Marche funèbre du FNDC : voici le film de l’événement

Comme annoncé précédemment, les onze jeunes tués lors des manifestations contre un troisième mandat pour le président Alpha Condé des 14, 15 et 16 octobre dernier, ont rejoint leur dernière demeure. Ils ont été inhumés ce lundi, 04 novembre 2019, au cimetière de Bambéto. Retour sur toutes les étapes de ces funérailles assez mouvementées avec un reporter de Guineematin.com qui a suivi le cortège funèbre.

Après les avoir retenu pendant plus de deux semaines et les avoir fait tourner avec des allers-retours entre la morgue de l’hôpital Ignace Deen de Conakry et l’hôpital sino-guinéen, les autorités guinéennes ont finalement rendu les corps des victimes à leurs familles pour qu’ils puissent être enfin inhumés. C’est en fin de matinée de ce lundi que les 11 corps sont arrivés à l’hôpital sino-guinéen situé dans le quartier Kipé, où attendaient les parents des victimes ainsi que plusieurs responsables et partisans du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC).

Peu avant l’arrivée des corps, des agents de la Brigade de Recherche de Kipé, sous les ordres de leur commandant, ont demandé aux journalistes présents dans le centre hospitalier de quitter les lieux. Ce qui a irrité les parents des victimes, qui ont aussitôt réagi : « laissez les travailler ! Laissez les montrez ce que le régime d’Alpha Condé a fait ! » Criaient certains d’entre eux.

Après un grand brouhaha, les forces de l’ordre vont finir par céder. Quelques minutes seulement après, précisément à 10 heures 10 minutes, les ambulances transportant les corps des jeunes ont commencé à rallier la morgue de l’hôpital. Un moment plein d’émotions pour les parents de victimes, qui n’ont pas manqué de pleurer et de dénoncer le régime. « Ah Alpha Condé ! Ah ce sont tes morts ! C’est ce que tu as décidé ! » Disaient-ils en sanglots.

A 11 heures 5 minutes, le président de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo, accompagné de son épouse, Hadja Halimatou Dalein Diallo, et d’une importante délégation de son parti, est arrivé sur les lieux. D’autres leaders du FNDC l’ont rejoint peu de temps après. Il s’agit de Me Abdoul Kabélé Camara, président du RGD; Sidya Touré, président de l’UFR ; Fodé Bangoura, président du PUP ; Foniké Mengué, coordinateur national par intérim du FNDC, Abdoulaye Oumou Sow, coordinateur de la communication du FNDC entre autres.

Après l’identification et la couverture de chaque par le drapeau national, le cortège funèbre a quitté l’hôpital sino-guinéen pour Bambéto. Cela avec des slogans comme « Alpha Condé assassin ! A bas la nouvelle constitution ! Alpha zéro ! Justice pour nos morts ! Vive l’actuelle constitution ! ». Tout allait bien jusqu’au niveau de la Compagnie Mobile d’Intervention et de Sécurité (CMIS) de Kapro-Rails. Là, des échauffourées ont éclaté entre les agents des forces de l’ordre qui étaient à bord d’un pick-up de la police posté en face de Prima Center et quelques jeunes qui étaient mécontents de la mort de leurs collègues.

Après un bref échange de jets de pierres contre gaz lacrymogènes, la sécurité interne du FNDC a réussi à faire baisser les tensions et ramener le calme. Le cortège funèbre a continué donc sa marche vers Bambéto. Il a traversé des PA, la Brigade de Répression du Banditisme (BRB), la CMIS et le poste de gendarmerie situés sur le long de la route sans aucun incident. Mais, à une cinquantaine de mètres du rond-point de Bambéto, des tirs de gaz lacrymogènes et même de balles ont retenti, provoquant la débandade totale sur les lieux.

Ensuite, des pick-up de la police ont commencé à pourchasser les partisans du FNDC qui accompagnaient le cortège. Un camion à eau est également intervenu pour disperser ceux qui résistaient. Après une vingtaine de minutes d’affrontement avec les jeunes, les forces de l’ordre ont replié. Ce qui a permis aux leaders du FNDC de continuer leur chemin jusqu’à la mosquée de Bambéto. Seulement, au moment où s’effectuait la prière de 14 heures, des policiers sont intervenus à nouveau à coups de gaz lacrymogènes et de tirs de sommation, perturbant même la prière.

du gaz lacrymogène tiré à l’intérieur du cimetière de Bambéto

Plusieurs personnes qui priaient à l’extérieur de la mosquée ont dû abandonner pour s’enfuir. De leur côté, la plupart des leaders du FNDC ont quitté précipitamment les lieux juste après la prière sans dire un seul mot.

Selon nos informations, l’attaque du cortège funèbre par les forces de l’ordre et les échauffourées qui ont suivi ont fait un mort et plusieurs blessés dont certains par balles.

Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

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