Mea Culpa d’un ancien militaire au RPG : « j’étais le chef des rebelles qui devaient enlever Lansana Conté »

L’assemblée générale hebdomadaire du parti au pouvoir, le RPG Arc-en-ciel, tenue ce samedi, 23 février 2019, a porté essentiellement sur la fusion du parti COMUNA Conseil Militaire pour l’Unité Nationale) à la mouvance présidentielle. La visite effectuée récemment en Guinée par des anciens chefs d’Etat, Abdoulaye Wade (Sénégal), François Hollande et Nicolas Sarkozy (France) a également été commentée. La séance a été présidée par Saloum Cissé, secrétaire général du parti, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

C’est une structure méconnue du grand public qui s’est fondue ce samedi dans le RPG Arc-en-ciel. Il s’agit du parti COMUNA (Conseil Militaire pour l’Unité Nationale), d’Aboubacar Sidiki Diaby, ancien officier de l’armée guinéenne. L’annonce en a été faite par Saloum Cissé.

« Aujourd’hui, on connait l’adhésion de plusieurs partis politiques qui sont venus se fondre dans le RPG, mais on ne se lasse, on doit toujours continuer à convaincre le maximum de guinéens pour que le RPG soit toujours plus grand. Ça c’est notre préoccupation majeure. Nous avons parmi nous un monsieur qui est d’une notoriété très élevée en Guinée qui vient de fondre son parti au RPG arc-en-ciel. Et ce monsieur, ce n’est pas un inconnu du RPG, c’est quelqu’un qui a participé à la mise à terre du RPG mais il y a moment où le délestage vient. Quand le délestage vient, il peut avoir des moments amortis. Mais la prise de conscience aidant, tu peux rattraper le temps et venir pour continuer le combat et c’est ce qui est fait. Il s’agit d’Aboubacar Sidiki Diaby », a déclaré honorable Saloum Cissé.

Prenant la parole pour se présenter aux militants, Aboubacar Sidiki Diaby a rappelé fièrement son passé sombre dans la déstabilisation du régie de Lansana Conté. « Je suis un ex-officier des forces armées. Quand le président Ahmed Sékou, paix à son âme, mourait, j’étais le plus jeune officier de l’armée guinéenne. J’étais déjà lieutenant. En 1985, lorsqu’il y a eu le coup d’Etat de Diarra Traoré, moi j’ai quitté Conakry sur les rails à pied, j’ai marché jusqu’à Kankan. De Kankan, je me suis rendu à Bamako en République du Mali. Le président Moussa Traoré, il est vivant encore, je lui souhaite longue vie, m’a accordé l’asile politique. C’est là-bas où j’ai lancé un appel à tous les militaires rescapés du pogrom de 1985, pour que nous mettions en place un mouvement militaire pour venir renverser le régime militaire de Lansana Conté. C’est moi qui étais le chef des rebelles qui devaient venir attaquer la Guinée pour enlever Lansana Conté à la tête de la Guinée. Ce mouvement, nous l’avons appelé Conseil Militaire pour l’Unité Nationale en abrégé COMUNA », a dit monsieur Diaby.

Parlant de ce mouvement, ex-officier a même expliqué qu’il a reçu le soutien de certains pays voisins pour tenter de déstabiliser le régime Conté. « Beaucoup de chefs d’Etat de la sous-région nous ont apporté leur soutien, parce que tous les amis du défunt président Ahmed Sékou Touré, paix à son âme, n’étaient pas contents que l’armée ait pris le pouvoir en Guinée. Donc, ils nous ont soutenus pour venir renverser le Général Lansana Conté ».

Par ailleurs, Aboubacar Sidiki Diaby est revenu sur la naissance des rapports entre ce mouvement et le président Alpha Condé. « De la France, le professeur Alpha Condé a entendu parler d’autres groupes. Il a envoyé un émissaire pour nous rencontrer à Bamako. Cet émissaire, il est là, il est vivant. Il s’appelle Lansana Bérété. C’est Lansana Bérété qui est parti nous prendre à Bamako, il nous a amenés à Abidjan. On a rencontré Alpha Condé le 26 septembre 1987, il était à la tête du MUD, moi j’étais à la tête du COMUNA. Il a demandé ce que nous voulons, je lui ai dit ce que nous voulons. Il a dit qu’il est contre un pouvoir militaire, lui aussi il est contre Lansana Conté, mais il veut renverser Lansana Conté par les urnes, par la voie démocratique. Difficilement il nous a convaincu, parce que nous, on était des militaires. On voulait un pouvoir militaire. Mais, c’est le professeur Alpha qui nous a mis dans son école, il a enlevé le pouvoir dans notre tête », a-t-il révélé.

Pour ce qui de la visite des anciens chefs d’Etat en Guinée, c’est Kaba Condé, directeur général de la radio nationale, qui a dit quelques mots là-dessus. « Les deux dernières semaines, vous avez vu le président Alpha Condé recevoir trois anciens chef d’Etat en Guinée. Les présidents français, François Hollande et Nicolas Sarkozy, et l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade. Pour ce qui est du passage de monsieur François Hollande, il vous souviendra que pendant Ebola, François Hollande est le président au monde qui a aidé la Guinée plus que tous les autres. La deuxième visite, c’est l’arrivée du président Wade en Guinée. On le dit chez nous, quand la case de ton voisin brûle, il faut apporter l’eau pour éteindre le feu si non le feu peut arriver chez toi. Tout le monde sait que l’ancien président Abdoulaye Wade menaçait de saboter les élections de demain au Sénégal. Quand le président Alpha Condé a compris qu’il y a danger au Sénégal, il a appelé son grand frère, Abdoulaye Wade, qui est venu. Ils se sont entretenus et à partir du bureau du président Alpha Condé, le président Macky Sall et le vieux Abdoulaye Wade ont parlé à Conakry et la paix est revenue. Bravo à la médiation du président Alpha Condé », s’est félicité Kaba Condé.

Siba Guilavogui pour Guineematin.com

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