Lutte contre la traite des personnes : des cadres guinéens et ivoiriens en concertation à Conakry

Alessandro Rabbiosi, directeur régional du ALTP

Une trentaine de cadres guinéens et ivoiriens prennent part à un atelier régional de concertation à Conakry qui s’est ouvert hier, mardi 12 janvier 2021, à Conakry. Initiée par Expertise France sur le financement du Fonds fiduciaire d’urgence (FFU) de l’Union européenne et la France, cette rencontre vise à mieux coordonner les actions de lutte contre la traite des personnes et les pratiques assimilées le long des frontières des deux pays, a appris Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Pendant les trois jours que vont durer les travaux, il sera question de renforcer les capacités techniques des membres du Comité national de lutte contre la traite des personnes et pratiques assimilées (CNLTPPA) de la Guinée sur les thématiques du Cadre juridique international et national de la lutte contre la traite des personnes, l’identification, le référencement et la prise en charge des victimes de traite, avec l’appui du Comité national de lutte contre la traite des personnes (CNLTP) de Côte d’Ivoire et de Human trafficking secretariat (HTS) du Ghana.

Aboubacar Sidiki Camara, président du CNLTPPA

Dans son intervention, Aboubacar Sidiki Camara, président du CNLTPPA, a expliqué le bien-fondé de cette rencontre. « Nous avons estimé qu’il fallait mettre en place ce cadre de dialogue avec nos homologues de la Côte d’Ivoire vu le flux migratoire entre les deux pays. Vous n’êtes pas sans savoir que ces deux pays partagent des frontières et que des guinéens qui se déplacent pourraient être soumis à des pratiques qui rejoignent la traite des êtres humains.

C’est pourquoi, nous avons voulu que désormais, toutes les actions que nous allons développer soient faites de concert avec nos homologues ivoiriens. Et c’est ce qui fait que nous avons sollicité du bureau sous régional du projet à Abidjan, la création de ce cadre de concertation afin qu’on puisse définir les stratégies qu’il faut pour mettre fin à la traite transfrontalière entre nos deux pays », a-t-il expliqué.

Ce cadre d’échange entre guinéens et ivoiriens s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du projet d’appui à la lutte contre la traite des personnes (ALTP) dans le Golfe de Guinée (Guinée, Côte d’Ivoire, Ghana, Togo, Bénin et Nigéria). Un projet financé par le FFU et exécuté par Expertise France.

Alessandro Rabbiosi, directeur régional du ALTP

« Il s’agit de commencer une réflexion, une discussion d’ensemble pour partager les bonnes pratiques, les expériences de chacun et voir si ensemble on peut développer un parcours commun pour être plus efficace dans tout ce qui est lutte contre la traite des personnes dans nos régions. La traite des personnes est une composante transfrontalière de mobilité qu’il faut aborder avec la coordination et la participation de tout le monde », a expliqué Alessandro Rabbiosi, directeur régional du ALTP d’appui à la lutte contre la traite des personnes dans le Golfe de Guinée.

Parmi les aspects qui seront abordés au cours de ces travaux, figurent les facteurs qui rendent difficile la lutte contre la traite des personnes. Il s’agit notamment du démantèlement des réseaux des trafiquants et la remise des victimes dans leurs droits, selon Dr N’Guettia Martin, secrétaire exécutif du Comité interministériel de lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants de Côte d’Ivoire.

Dr N’Guettia Martin, secrétaire exécutif du Comité interministériel de lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants de Côte d’Ivoire

« La difficulté dans un premier temps, c’est d’abord mettre un frein à l’action des personnes qui s’adonnent à cette activité de trafic. Et la deuxième difficulté, c’est de permettre aux victimes de retrouver véritablement leurs droits. Cela demande énormément d’investissement pour pouvoir leur donner un statut social normal », a laissé entendre Dr N’Guettia.

Idrissa Sané, chef de cabinet du ministère guinéen de l’Action sociale et des personnes vulnérables

Présent à la cérémonie d’ouverture de cet atelier, le chef de cabinet du ministère guinéen de l’Action sociale et des personnes vulnérables. Idrissa Sané s’est réjoui de l’organisation de cadre d’échange. « Notre pays est beaucoup avancé dans ce système de lutte contre la traite des personnes et des pratiques assimilées. Aujourd’hui, notre attente, c’est d’élargir un peu plus au-delà de la Guinée pour mener ensemble des actions concertées et persévérantes à tous les niveaux afin qu’on puisse endiguer ce fléau qui fait du mal à nos populations, surtout les femmes et les enfants.

Comme vous le savez, la traite de personnes se passe très souvent au niveau des frontières. Il y a plusieurs genres de traite à ce niveau. On prend les femmes pour les exploiter soit dans les bars, dans les champs, les enfants dans les mines, dans les travaux domestiques, etc. Des enfants qui ne sont même pas scolarisés et qui font des activités qu’ils ne devraient pas faire. C’est pourquoi cette rencontre d’échange est très salutaire », a dit M. Sané.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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