril 2021, j’ai pris un arrêté suspendant toutes les exonérations qui n’obéissent pas aux règles. Il y a beaucoup de Conventions qui dérogent au Code des investissements que nous sommes en train d’analyser un à un », a souligné le ministre.

Sur les menaces qui planent sur le budget. Le ministre évoque principale menace, la pandémie liée au Covid-19 avec tous les risques endogènes possibles. Les autres risques, souligne-t-il, sont idéologique.

Naturellement, la préfecture de Gaoual, nouvelle zone aurifère du pays, s’est invitée dans les débats. Mais pour le ministre, Gaoual est un phénomène que le gouvernement ne maîtrise pas. «  Gaoual est un phénomène qu’on ne maîtrise pas d’abord. Par ce qu’il n’y a aucune étude qui prouve qu’il y a de l’or dans cette préfecture. Il faut approfondir les études pour répondre à toutes ces interrogations », a-t-il soutenu.

Par rapport à la protection de l’environnement, Ismaël Dioubaté appelle à l’engagement citoyen.

« J’ai fait une mission en Sierra Léone, j’ai constaté que de Pamélap jusqu’à la frontière avec le Liberia, je n’ai vu aucun feu de brousse du côté léonais et par endroit même il y a des arbres plantés. L’aspect climatique dans le pays, n’est pas une question des Nations Unies. La question est locale. Il faut absolument qu’on mette fin aux feux de brousse et à la coupe abusive du bois. Vous les élus du peuple, vous devez nous aider à ce niveau auprès de vos mandants. Avec les fonds FODEL et d’ANAFIC, il faut mettre au sein des politiques et décentralisations le reboisement et contrôle de la coupe du bois. C’est intéressant », conseille Ismaël Dioubaté.

Plus loin, le Chef du département du Budget a évoqué l’option entreprise par le Président de la république d’améliorer sensiblement les recettes de l’Etat, en passant du simple au double.

« Le doublement des recettes en 2022, c’est possible. Cette année, nous sommes passés à 50% en 2022, nous serons à 100 %. Nous serons dans la logique du Président qui pense qu’il y a assez de niches, il faut aller les chercher. Avec les institutions financières internationales, plus vos côtes sont élevées et plus vous avez la facilité à lever des fonds avec les bailleurs. Pour preuve, je vous donne un seul segment du Guichet unique. C’est-à-dire le DDI et le DDE. Avant le Guichet unique c’était entre 340 millions à un milliard. Aujourd’hui, la moyenne est de 19 milliards. Ma conviction est que si on vous dit de faire 10, battez-vous à faire 20… », a martelé le ministre qui a également laissé d’autres segments de cette question à la charge du ministre de l’économie et des finances et du gouverneur de la Banque centrale..

Le tronçon Labé-Madina Ghounass, lancé depuis de 13 ans, garde toujours 25 km, non achevés du côté guinéen. Sans ambages, Ismaël Dioubaté, parle de honte. « Il nous a vraiment manqué de suivi. On va faire l’effort pour terminer cette partie. Parce que c’est vilain et c’est une honte… »

En ce qui concerne la situation de l’hôpital Donka, l’Etat veut le mettre en Concession pour sa gestion, a révélé le ministre. Parce que simplement selon lui, il y a beaucoup de cliniques à Conakry qui fonctionnent avec le matériel pris dans cet établissement sanitaire. « Le Président qui a fait entièrement rénové et équipé l’hôpital Donka, ne veut pas prendre le risque de perdre ces équipements ultra modernes ».

Pour les questions relatives aux primes accordées aux Gouverneurs, préfets et Sous-préfets, à travers l’ANAFIC, le plaidoyer en direction des élus locaux, notamment des maires, ne passe pas aux yeux du patron du Budget.

« Les maires sont les gestionnaires de la cité et ont d’autres recettes qui les permettent de vivre. Ce qui n’est pas le cas pour les administrateurs territoriaux », a asséné le ministre

Du secteur privé, Ismaël Dioubaté, n’est pas tendre. Il a dénoncé la fausseté de certains opérateurs qui établissent habituellement trois bilans.

Un bilan pour les Banques où ils les font miroiter que tout est bon. Un deuxième pour l’administration où ils ressortent le cataclysme et le troisième, le réel aux actionnaires. Message de fermeté à l’endroit du secteur privé. Désormais il nouvel outil est en gestation pour établir tout bilan. Ce sera en ligne et conforme aux normes actuelles en la matière.

Pour le ministre du budget, l’Etat fera son rôle pour l’épanouissement secteur privé guinéen. « Tous les instruments et mécanismes qui doivent favoriser leur essor seront pris. Mais l’Etat sera exigeant sur les mécanismes de contrôle et de gestion. Un secteur privé c’est avec de grands banquiers et de projets structurants », a martelé Ismaël Dioubaté.

Avant de céder le parloir au ministre de l’économie et des finances, avec lequel il soutient avoir de très bons rapports de collaboration, le ministre du Budget a fait un clin d’œil à la société civile. « J’aurai souhaité que Dr Dansa Kourouma soit dans la salle. Il sait pertinemment que le budget qu’il nous a soumis cette année a été doublé. Soyons sérieux, la société civile ne participer à l’élaboration du budget. Ce n’est pas son rôle. Et nous connaissons comment fonctionnent la plupart de ces organisations. Elles sont nombreuses à s’affilier aux partis politiques si elles ne sont pas entièrement membres. Cela doit cesser… », a conclu le ministre.

Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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