Maréga se fâche: « Sidya est un ethno-stratège… Il ne doit pas réveiller Bâ Mamadou pour régler des problèmes personnels »

dr-fode-maregaLe bras de fer engagé entre l’UFDG et l’UFR va crescendo et continue d’alimenter la chronique politique. On se rappelle que le samedi dernier, Sidya Touré, président de l’UFR, a expliqué à ses militants que « c’est la communauté qui a décidé de donner l’UFDG à Cellou Dalein ». Des propos qu’il attribue à feu Bâ Mamadou, ancien président de l’UFDG. Une sortie médiatique qui passe mal chez le député uninominal de Dinguiraye, Dr Fodé Ammar Bocar Maréga, par ailleurs neveux du fondateur de l’UNR et ancien président de l’UFDG. L’honorable Maréga a tenu à mettre les points sur les i, à travers un entretien qu’il a accordé à deux reporters de Guineematin.com, ce lundi 24 septembre 2016.
Guineematin.com : bonjour honorable Bocar Maréga. Samedi dernier, le président Sidya Touré a expliqué à ses militants que Bâ Mamadou lui a dit que c’est la communauté qui a décidé de donner l’UFDG à Cellou Dalein. Comment réagissez-vous ?

Dr. Fodé Ammar Bocar Maréga : cela m’a surpris parce que j’estime que Bâ Mamadou n’a jamais été caractérisé par quelqu’un qui a passé son temps au favoritisme et à l’ethnocentrisme, ce n’était pas son débat. Vous savez que lorsqu’il s’est agi de créer son parti, l’UNR, Bâ Mamadou avait des compagnons comme Charles Diané, Paul Faber et une brochette d’intellectuels qui venaient de tous les horizons et qui avaient décidé ensemble de créer cette formation politique. Il a toujours combattu cette ethno stratégie, il s’est battu pour que ce soit des guinéens compétents qui soient au devant de la scène. Maintenant, il a fait un constat, à un moment donné, étant fatigué, certaines personnes ont voulu une succession et qui fallait-il soutenir ? Il a regardé et il a vu qu’il y avait un homme intègre, un homme compétent, qui a de l’expérience et qui a montré ses capacités à un moment donné dans la réalisation de certains projets. Il s’est dit que cette personne qui pouvait être capable de diriger le parti, c’est dans ce sens qu’il a laissé le siège de l’UFDG à Elhadj Cellou Dalein. Donc, je pense que Sidya Touré, dans ses difficultés avec Cellou Dalein, s’est laissé emporter. Je voudrais réellement qu’il se reprenne et qu’il sache que Bâ Mamadou est mort et qu’il n’a pas besoin de rappeler Bâ Mamadou dans ses combats avec Cellou Dalein. Surtout que lui (Sidya Touré, ndlr), il avait dit, au moment du symposium, que Bâ Mamadou était compétent, qui a vécu hors de l’ethno stratégie. N’oubliez pas que Bâ Mamadou est de la vieille garde, son père était instituteur, il a vécu avec toutes les ethnies ; mais, il n’a jamais été quelqu’un qui s’est entouré de Peulh ou gens de son ethnie. Même les gens de sa famille, si tu n’es pas capable vous n’étiez pas avec Bâ Mamadou.

Guineematin.com : à votre que vise Sidya Touré en tenant de tels propos ?

dr-fode-marega-ufdgDr Fodé Ammar Bocar Maréga : il a toujours eu cette ethno stratégie. Vous savez que lorsqu’il s’est agi à l’époque d’avoir un Premier ministre, même Alpha Condé était d’accord que Bâ Mamadou soit à la Primature. Ça, c’est en 2005. Mais, Sidya avait déjà dit à l’époque qu’il ne fallait pas ce soit Bâ Mamadou parce qu’on risquait de donner le pouvoir aux Peulhs. Ce sont des propos, je pense….Si c’est un débat argumenté qu’il a et qu’il veut avoir avec Cellou Dalein, qu’il y ait ce débat argumenté. Mais, qu’il laisse Bâ Mamadou tranquille, qui est dans sa tombe et il ne faut pas le réveiller pour régler des problèmes personnels.

Guineematin.com : on remarque aujourd’hui qu’entre l’UFR et l’UFDG, ce n’est pas le parfait amour, comment expliquez-vous cet état de fait ? Est-ce que ce sont les accords signés récemment par la classe politique qui sont à la base du désamour entre les deux partis ?

