Marché de Bordeaux (Kankan) : le rêve brisé de nombreux citoyens

Mariame Souaré, maitresse d’un atelier de couture

Il y a un peu plus de quatre ans, naissait un grand espoir à Bordeaux, un quartier périphérique de la commune urbaine de Kankan. De nombreux habitants de cette localité éloignée du centre-ville ont pensé que leur rêve d’avoir enfin un marché chez eux est sur le point de se réaliser. Mais cet espoir s’est transformé aujourd’hui en une véritable désillusion, puisque le marché en question n’a toujours pas vu le jour, rapporte le correspondant de Guineematin.com à Kankan.

En 2017, de nombreux chantiers ont été lancés à Kankan, en prélude à la célébration du 58èmeanniversaire de l’indépendance de la Guinée, qui était prévue dans cette ville. Parmi ces chantiers, figure la construction du marché de Bordeaux. Le lancement de ces travaux avait suscité joie et espoir dans cette localité située en périphérie de la ville de Kankan. Car ce marché mettrait fin au calvaire des habitants de ce quartier, obligés de parcourir des kilomètres pour aller faire leurs achats au centre-ville. Mais plus de quatre ans plus tard, le désenchantement est total à Bordeaux.

Mariame Souaré, maitresse d’un atelier de couture

En effet, les travaux sont à l’arrêt depuis longtemps, et le chantier semble être passé aux oubliettes. « Les travaux sont à l’arrêt depuis un bon moment. Les travailleurs ont disparu, ils ne sont plus revenus. Pendant ce temps, on continue de souffrir ici. Pour quitter ici et aller au centre-ville, on est obligé de payer 10 000 francs comme frais de transport. Chaque fois, on entend que l’entreprise est en route pour venir achever les travaux, mais on ne voit rien », a déclaré Mariame Souaré, couturière au quartier Bordeaux.

Moussa Keïta, un des doyens du quartier

Plutôt que de soulager les habitants de Bordeaux, ce marché en chantier est devenu aujourd’hui un lieu de dépravation. C’est en tout cas ce qu’explique le doyen Moussa Keïta, un habitant du quartier.  « Suite à l’arrêt prolongé des travaux, des voleurs sont venus arracher certaines portes et les emporter. C’est moi qui ai acheté les antivols, puisque je n’habite pas loin d’ici. Souvent, je viens chasser les gens ici, parce qu’il y a certains qui viennent se soulager ici, d’autres viennent pour fumer du chanvre indien et la nuit, il y a des jeunes et des filles qui se rencontrent ici pour satisfaire leur libido. Notre vœu, c’est la finition de ces travaux. Alpha Condé doit nous aider dans ce sens », a dit ce vieil homme.

Famoudou Diawara, chef du quartier Bordeaux

Mais, pourquoi ces travaux sont-ils à l’arrêt ? Pendant que certains laissent entendre que c’est l’ingénieur qui s’est enfui avec l’argent, le chef de quartier, lui, dit ne pas connaître grand-chose de l’affaire.  « Je ne connais même pas le nom de l’entreprise qui exécutait les travaux, parce que le quartier est très loin de ça. Le contrat a été ficelé avec le gouvernement. Nous on a vu l’entrepreneur comme ça, et il a disparu comme ça. Vous savez, ces entreprises n’ont pas de compte à nous rendre. Ce qui nous intéresse, c’est que le travail soit fini », a dit Famoudou Diawara, le chef du quartier Bordeaux.

A noter que ce sont deux marchés qui ont été offerts à la commune urbaine de Kankan dans le cadre des préparatifs de la célébration du 58ème anniversaire de l’indépendance nationale. Tandis que celui de Bordeaux est en souffrance, le marché de Kankan-Koura, lui, a déjà été inauguré.

De Kankan, Abdoulaye N’koya SYLLA pour Guineematin.com

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