Makanera Kaké sur le sermon du grand imam: « on s’attaque aux faibles, alors que l’islam les défend face aux plus forts »

Comme dans les autres pays, à Conakry, les musulmans ont célébré l’Aïd-el-fitr avant-hier, dimanche 25 juin 2017. A cette occasion, beaucoup d’imams ont dénoncé les problèmes qui assaillent notre société, notamment la corruption. Devant le Président Alpha Condé, le premier imam de la grande mosquée Fayçal, Elhadj Mamadou Saliou Camara, a dénoncé plusieurs maux de notre société dont les raquettes des policiers dans les rues.

Cette sortie de l’imam a attiré l’attention de l’ancien ministre de la Communication, Alhousseyni Makanéra Kaké qui a parlé de « manque d’information » de part de l’imam. « J’ai suivi particulièrement le grand imam de la mosquée Fayçal qui a parlé de la corruption. Je sais qu’il est animé d’une bonne foi ; mais, il y a certaines informations qui lui manquent. Je voudrais attirer l’attention de tous ceux qui luttent contre la corruption pour leur dire qu’en Guinée, il y a deux types de corruption. La corruption de subsistance et la corruption de luxe. La dernière entraîne la première. Tant que la corruption de luxe existe, on ne peut pas lutter contre la corruption de subsistance », a-t-il dit.

Revenant sur les raquettes dont sont victimes les chauffeurs de la part des policiers, l’ancien ministre dit ne pas vouloir défendre les policiers ; mais, il attire l’attention de l’imam sur le salaire que touche un policier. « Je ne suis pas là pour défendre les policiers ; mais, je cherche à connaître le mobil et proposer des solutions contre ces raquettes. Je voudrais attirer l’attention de notre imam pour lui dire que le policier débutant a à peine un million de francs guinéens. Lorsque vous donnez un million à quelqu’un et vous lui imposez de venir travailler tous les jours ; il a une famille, il doit payer la location, assurer l’éducation des enfants, les frais de santé de la famille, etc. vous lui créer une situation difficile. Vous le mettez en situation de pré-criminalité », a expliqué l’ancien ministre.

Pour appuyer ses arguments, Alhousseyni Makanéra Kaké a fait recours à ce que dit l’islam pour celui qui travaille dans une entreprise de production d’alcool. « Même en islam, lorsque vous travaillez dans une usine qui fabrique de l’alcool, on ne vous demande pas d’abandonner directement votre travail pour ne pas mettre en péril votre famille. On vous demande de trouver un autre boulot. En attendant, vous continuez à travailler dans cette usine », a-t-il prêché.

Faisant allusion aux dirigeants du pays qui distribuent de l’argent dans les quartiers et autres cérémonies, l’ancien ministre devenu opposant estime que dans notre pays, personne n’est malheureusement choqué ce phénomène. « Des directeurs qui gèrent les régies financières de l’Etat distribuent des centaines de millions en Guinée. Des gens qui étaient avec vous dans les quartiers et qui n’avaient rien. Ils partaient quémander 10 litres d’essence. Nommés directeurs, ils deviennent les plus riches dans le quartier. Personne n’est choqué ! C’est comme pour dire que celui qui prend un peu est maudit et celui qui prend beaucoup est béni. Je crois que devant le Président de la République, l’imam devrait insister sur le fait qu’on ne doit pas utiliser l’argent du pays comme une propriété privée », estime l’ancien ministre de la Communication.

Selon Alhousseiny Makanéra Kaké, le problème de notre pays est qu’on ne s’attaque qu’aux faibles, alors que l’islam même les protège contre les forts. « Aujourd’hui, quand il s’agit de la police, tout le monde critique et on oublie que l’armée a 14 mille milliards comme budget, personne n’en parle. On ne sait pas comment cet argent est dépensé. Mais, puisque ceux-ci on les armes, les cannons et les bazookas, même ceux qui sont les plus hauts placés dans le pays n’en parlent pas », a-t-il dénoncé.

Entretien réalisé et traité par Mamadou Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél. : 622 68 00 41

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