Dr Fodé Ammar Bocar Maréga : moi, je pars du principe que nous sommes dans des postures. Sidya Touré veut être président de la République, Cellou Dalein veut être président de la République. Et, vous savez qu’il y a un seul poste. Donc, le débat, c’est qui va être président de la République. Chacun a sa stratégie. Sidya a une stratégie et je pense que c’est celle-là qu’il développe pour penser être au niveau de la présidence de la République.

Guineematin.com : est-ce que pour vous, c’est une bonne stratégie que Sidya Touré développe ?

Dr Fodé Ammar Bocar Maréga : pour moi, ce n’est pas une bonne stratégie. Je pense que chacun doit avoir sa stratégie ; mais, sachez simplement qu’on ne peut jamais gouverner seul. On a besoin d’être ensemble. Puisque nous sommes dans une entité libérale, ça veut dire qu’on a quelques valeurs ensemble, ces valeurs-là, il faut les préserver. Je pense que la préservation de ces valeurs-là nécessite une union. Et, j’espère que cette union reviendra lorsque tout le monde aura les meilleurs sentiments. Voilà pourquoi, Sidya Touré que j’aime bien par ailleurs, son adversaire ce n’est pas l’UFDG, mais c’est le RPG, c’est Alpha Condé, car c’est lui qui est au pouvoir aujourd’hui et c’est ce poste qu’il cherche.

Guinematin.com : que pensez-vous de l’attitude de certains hommes politiques, comme Dr. Faya Millimono, qui ont participé au dialogue mais qui ne se reconnaissent pas dans les accords signés récemment ?

Dr Fodé Ammar Bocar Maréga : moi je dis qu’on n’est pas forcé d’être tous d’accord. Moi je n’ai jamais vu l’unanimisme dans quelque chose. Vous savez, même le prophète Mahomet, Paix et Salut sur lui, n’a fait l’unanimité, il y a en a qui n’était pas d’accord avec lui. Cet accord signé, nous à l’UFDG dans nos revendications, c’est l’élection des districts et des chefs de quartiers. Ça ce sont nos accords.

Guineematin.com : mais sauf que ces accords sont contraires aux dispositions du code électoral

Dr Fodé Ammar Bocar Maréga : vous savez, il y a un flou entre la Constitution et le code électoral. Donc, nous nous avons suivi le con tenu de la cheville ouvrière, le bréviaire. Le plus important, c’est la Constitution. Cette Constitution dit qu’il faut l’élection des chefs de quartiers et des districts. Donc, nous sommes d’accord pour l’élection des chefs de quartiers et de districts. On était dans un consensus, on n’était pas d’accord sur tout. N’oubliez pas que le chef de l‘Etat ne voulait entendre parler d’élections de chefs de quartiers et de districts. Il voulait les nommer. Donc, nous ne voulions de ces nominations vu qu’elles avaient des impacts néfastes, notamment les chefs de quartiers et de districts, pour l’élection présidentielle où on a retiré nos cartes, on a refusé de nous les donner. Et dans les recensements, nous avons eu énormément de problèmes. Nous nous sommes dits que dans ces conditions là, quelle est la voix la plus proche de l’élection des ces chefs de quartiers et districts, c’est bien pendant les communales. Nous avons pensé que c’était une manière consensuelle et non par une nomination personnelle du chef de l’Etat ou du maire. Mais que ce soit les populations qui décident. Donc, c’est un consensus. Il ne faut pas qu’on pense que c’est quelque chose d’acter par l’UFDG. Parce que si non c’était encore quoi, repartir dans la rue ? Vous pensez que c’est un plaisir pour nous d’être dans la rue ? Non, ce n’est pas un plaisir. On va dans la rue parce qu’on n’a pas d’autres possibilités. Mais on a décidé qu’ave cet accord, on avait la possibilité d’aller vers les élections.

Guineematin.com : quel est le mot de la fin honorable Marega ?

Dr Fodé Ammar Bocar Maréga : je voudrais vraiment rappeler à Sidya Touré que ce qui est important dans le débat actuel, c’est les arguments et contre-arguments avec Elhadj Cellou Dalein Diallo, avec les autres acteurs de la société civile et les acteurs politiques surtout. Pour ça, il ne faut pas réveiller les morts. Le doyen Bah Mamadou est mort avec ses qualités et peut être avec ses défauts. Mais, il n’a jamais été un artisan de l’ethnocentrisme dans ce pays. Il s’est toujours défendu contre ça. Je voudrais dire à tout le monde de rester serein, que ces accords ne sont signés qu’au bénéfice de tout le monde puis que nous voulons des élections législatives et présidentielles qui permettent l’alternance. C’est comme ça que nous pouvons changer la Guinée.

Propos recueillis par Alpha Mamadou Diallo et Ibrahima Sory Diallo

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