Meurtre de Boukariou : le maire de Hafia charge des forces de l’ordre : « c’est eux qui l’ont tué »

Elhadj Mouhamadou Tambata Diallo, maire de la commune rurale de Hafia
Elhadj Mouhamadou Tambata Diallo, maire de la commune rurale de Hafia

La mort par bastonnade de de l’étudiant Amadou Boukariou Baldé, à l’université de Hafia a créé l’émoi au sein de l’opinion guinéenne, particulièrement à Labé. Pour le maire de la commune rurale de Hafia, il n’y a l’ombre d’aucun doute : ce sont les forces de l’ordre qui ont tué ce jeune étudiant, rapporte l’envoyé spécial de Guineematin.com à Labé.

Elhadj Mouhamadou Tambata Diallo, maire de la commune rurale de Hafia, a commencé par présenter ses condoléances à la famille biologique de cet étudiant et au peuple de Guinée.

Selon le maire, c’est depuis Conakry où il séjournait qu’il a appris ces malheureux évènements qui ont endeuillé sa circonscription. Mais, rappelle-t-il, des informations qu’il a pu collecter depuis son retour il y a près d’une semaine, les revendications portées par les étudiants ne devraient pas aboutir à mort d’un homme. « C’est vrai qu’il y a eu de nombreux dégâts ; mais, cela ne devait pas aboutir à la mort de notre compatriote. La vie humaine est très chère pour être ôtée de cette façon. Selon ce qui nous a été rapporté, les responsables de l’université ont pêché par endroit. Nous savons tous que quand quelqu’un est accidenté et qu’il est gravement blessé, qu’il y a même une victime qui a la jambe amputée, ceux-ci ne peuvent pas passer l’examen. On ne devait pas les convoquer dans l’état qu’ils sont pour une évaluation », déplore-t-il.

Pour Elhadj Mouhamadou Tambata Diallo, l’attitude des agents de la sécurité dans le rétablissement de l’ordre a été chaotique. « Quand quelqu’un a des problèmes, il doit compter sur la sécurité pour le protéger. Tout le monde sait quand les élèves sont en colères, ce n’est pas facile de les maitriser. Les forces de l’ordre devaient donc agir avec tact et non pour tuer quelqu’un. Si ces forces de l’ordre qui ont été amenées pour rétablir l’ordre ne pouvaient pas, ils pouvaient trouver d’autres moyens que de tuer. Mais, ils ont pêché en tuant ce jeune. Ça, ça ne nous a pas plus du tout plu. Les gens sont unanimes que ce sont les forces de l’ordre qui l’ont tué. Ils l’ont mortellement frappé. On nous parlé d’enquête. C’est du faux parce qu’ils connaissent ceux qui sont venus à l’université, ils connaissent le nombre de pick-up et l’effectif des agents qui sont venus, s’ils veulent aujourd’hui arrêter ceux qui ont tué cet étudiant, ils l’auraient fait il y a longtemps », a-t-il renchéri.

Enfin, le maire de Hafia invite les responsables de l’université de Hafia à beaucoup plus de responsabilité dans la prise de décisions. « Les encadreurs de l’université de Hafia doivent savoir raison garder. Nous sommes aujourd’hui dans un monde où personne ne peut obéir aveuglement à des ordres illégaux. Toutes les choses sont aujourd’hui à portée de main, les gens sont à présent éveillés. Les gens connaissent leurs droits et leurs devoirs aujourd’hui. Donc, on ne peut plus imposer des mesures impopulaires à quelqu’un. Les encadreurs de l’université doivent œuvrer à unir les gens. Aux étudiants, ils doivent éviter de réagir de telles façons. On ne doit pas sous l’effet de la colère gâter les biens publics », a-t-il dit.

A noter qu’une réunion qui a regroupé encadreurs, le gouverneur de la région administrative de Labé et la mission du ministère de l’enseignement supérieur venue de Conakry a été tenue hier, samedi 08 mai 2019, au siège du Gouvernorat de Labé. L’objectif était de trouver une solution rapide à cette crise pour la reprise des cours à l’université à partir de demain, lundi.

De Labé, Ibrahima Sory Diallo, envoyé spécial de Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

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